« La guerre c’est la paix.
La liberté c’est l’esclavage
L’ignorance c’est la force. »
Georges Orwell 1984
En pleine effervescence législative autour des « Fake news », ces trois contre-vérités absurdes qui constituent le slogan d’Océania nous frappent avec force et nous ramènent à une réalité toute Orwelienne.
En effet, comment ne pas penser à ce phénomène des « Fake news » en relisant certains passages de ce classique de la littérature qu’est « 1984 » ?
« Dire des mensonges délibérés tout en y croyant sincèrement,
oublier tous les faits devenus gênants puis lorsque c’est nécessaire les tirer de l’oubli pour le laps de temps utile »
Georges Orwell 1984
En janvier dernier, Emmanuel Macron a annoncé qu’il souhaitait endiguer les « fausses » informations qui se propagent via les réseaux sociaux à la faveur d’algorithmes bien-pensants et à la recherche du sacro-saint « buzz ».
Est ainsi en préparation, un projet de loi qui vise à lutter contre la désinformation et à introduire un contrôle du contenu diffusé dans les médias en période de campagne électorale. [1]
Les « Fake news » ont assurément fait parler d’elles durant les dernières élections présidentielles américaine et française et tandis qu’Emmanuel Macron dénonce des techniques de déstabilisation de la part des gouvernements étrangers, l’administration Trump consacre l’expression de « faits alternatifs » pour décrire les tweets subversifs du président américain.
Dès lors, les « Fake news » seraient-elles une propagande des temps modernes ?
La désinformation et la diffusion de fausses informations sont des techniques qui ont fait leurs preuves dans les États totalitaires, si bien que poussées à leur paroxysme les « Fake news » ne sont pas seulement utilisées pour déstabiliser la population, mais sont décrétées en tant que seule et unique vérité acceptable partout et par tous.
« Le crime de penser n’entraîne pas la mort, le crime de penser est la mort ».
Georges Orwell 1984
Non seulement ces « Fake news » peuvent être employées à des fins politiques, mais tout un chacun est incité à contribuer à leur prolifération via un accès permanent à internet et le développement massif des réseaux sociaux sur lesquels nous publions, commentons, partageons toujours plus de contenu, mieux encore s’il est racoleur. Exit la vérification des sources et le journalisme d’investigation.
« Ce que le Parti tient pour vrai est la vérité »
Georges Orwell 1984
Légiférer sur les « Fake news » laisse supposer un triste constat : nous ne serions plus capables de faire la part des choses et de trier le vrai du faux. Dans ce cadre, instaurer une autorité de contrôle ne semble, a priori, pas une mauvaise idée. Cependant et paradoxalement, ce projet quelque peu chimérique ne risque-t-il pas, à terme, de consacrer un « Big Brother » des temps modernes, un véritable « Ministère de la Vérité » qui aurait le pouvoir de décider du vrai ou du faux ?
Il s’agit, plus largement, d’une préoccupation européenne et à l’heure où nous écrivons ces lignes, une consultation publique[2] a été ouverte sur le site de la Commission Européenne, cette dernière ayant été annoncée… sur Twitter.
La route de l’enfer est pavée de bonnes intentions…
Samsha Tavernier
1.
Selon une communication de la ministre de la Culture, le projet prévoit que le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel (CSA) aura la possibilité de « suspendre un média sous influence » jusqu’à cinq semaines avant un scrutin et de demander à des plateformes, et notamment à des réseaux sociaux, diffusant des articles en ligne de rendre public le nom des sponsors et les sommes déboursées à ce titre.
Le juge des référés pourra également être saisi de la question. Ce dernier devra alors déterminer si l’information est fausse, caractériser la mauvaise foi de la personne à l’origine de sa diffusion et caractériser un trouble à la paix publique.
2.
https://ec.europa.eu/info/consultations/public-consultation-fake-news-and-online-disinformation_fr