On trouve dans les archives nationales la trace d’un recours administratif concernant la galette des rois. En janvier 1794, le comité révolutionnaire de la maison commune avait pris un arrêté visant à interdire la confection et la vente des galettes des rois. Le motif avancé était le suivant :
« Considérant que les pâtissiers qui font des gâteaux à la fève, ne peuvent avoir de bonnes intentions ; que même plusieurs particuliers en ont commandé sans doute dans l’intention de conserver l’usage superstitieux de la fête des ci-devant rois, le comité a arrêté que le conseil-général sera invité d’envoyer à l’instant une circulaire à tous les comités révolutionnaires, pour les engager à employer toute leur surveillance pendant cette nuit et les suivantes, pour découvrir et surprendre les pâtissiers et les orgies dans lesquelles on fête et on fêtera l’ombre du dernier tyran. »
Le 6 janvier, l’agent national décide de lever la consigne tout en condamnant la galette sur un tout autre motif. Il juge en effet que l’usage de la farine relève de « l’administration des subsistances pour tout ce qui a trait à l’abus que l’on fait de la fleur de farine, qui ne doit pas être extraite du pain pour alimenter la gourmandise », ce qui pouvait se comprendre à cette époque de pénurie alimentaire.
Faisons taire les grincheux et réjouissons-nous de vivre en un lieu et un temps qui nous permette de nous adonner aux plaisirs de la gourmandise en dégustant en ce jour d’Epiphanie notre traditionnelle galette des rois
GAZETTE DES TRIBUNAUX
T. 9 (Novembre 1793 – avril 1794)
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k49168v/f248.image