Il y a d’abord ce ponton sur la rive du bayou de Louisiane, avec sa boutique à appâts et à barques de location. Décor de cyprès, de saules pleureurs et de plaqueminiers. Ciel bas et lourd de menaces orageuses. Dans le fond, les torchères des plates-formes pétrolières. Plus loin, le Mississipi. C’est là qu’est la demeure – et aussi le gagne-pain d’appoint – de Dave Robicheaux, policier le plus souvent, quand il n’est pas en proie au démon de l’alcoolisme qui le fait mettre sur la touche, à moins que son intransigeance professionnelle et quelques excès ou meurtrissures qui l’accompagnent lui vaillent un congé forcé.
Cette fois, le héros tente de réhabiliter un condamné, bouc émissaire dans une affaire de meurtre raciste, sur fond de campagne agitée pour l’élection du prochain sénateur.
Au fil des romans de James Lee Burke qui mettent en scène Dave Robicheaux, on aime retrouver cet homme si simplement humain avec son énergie et ses contradictions, ses amitiés et ses amours, ses ennemis d’une pègre qui s’épanouit tout près de la frontière ou d’un monde de politiciens pas très propres.
Il n’est pas indispensable du tout de les lire dans l’ordre et le moins plaisant n’est pas de découvrir comment l’auteur replace de livre en livre, en leur accordant une importance évidemment très variable, les événements et les personnages récurrents qui composent une monumentale saga qui ne cesse de s’enrichir de nouveaux titres.
Avec son univers qui allie les conventions du genre à des touches plus personnelles, notamment dans l’évocation lyrique et sensuelle d’une nature très particulière, Burke est à ajouter, à un degré pas forcément moindre, aux grandes voix du Sud que sont celles d’un Faulkner, d’un Twain ou d’un Caldwell par exemple.
Ce livre est paru aux Éditions Payot et Rivages. 437 pages. Nombreux autres titres.