A l’instar des autres parties de la sous–région et sous l’impulsion des Chefs d’Etats lors de la conférence d’Abuja (Nigeria) en juillet 1991, les pays d’Afrique centrale (Cameroun, République centrafricaine, Congo, Gabon, Guinée Equatoriale et Tchad), ont fondé une organisation économique et monétaire dénommée : Communauté économique et monétaire d’Afrique centrale (CEMAC). Auparavant, en 1964, ils avaient mis en place l’Union douanière et économique de l’Afrique Centrale (UDEAC) pour aboutir en 1972 par le truchement de deux conventions de coopération monétaire, l’une entre eux et la seconde avec la France, à une monnaie commune (le franc de la coopération financière en Afrique (FCFA). Ce qui constitue le deuxième franc CFA en Afrique, le premier concernant l’Afrique Occidentale (Cf. Dynamique du marché financier de l’UEMO, ).
La CEMAC, bien que créée juridiquement depuis le 16 mars 1994 dans la capitale tchadienne, n’a démarré ses activités que cinq ans plus tard (1999) à Bangui en Centrafrique.
Les missions de la CEMAC sont centrées autour d’une recherche d’intégration politico-économique en passant par une monnaie commune, avec le concours de la Banque des Etats de l’Afrique Centrale (BEAC). Cette banque centrale a essentiellement une mission d’émission monétaire, notamment par la conduite des opérations de change et de promotion du bon fonctionnement du système des paiements dans l’union.
La CEMAC est composée de quatre institutions : l’Union économique de l’Afrique centrale, l’Union monétaire de l’Afrique centrale, le parlement communautaire et la Cour de Justice Communautaire, complétées par plusieurs organes dont le plus important est la Conférence des Chefs d’Etats.
Quant à son marché financier, la bourse des valeurs mobilières de l’Afrique centrale (BVMAC), il est supervisé par la commission de surveillance du marché financier de l’Afrique centrale (COSUMAF) , mais celle-ci est confrontée à un difficile problème d’intégration dû notamment au« bicéphalisme » de sa bourse : Douala (Cameroun) et Libreville (Gabon).
Au niveau international la CEMAC, étant membre des pays ACP, conclut des accords de partenariat économique avec la communauté européenne visant à réduire la pauvreté et pérenniser le développement durable , alors que certains pays de la CEMAC sont producteurs pétroliers. Secteur dont la fiscalité pourrait être déterminante pour les investisseurs et favoriser les échanges commerciaux entre pays membres. Mais pour ce faire, il importe d’harmoniser la fiscalité pétrolière dans la zone CEMAC ce qui enclencherait une relance de l’activité de ce secteur.
La CEMAC oeuvre aussi à la mise en place d’instruments communautaires d’intégration très bénéfiques pour les affaires. On peut citer le projet de la compagnie aérienne, AIR CEMAC, et d’un passeport CEMAC devant être mis en circulation d’ici 2010.
Ces initiatives ont pour objectif de dynamiser la croissance économique qui est estimée à 2,8% contre 3,9 précédemment attendue au cours de l’année 2009 . La baisse drastique de la demande mondiale, la chute des cours du pétrole et autres matières premières seraient à l’origine de cette moindre performance. Pour pallier cette crise la BEAC a initié une baisse de ses taux directeurs, saluée par les analystes économiques comme une panacée conduisant les banques de la zone «trop liquides » à consentir des prêts aux opérateurs économiques. On pourrait être tenté d’ajouter qu’en outre, il reste indispensable pour une sûre reprise de l’activité économique dans la zone, de réfléchir à davantage de démocratie, de paix et de stabilité politique pour attirer les investisseurs.
Pour terminer sur une note plus positive, nous souhaitons faire partager à nos lecteurs l’annonce de la création de deux bourses panafricaines.
Projet de création d’une bourse des valeurs mobilières africaine
Ce projet est à saluer car il constituera une belle avancée pour les marchés financiers régionaux qui existent déjà sur le continent, avec leurs forces et faiblesses, pour face aux attentes et réalités d’un véritable marché financier international et à la concurrence que suscite la mondialisation.
Lancement d’une bourse africaine du crédit-carbone forestier
Le 9 septembre 2009 à Lomé (Togo), sur l’initiative de l’Anglo African Energy Group (AAEG), le tout premier marché africain du crédit carbone a été mis sur les fonds baptismaux. Précisons qu’un crédit carbone est une unité équivalente à une tonne de gaz à effets de serre. Ainsi ces crédits s’échangent à la bourse sur la base de quotas d’émission accordés par des gouvernements.
Des experts de différents pays d’Afrique, mais aussi venus d’Europe, d’Asie et des USA ont cherché les voies et moyens pour que l’économie verte s’installe sur le continent et devienne un vrai « business ».
Sur le choix du Togo, le directeur de l’AAEG, Phillippe Solomon, fait remarquer que Lomé est une place financière où beaucoup d’institutions sous-régionales se retrouvent et du reste qu’elle pourrait être la place financière du crédit carbone forestier africain. Cette bourse qui se veut être une solution à la pollution environnementale, attire déjà certains groupes internationaux d’autant qu’elle constitue un mécanisme favorisé par les pays signataires du protocole de Kyoto dans le cadre du réchauffement climatique.