« SUMMERTIME »

Enfin les vacances !

« Summertime, and the livin’ is easy, Fish are jumpin’ and the cotton is high Oh, your daddy’s rich and your ma is good-lookin’ So hush little baby, Don’t you cry One of these mornings you’re gonna rise up singing And you’ll spread your wings and you’ll take to the sky But ’til that morning, there ain’t nothin’ can harm you With Daddy and Mammy standin’ by One of these mornings you’re gonna rise up singing And you’ll spread your wings and you’ll take to the sky But ’til that morning, there ain’t nothin can harm you With Daddy and Mammy standin’ by » (Gershwin, Porgy and Bess, 1935).

Biaphine pour les juilletistes, ambre solaire pour les aoûtiens.

En Afrique du sud l’armada ibère a eu chaud mais a fini par couler les « Oranje » de l’amiral Ruyter dans la mère de toutes les finales, devant 1 milliard de téléspectateurs. L’auberge espagnole (et barcelonaise) s’est transformée en auberge rouge pour la Nationalmannshaft et le « 11 » batave. Vae victis. Si la « Roja » n’a pas volé son sacre, la reine Paola a récupéré une belle parure en diamants et pierres précieuses, offerte par le généreux Président Kabila (main à la poche).

Dégel international

Les États-Unis et la Russie échangent des espions sur le tarmac de l’aéroport de Vienne et on s’achemine vers un désarmement au proche orient; 4 pistolets Glock 9 mm appartenant aux agents de sécurité du 1er ministre israélien Netanyahou en visite aux États-Unis, ont été égarés à l’aéroport de New York.

Après un Mondial désastreux, la France a brillamment relevé la tête. Christophe Lemaitre n’est que le 72ème athlète à descendre sous la barre des 10 s au 100 m (depuis l’Américain Jim Hines au JO de Mexico en 1968) mais c’est le premier athlète blanc et il est français ! Mieux encore, la triplette Robineau-Dubois-Rocher a remporté la finale de la 49ème édition du Mondial « La Marseillaise » de pétanque.

Les clignotants économiques semblent timidement repasser au vert (pale). Si BP, engluée dans la catastrophe écologico-médiatico-financière, broie du noir et cherche un chevalier blanc pour se protéger contre une possible OPA hostile, l’immobilier repart à la hausse et le FMI a porté à 4,6 % ses prévisions de croissance en 2010. En France la rigueur est de rigueur. Budget en baisse pour tout le monde sauf l’éducation et la justice. Il faut remonter le niveau du BAC (moins de diplômés en 2010 qu’en 2009) et retrouver (de préférence avant 2012) une république irréprochable.

Adieu

Il venait d’avoir 75 ans, il était beau comme un enfant, fort comme… Laurent Terzieff. « Athlète de la plainte » , il triompha au cinéma dans « Les tricheurs » (1958), après des débuts au théâtre en 1953 dans une pièce d’Adamov « Tout contre tous ».

POT POURRI(R)

64%

Sondage inquiétant de Viavoice: 64% des Français estiment que «les dirigeants politiques sont plutôt corrompus» et ils ne sont que 29% à les trouver «plutôt honnêtes». 75% jugent « insuffisantes» les mesures de réduction du train de vie de l’État et des ministères qui viennent d’être annoncées. Depuis les années 1970, la Sofres pose une question : "Diriez-vous qu’en règle générale, les élus, les dirigeants politiques sont plutôt honnêtes ou plutôt corrompus ?" En 1977, 38% des Français estimaient que les élus et les dirigeants étaient corrompus, 46% en 1990, 65% en 1991 (dans le contexte des affaires qui entachaient le Parti socialiste) et 58% en 2002.

Au Mondial des incorruptibles, la France se classe 24ème, entre le Chili et Sainte Lucie. Les 3 élèves les plus vertueux sont la Nouvelle Zélande (médaille d’or), le Danemark et Singapour. 180eme, la Somalie ferme le ban, talonnée par l’Afghanistan. (« Transparency international », Corruption perception index 2009).

Pourquoi ce désamour grandissant entre les français et leur(s) politique(s)? Au débotté, à la Prévert, à droite, à gauche et sans être exhaustif: Le manque de courage et le déni de réalité des élites (à quelques exceptions près) qui se voilent la face depuis plus de 30 ans sur les blocages structurels et qui sont incapables de mener à bien les indispensables réformes de fond; Une tradition politique césaro-papiste reposant sur l’opacité, le fait du Prince et l’omerta générale (y compris chez les intellectuels) concernant ce caporalisme génétique; Les liaisons dangereuses entre l’imperium des affaires, les médias et le pouvoir ; La faculté oudinesque d’auto-absolution des politiques qui se sont fait prendre les doigts dans le pot de confiture; La reproduction incestueuse des élites, favorisée par un système éducatif sclérosé et incapable de se réformer etc. «Les mœurs sont un collier de perles ; ôtez le nœud, tout défile» (Restif de la Bretonne).

Communication de crise et inversement

La victime de la campagne de calomnie, l’homme traqué à abattre se doit d’être fidèle, loyal, et droit dans ses bottes. Bottes de chasse (pour éviter d’être pris pour cible) ? Bottes d’éboueur (pour échapper aux éclaboussures) ? Ou bottes de 7 lieux (pour fuir les calomnies) ? Être montagnard est un plus. Rien de mieux que l’effort solitaire (loin des copains) et l’air pur de la montagne pour prendre de la hauteur et échapper aux… liasses dans la vallée. Dans les contre-feux, ne pas abuser de l’épithète « fasciste » ou « méthode fasciste », ce parachute ventral de la polémique que l’on actionne quand tout le reste a échoué. C’est indécent pour les grands anciens qui ont souffert pendant les années 30 et 40. Quant à l’argument selon lequel il ne faut pas trop remuer la m… sous peine de mettre en péril la République voire la démocratie, il est d’autant plus spécieux qu’il nourrit la théorie du complot. On n’arrête pas la fièvre en cassant le thermomètre. « Amitié de cour, Foi de renards et Société de loups » (Chamfort). Circonstances atténuantes pour EW ? Un aphorisme apaisant et plein de finesse de Sacha Guitry : « Ce qui probablement fausse toute la vie c’est qu’on est convaincu qu’on dit la vérité parce qu’on dit ce qu’on pense ».

Un parfum de IIIème République mystérieuse et exotique ! L’affaire Panama, les légions d’honneurs du Président Grévy (son gendre Wilson trafiquait de son influence pour négocier des participations d’affairistes dans ses entreprises en échange de l’obtention de décorations, 25 000 francs de l’époque pour une légion d’honneur), l’affaire Stavisky etc. Au cinéma, Gabin, Autan Lara, Verneuil, Giovanni, Lautner, Audiard, Belmondo, Delon ; les grognards et cabotins de la vieille cavalerie française.

Mais attention aux confusions et amalgames. Nous n’avons pas atteint la cote d’alerte et le corps à corps des années 30. Les attaques étaient « ad nominem », l’insulte et l’anti républicanisme étaient de mise. Et puis nos incultes politiques, conseillés et journalistes, n’ont plus l’ombre du talent des grands pamphlétaires d’antan. Quelle relève pour Bernanos, Mauriac, Blondin, ou plus récemment Hallier ? Tout fou le camp ! « Entre deux eaux et deux couches de vase, les nageoires repliées, les yeux mi clos, le Nantais guette une proie invisible » (Léon Daudet à propos d’Aristide Briand). «C’est un Socrate extrêmement timide, à qui la seule vue de la cigüe donnerait la colique » (le même sur Anatole France). No comment… Et comment s’en sortir ? Mirabeau avait une idée : « Sire, si l’on voit où les bonnes têtes ont mené la France, il ne serait pas inutile d’essayer les mauvaises ».

Florilèges

« On est gouverné par des lascars qui fixent le prix de la betterave et qui ne sauraient pas faire pousser des radis » (« Le président », Gabin, Verneuil 1961)

« Tu es honnête comme l’étaient nos pères, ou plutôt nos grands pères » ( « Mort d’un pourri », Lautner, 1977)

« Son sens social s’arrête aux relations personnelles » (« Mon ami le traître », Giovanni, 1988)
« …Une paella sans coquillage c’est un gigot sans ail, un escroc sans rosette »(« Un singe en hiver », Belmondo, Verneuil, 1962)

« Les hommes naissent libres et égaux en droit, après ils se démerdent » (Jean Yanne, « Pensées répliques et anecdotes »)

« Le monde n’est point divisé, comme le croit le nigaud en riche et en pauvres, en hommes vertueux et en scélérats, mais tout simplement en dupes et en fripons » (Stendhal)

Clarifications sémantiques et juridiques

Le « populisme » a mauvaise presse. On ne sait pas trop de quoi il s’agit mais c’est le nouveau repoussoir passepartout utilisé par les politiques méprisants englués dans les affaires ou à court de programme. Un classique savoureux pour essayer de faire la part des choses : «Il y a trois méthodes traditionnellement française pour ruiner une affaire qui marche : les femmes, le jeu, les technocrates. Les femmes c’est le plus marrant, le jeu c’est le plus rapide, le technocrate c’est le plus sûr ! » (Audiard). Affreux populisme ou sagesse populaire pleine de bon sens? Le peuple a des représentants, pourquoi diable faudrait-il qu’il ait des opinions et surtout qu’il les exprime !

Chez les anglo-saxons les règles du jeu sont différentes. On ne tient pas longtemps dans la négation de l’évidence et la dialectique du « pchittttt ». La reconnaissance des torts et la recherche de l’absolution dans une transparence (relative) sont de mise. Après, il y a les conférences de presse et les explications de texte, souvent en direct. La langue anglaise n’a pas son pareil pour les euphémismes et les « understatements ». « Mensonge» = « Economical with the truth », «counterfactual proposition», «inoperative statement», «terminological inexactitude». « Malhonnête» = « morally different », « ethically disorientated »…

« La règle du jeu » à la française, c’est Renoir (1939): «Monsieur le Comte a cherché à m’élever en faisant de moi un domestique. Je ne l’oublierai jamais » (le garde chasse Shumacher, qui vient de se faire mettre à la porte). Chacun ses traditions. Voyez Tocqueville.

La règle du jeu juridique c’est l’article 29 de la loi du 29 juillet 1881: « Toute allégation ou imputation d’un fait qui porte atteinte à l’honneur ou à la considération de la personne ou du corps auquel le fait est imputé est une diffamation » (alinéa 1). « Toute expression outrageante, termes de mépris ou invective qui ne renferme l’imputation d’aucun fait est une injure » (alinéa 2).

Une idée pour reprendre la main (dans le sac), apaiser le vent mauvais qui se lève, et redonner confiance au bon peuple non populiste : organiser un apéro géant républicain, champagne-caviar place de la Concorde devant le Crillon sponsorisé par l’Oréal ?!

ACTUALITE JURIDIQUE ET JUDICIAIRE

Droit pénal : affaire Colonna ça se corse

Le 30 juin la cour de cassation a annulé pour une quinzaine de vices de procédure la condamnation à perpétuité d’Yvan Colonna pour l’assassinat en 1998 du préfet Claude Erignac. Un troisième procès d’assises va être organisé. La garde des sceaux n’a pu s’empêcher de commenter la décision : « (elle) ne porte en rien sur la question de fond de la culpabilité d’Yvan Colonna ». « Mes premières pensées vont à la famille Erignac qui a attendu pendant de nombreuses années que la justice soit rendue. Aujourd’hui, c’est une nouvelle épreuve qu’elle traverse ». Une fâcheuse et maladroite confusion des places (Vendôme et Beauvau) qui apporte de l’eau au moulin de la défense. Pour une fois que «Corse Matin » rendait hommage à l’indépendance de la justice française.

Suggestion pour améliorer et accélérer la justice pénale: recruter des poulpes

Les poulpes oracles (à l’instar du poulpe « Paul » qui a pronostiqué les résultats du Mondial) pourraient se prononcer rapidement, en toute indépendance et sans faillir sur la culpabilité ou l’innocence d’Y Colonna, les explications d’E Woerth, Claire T et E Pleynel. Pour l’affaire Woerth-Bettencourt, prévoir un aquarium géant et au moins 4 poulpes. Si l’erreur (judiciaire) est humaine, le céphalopode, outre sa quasi infaillibilité, a les bras longs. Il peut projeter un nuage d’encre sécrétée dans sa « poche au noir » et faire repousser un bras sectionné. Grâce à l’homochromie l’animal peut changer la couleur de sa peau en fonction de son humeur et de son environnement. Il peut prendre l’apparence d’une silhouette comme celle du poisson lion ou de l’anguille. Rien a envier à un juge exposé aux affaires sensibles.

DE L’ IODE ET UN PEU DE DIGNITE

« Non Merci » !

LE BRET: « Si tu laissais un peu ton âme mousquetaire. La fortune et la gloire… »

CYRANO: « Et que faudrait-il faire ? Chercher un protecteur puissant, prendre un patron, Et comme un lierre obscur qui circonvient un tronc Et s’en fait un tuteur en lui léchant l’écorce, Grimper par ruse au lieu de s’élever par force ? Non, merci. Dédier, comme tous ils le font, Des vers aux financiers ? se changer en bouffon Dans l’espoir vil de voir, aux lèvres d’un ministre, Naître un sourire, enfin, qui ne soit pas sinistre ? Non, merci. Déjeuner, chaque jour, d’un crapaud ? Avoir un ventre usé par la marche ? une peau Qui plus vite, à l’endroit des genoux, devient sale ? Exécuter des tours de souplesse dorsale ?… Non, merci. D’une main flatter la chèvre au cou Cependant que, de l’autre, on arrose le chou, Et donneur de séné par désir de rhubarbe, Avoir un encensoir, toujours, dans quelque barbe ? Non, merci ! Se pousser de giron en giron, Devenir un petit grand homme dans un rond, Et naviguer, avec des madrigaux pour rames, Et dans ses voiles des soupirs de vieilles dames ? Non, merci ! Chez le bon éditeur de Sercy Faire éditer ses vers en payant ? Non, merci ! S’aller faire nommer pape par les conciles Que dans les cabarets tiennent des imbéciles ? Non, merci ! Travailler à se construire un nom Sur un sonnet, au lieu d’en faire d’autres ? Non, Merci ! Ne découvrir du talent qu’aux mazettes ? Etre terrorisé par de vagues gazettes, Et se dire sans cesse : "Oh, pourvu que je sois Dans les petits papiers du Mercure François ?"… Non, merci ! Calculer, avoir peur, être blême, Préférer faire une visite qu’un poème, Rédiger des placets, se faire présenter ? Non, merci ! non, merci ! non, merci !

Mais… chanter, Rêver, rire, passer, être seul, être libre, Avoir l’œil qui regarde bien, la voix qui vibre, Mettre, quand il vous plaît, son feutre de travers, Pour un oui, pour un non, se battre, – ou faire un vers ! Travailler sans souci de gloire ou de fortune, A tel voyage, auquel on pense, dans la lune ! N’écrire jamais rien qui de soi ne sortît, Et modeste d’ailleurs, se dire : mon petit, Sois satisfait des fleurs, des fruits, même des feuilles, Si c’est dans ton jardin à toi que tu les cueilles ! Puis, s’il advient d’un peu triompher, par hasard, Ne pas être obligé d’en rien rendre à César, Vis-à-vis de soi-même en garder le mérite, Bref, dédaignant d’être le lierre parasite, Lors même qu’on n’est pas le chêne ou le tilleul, Ne pas monter bien haut, peut-être, mais tout seul ! » (Edmond Rostand, « Cyrano de Bergerac »)

« Holidays, oh Holidays »

Pour conclure, avant l’ambre solaire et la mer comme une préface, le grand Polnareff :

« Holidays, oh holidays /C’est l’avion qui descend du ciel /Et sous l’ombre de son aile /Une ville passe
Que la terre est basse /Holidays
Holidays, oh holidays /Des églises et des HLM /Que fait-il le Dieu qu’ils aiment? /Qui vit dans l’espace
Que la terre est basse /Holidays
Holidays, oh holidays /De l’avion, l’ombre prend la mer /La mer comme une préface /Avant le désert
Que la mer est basse /Holidays
Holidays, oh holidays /Tant de ciel et tant de nuages /Tu ne sais pas à ton âge/Toi que la vie lasse
Que la mort est basse /Holidays
Holidays, oh holidays /C’est l’avion qui habite au ciel /Mais n’oublie pas, toi si belle /Les avions se cassent
Et la terre est basse /Holidays »

Bonnes vacances chers lecteurs, et à bientôt en Septembre !!!!!