« Un bon allemand » de Horst Krüger 1919-1999 – que de 9 !! A ne pas confondre avec Hans Krüger, SS et chef de la Gestapo à Chalon-sur-Saône pendant l’occupation, dont la biographie, celle « d’un salaud », le Barbie chalonnais, a été rédigée par l’historien Damien Valette en 2012. Horst Krüger était aux antipodes de son homonyme. La traduction française est publiée chez Babel. J’hésite à vous en dire plus de peur de trop en dévoiler. « Un bon allemand », dont les réminiscences biographiques sont évidentes, est l’histoire d’un jeune homme né dans les années 20 comme l’auteur, qui grandit sous la République de Weimar et achève son adolescence pendant la montée du nazisme, est incarcéré au début de la guerre, puis muté sur le front russe, comme la plupart des allemands. Il finit la guerre dans la partie ouest du IIIème Reich en rejoignant librement l’armée américaine en se constituant prisonnier. De manière remarquable, ce témoignage authentique vous tient en haleine jusqu’à la fin, les derniers chapitres étant aussi passionnants que les premiers. Il faut le souligner : nombre d’auteurs trainent inutilement en longueur leur narration et finissent par s’essouffler et ennuyer le lecteur, qui laisse tomber le livre de sa table de chevet.
 
« Seul dans Berlin » de Hans Fallada (Folio n°3977), en représentation au Lucernaire jusqu’au 1er mars, se lit dans le prolongement d’« Un bon allemand ». Il est question d’allemands modestes, les Quangel, lui contremaitre d’usine qui, à leur manière, résistent modestement, mais en risquant leur vie quotidiennement.

Fallada a peu avant sa mort écrit un livre étonnant sur la déchéance par l’alcoolisme « Le buveur », en titre original « Der Drinker ». C’est une narration hors du temps, s’agissant du phénomène universel et éternel de l’addiction à la boisson. L’auteur connaît bien cet état, ayant lui-même été alcoolique chronique. A aucun moment, bien que Fallada ait vécu une bonne partie de sa vie sous le régime nazi, il est question du IIIème Reich.