Préserver la réputation et l’image de l’entreprise
21% des entreprises ont une mauvaise réputation qui détruit leur capitalisation boursière[1]. A contrario, la bonne réputation de l’entreprise peut contribuer de façon importante et positive à sa valeur actionnariale.
Une communication non maîtrisée lors d’un procès médiatique entraîne de facto une déflagration réputationnelle instantanée. Les répercussions sur l’image et la réputation de l’entreprise sont mécaniquement liées à celle de son ou ses dirigeants. Au-delà de l’altération de l’image et de la réputation, la médiatisation d’un procès entraîne souvent une perte de confiance des clients, des actionnaires, des prestataires, voire des employés.
Heureusement, il existe différentes manières de communiquer afin de sauvegarder la valeur essentielle de l’entreprise, à savoir sa réputation. Dans le cadre d’un procès médiatisé, l’avocat, le cas échéant accompagné de conseillers en communication judiciaire, a un rôle important à jouer.
L’impact des médias sur l’opinion publique et l’issue judiciaire
La judiciarisation ou la montée en puissance du pouvoir juridictionnel dans la régulation publique, parfois aux dépens du pouvoir législatif, connaît un développement fort, notamment avec l’entrée en vigueur de nouvelles lois telles que la loi Sapin 2, le RGPD, le devoir de vigilance ou encore les actions de groupe dans la législation française.
À l’ère du numérique et des procès médiatiques, c’est-à-dire du traitement par les médias de l’affaire en temps réel, l’opinion publique est influencée avant même le terme judiciaire.
Les recherches en psychologie, sociologie et sciences juridiques, qui portent sur des facteurs tels que la médiatisation préalable au procès et les biais pris en considération lors des délibérations, prouvent que les parties prenantes ne restent pas insensibles à une couverture médiatique importante. Il est ainsi démontré que les décisions de justice sont influencées par le contexte médiatique.
Lors de la couverture médiatique d’un procès, il est nécessaire de trouver un équilibre entre des intérêts concurrents, à savoir : le droit à un procès équitable et impartial, la sérénité, l’objectivité et l’impartialité du tribunal, ou encore la liberté de la presse.
Bien souvent, lors d’affaires médiatisées, les journalistes attendent la fin des audiences pour interroger le prévenu ou son avocat. Il est essentiel pour l’avocat de toujours se préparer en amont afin de communiquer clairement, utilement et stratégiquement sur le dossier.
Bien que la parole de l’avocat communicant ne soit pas déterminante de la décision finale du juge, une opinion publique favorable est un atout important au cours du procès. À l’inverse, un écart de la part de l’avocat devant les médias peut fragiliser le dossier.
Les clés d’une communication réussie
Il convient de définir sa stratégie de communication en fonction du moment du procès, à savoir avant, pendant ou après le procès, mais aussi en fonction de la priorité visée : à savoir la défense du dossier judiciaire en jeu, ou bien un message plus général délivré afin de préserver l’image et la réputation de l’entreprise.
Il existe plusieurs outils de communication à disposition de l’avocat : le communiqué de presse, une interview télévisée ou radio, les médias sociaux, etc. En toute circonstance, l’avocat doit se montrer compréhensif, compatissant et manifester de l’empathie, sans abuser du jargon juridique, sur la base d’éléments de langage préparés en amont.
S’adresser aux médias comporte des risques. Se familiariser avec les techniques de communication médias est essentiel. Dans une société hyper connectée, où l’information est diffusée en continu, et où le temps médiatique est instantané, l’avocat doit analyser s’il apparaît opportun pour son client de communiquer ou bien de garder le silence. Il va sans dire que lorsque l’avocat communique, il doit veiller à respecter les règles déontologiques, procédurales et le cas échéant la confidentialité.
La tentation du « no comment » face aux questions des journalistes peut être grande dans un contexte de crise. Le silence est d’ailleurs un droit, « Lorsqu’on peut tout savoir, il faut savoir aussi tout taire » disait Victor Hugo ; mais en situation de crise, se taire c’est, la plupart du temps, une mauvaise réponse, le silence étant souvent perçu comme un aveu de culpabilité.
Une communication réussie est une communication qui influence favorablement et durablement l’opinion et idéalement in fine le tribunal. En période de crise sous contrainte judiciaire, prendre à temps les bonnes décisions médiatiques et établir un discours adapté sont essentiels pour préserver une image et une notoriété positives.
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[1] Rapport 2019 AMO Global Reputation Value Drivers