L’acte uniforme sur les sociétés commerciales (AUSC) pose des règles sur le risque juridique auquel s’exposent les dirigeants dans l’exercice de leurs fonctions. Comme dans tous les systèmes juridiques, dans lesquels les dirigeants sociaux ont une obligation de loyauté aussi bien envers les associés qu’à l’égard de la société elle-même, le droit OHADA impose aux gérants et administrateurs de sociétés un devoir de loyauté indispensable au bon fonctionnement des sociétés. Le droit OHADA sanctionne la violation de ce devoir de loyauté par la possibilité pour les associés voire les tiers d’engager la responsabilité des dirigeants sociaux.
A la différence du droit français qui connaît la responsabilité civile, pénale et fiscale des dirigeants, l’acte uniforme ne fait mention que de la responsabilité civile et pénale. L’exclusion de la responsabilité fiscale des dirigeants est à regretter. Elle aurait renforcé les sanctions des dirigeants pour manœuvres frauduleuses rendant impossible le recouvrement des impositions et pénalités dues par les sociétés.
Quant à la responsabilité civile, malgré une pluralité de textes en droit OHADA, une unité de solution peut être identifiée. Ainsi, les articles 330 et 740 de l’acte uniforme sur les sociétés commerciales établissent un régime de responsabilité commun aux dirigeants de SARL et de SA. A ce titre, les dirigeants sont responsables, individuellement ou solidairement envers la société ou les tiers, soit des infractions aux dispositions législatives ou réglementaires applicables aux sociétés, soit des violations des dispositions des statuts, soit des fautes commises dans leur gestion.
Si la notion de faute n’est pas définie, la Cour Commune de Justice et d’Arbitrage de l’OHADA retient une définition extensive de la faute dans le but de protection des associés et des tiers. Faute d’une jurisprudence très nourrie, il faut espérer que des décisions de la CCJA permettent de mieux cerner la faute dans la jurisprudence des Etats membres. La proximité du régime avec le droit français permet d’anticiper les évolutions possibles, bien qu’il soit sans doute souhaitable que les magistrats de la CCJA ne se laissent pas enfermer dans le mécanisme de la faute détachable des fonctions.
Les articles 164 et 170 de l’AUSC présentent les délais de prescription des actions en responsabilité : 3 ans à compter du fait dommageable ou 3 ans à compter de sa révélation, s’il a été dissimulé. Pour les crimes le délais est de 10 ans.