En ce début d’année de Coupe du Monde, le monde de l’ovalie avait de quoi être inquiet.

Le 24 février, en Irlande, après une interdiction de plus de 87 ans du football, du rugby et du cricket – sports britanniques – le stade de Croke Park de Dublin accueillait le XV de la Rose. Les plus vives inquiétudes se sont exprimées avant la rencontre dans les journaux et médias britanniques.

Un petit retour historique s’impose.

Construit en 1913, le stade de Croke Park fut agrandi en 1917, avec la construction d’une tribune supplémentaire, Hill 16, dénommée ainsi parce qu’elle fut construite avec les ruines de la Révolte Irlandaise de 1916. Le 21 novembre 1920 – dit « Bloody Sunday » – une division paramilitaire de l’armée britannique entra dans le stade où se déroulait un match de football gaélique opposant Dublin à Tipperary. En guise de représailles à l’assassinat de plusieurs agents britanniques ayant été perpétré le matin même par le groupe mené par Michael Collins, les paramilitaires britanniques ouvrirent le feu de manière aléatoire, tuant 14 personnes, dont le capitaine de Tipperary, Michael Hogan. Depuis cette date, le propriétaire de l’enceinte sportive, la Gaelic Athletic Association, refusait l’exercice d’un sport non-gaélique sur le terrain sur lequel avait eu lieu la tragédie.

En cette fin février 2007, le rugby allait finalement permettre l’expression d’un espoir de réconciliation. Le XV de la Rose était accueilli sans sifflets et sans violence sur le terrain. Le plus grand silence régnait sur l’enceinte pour l’hymne anglais. Les irlandais infligèrent ensuite à leurs adversaires anglais la plus grosse défaite de tous les temps (43-13).

Les VI Nations se terminèrent par une victoire in extremis de la France. Le Tri-Nations fut relativement facilement remporté par la Nouvelle-Zélande, qui semblait imbattable (d’autant qu’elle avait vaincu sans trop de ménagement l’équipe de France quelques mois auparavant).

Et le monde du rugby n’attendait qu’une chose : l’ouverture de sa coupe du monde le 7 septembre dernier.

Il s’agit d’une occasion unique d’accueillir des touristes venus du monde entier autant que de voir du beau jeu et de faire la fête. Ceux qui ont eu la chance de connaître Sydney au moment des Jeux Olympiques vous raconteront l’atmosphère toute particulière qui règne lors de la rencontre de tant de nationalités autour d’une même ferveur.

Outre les innombrables pubs irlandais et anglais qui retransmettent la quasi-totalité des matchs, je ne peux que vous recommander de visiter le village officiel de la coupe du monde, situé dans les jardins du Trocadéro. Outre la vue imprenable sur la Tour Eiffel, vous apprécierez de partager quelques bières avec les nombreux visiteurs, venus d’aussi loin que la Nouvelle-Zélande, tout en regardant les matchs sur grand écran.