L’ARJEL, constatant une érosion du développement du poker en ligne depuis de nombreux mois, a plaidé, dès fin 2012, en faveur de l’ouverture des tables françaises à celle de ses homologues européens respectant le même degré (ou un degré équivalent) de protection. Cette possibilité de développement du secteur était d’ailleurs déjà intrinsèquement prévue par la loi de 2010.

L’opposition (UMP) a tiré parti des discussions en cours sur le projet de loi sur la consommation pour introduire un amendement visant à permettre aux opérateurs agréés en France d’ouvrir leur table de poker à des joueurs inscrits auprès d’opérateurs opérant légalement dans un autre État membre de l’Union. La majorité (PS), apparemment sceptique quant à l’opportunité de cette ouverture, a largement consulté et demandé un avis à l’ARJEL et aux services de la gendarmerie, de la police, d’EUROPOL (etc.). Il en est ressorti qu’au-delà de l’intérêt certain des accords et conventions susceptibles d’être signés entre les autorités responsables de la régulation des jeux dans chaque pays européen (en cours avec l’Italie par exemple), il existait à ce jour des risques importants de blanchiment. L’amendement proposé a été rejeté.

Cette décision entraine un statu quo pour le monde du poker en ligne français, qui a accusé une baisse de 18% des mises en cash-game en 2013 et de 9 % de ses joueurs. Au-delà de l’effet « crise », qui peut être avancé pour expliquer ce recul d’activité, l’absence de liquidité du marché et de possibilité d’affronter des joueurs de talents venus de tous horizons, limite nécessairement l’attractivité de ce jeu. Pour autant, une ouverture, et partant une plus grande liquidité, devraient être strictement encadrées et contrôlées, ce que ne semble pas encore permettre le jeune marché du jeu régulé en Europe.

Gageons que le débat actuellement en cours au niveau européen, au sein de la Commission, sur la reconnaissance interétatique des agréments, fera avancer la concertation dans un avenir proche.