Une année explosive en Ukraine, au Moyen-Orient, olympique à Paname, électorale au Panama, aux Etats-Unis, en Europe… Année internationale des camélidés[1] et de tous les dangers. « Quand la masse fâchée, toujours faire ainsi ! »  Zorrino, les lamas et les sondages sont têtus. Le suffrage universel et les populistes butés qui veulent le gouvernement du peuple, pour le peuple, menacent la démocratie…

Marianne a le blues

Nos plus belles années, The Way we were, c’était en 1974, il y a un demi-siècle, une éternité. Une récente enquête Ipsos (Le Monde, Institut Montaigne) confirme la gravité des fractures nationales. 85 % des Français estiment que le pays est en déclin (+7 points depuis 2022), 91 % que la France est violente, 29 % ont confiance dans leurs députés, 17 % dans les partis politiques. L’Elysée est un temple où de mouvants piliers ; Laissent souvent sortir de confuses paroles ; Jupiter passe à travers des forêts de symboles ; Qui l’observent avec des regards fatigués[2]. Le sentiment tragique de l’avis, les grandes illusions et petites comédies françaises… « Le plus grand dérèglement de l’esprit c’est de croire les choses parce qu’on veut qu’elles soient et non parce qu’on a vu qu’elles sont en effet » (Bossuet).

Les faits, inexorables, ne connaissent point la pitié, disait Léon Bloy. De mal en Pisa, le mammouth s’enfonce plus vite que la moyenne de l’OCDE. 26e place en mathématiques et sciences, 28e place en compréhension de l’écrit. Quels enfants allons-nous laisser au monde ? Les châteaux forts en pot de yaourt, le latin bienveillant, sans déclinaisons, l’École des Fans, l’élitisme pour tous « Ça fait rire les enfants, ça dure jamais longtemps, ça fait plus rire personne, quand les enfants sont grands » (Beau Dommage). Au CNRS, à Matignon, dans les rectorats, on hésite entre un Grenelle de la blouse, le Yalta de la dictée, un plan Marshall de l’estime de soi, un grand choc de compétences comportementales…

Mayday, ça chauffe ! Danger dans le ciel, Baroud sur le désert, Opération tonnerre, Les vampires attaquent la nuit… Tanguy et Laverdure, Buck Danny, Dan Cooper reprennent du service. Déboussolé par le retour du tragique et la reféodalisation du monde, menacé par les ours, les loups solitaires, solidaires, à l’intérieur et aux frontières, l’Occident -looser maléfique- éclaire le monde de sa repentance. Nous nous réfugions dans le déni, la culture de l’excuse, l’auto-flagellation, le mirage libéral-libertaire et le compost de guano : un beau roman, une belle histoire, les délices de Kaput, Gloria victis !

A la recherche d’un siège, une chaire, un fromage, un trou, les agités du bocage, diversocrates convulsionnaires de la vertu, crieuses de vieux chapeaux, s’agitent comme Philippulus au milieu des surmulots dans L’Île mystérieuse. Incapables de transmettre ni d’apprendre le métier de vivre aux jeunes générations, ils soufflent sur les braises de l’histoire, rallument des guerres civiles, font passer leurs anchois avariés pour des produits exotiques. L’œil sombre, les muscles chétifs, ivre de probité candide et de vin rouge, le QI entre l’IA, deux chaises et trois slogans, la jeunesse déprime sur Insta et TikTok. Qui suis-je, où vais-je, qu’est-ce qu’on mange à midi ? « L’eau pure fait des goitreux ; les idées pures font des crétins » (Miguel de Unamuno).

Pierre Manent déconstruit les dé-constructeurs. Sans passé, point de fuite, ligne d’horizon, le projet européen voudrait partir de zéro ; un monde sans volonté ni représentation. « Aujourd’hui, un seul interdit pèse sur l’Humanité : ne pas se diviser (…) Partir de zéro veut dire ne plus porter aucune proposition, commencer à mettre à l’œuvre l’unification de l’Humanité, l’Europe se présentant comme la première version du brouillon de l’unification de l’Humanité, mais une Humanité qui n’est définie par aucun contenu, qui n’a aucune visée, qui n’a aucune articulation interne, une Humanité informe ».

La nostalgie est un luxe qui devient suspect. En attendant les trottinettes à hydrogène, la décroissance productive, la sobriété festive, la pollution verte, l‘intelligence naturelle et la transition éthique, sauvons le meilleur du monde d’avant.

2024 : anniversaires et flash-back

Chinatown ; La Balade sauvage ; Gatsby le Magnifique ; L’Homme au pistolet d’or ; Une femme sous influence ; Lady Lay ; Les Valseuses, Vanina ; Vincent, François, Paul et les autres ; Le cadeau de César ; Le rayon U ; L’Archipel du Goulag ; La Storia, La Vie devant soi, c’était il y a cinquante ans.

24 comme le nombre de chants de L’Illiade ou l’Odyssée, les préludes de Chopin et Debussy, les albums de Tintin. En 2024, Marcello Mastroianni, Marlon Brando, Lauren Bacall, Claude Sautet et Charles Aznavour auraient eu cent ans. « C’est doux de revenir aux sources du passé »…  

En 2024, les littéraires auront une pensée pour Louise Labé et Ronsard (1524), Joubert et Byron (1824), Michelet et la comtesse de Ségur (1874), Kafka et Anatole France (1924), sans oublier Marcel Pagnol (1974) : « A notre époque, le mépris des proverbes, c’est le commencement de la fortune ».

« Les livres partagent avec les tout petits enfants et les chats le privilège d’être tenus, des heures durant, sur les genoux des adultes » (Pascal Quignard). Sursum Corda !

Squire Patton Boggs, Citius, Altius, Fortius !

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Le bureau de Paris et La Revue vous remercient de votre confiance et de votre fidélité. Nous vous souhaitons de très joyeuses fêtes de fin d’année et vous adressons nos meilleurs vœux de santé, bonheur et réussite pour 2024 !


[1] Décrétée par la FAO

[2] D’après Baudelaire, Correspondances