2010. Dans le froid, mais fort des bonnes résolutions du nouvel an, après les huîtres et les chocolats, après les slaloms entre les vrais faux virus, les bons mauvais vaccins, et avant les JO d’hiver de Vancouver en février, il faut se remettre à l’ouvrage et attaquer une nouvelle décennie.

I) « 2000-2010 » : LES « NOUGHTIES »

10 ans de technologie (l’internet tout puissant, Google, Facebook qui métamorphosent les habitus), de rendez-vous manqués (la paix au Proche et Moyen-Orient, l’éradication du terrorisme), de catastrophes naturelles (tsunami en Asie, tremblements de terre en Chine), de bouleversements géopolitiques (krach financier américain, stagnation de l’empire Russe, décollage stratosphérique de la Chine, adoubée hyper puissance et nouveau régulateur de l’économie mondiale). Tout va très vite. Michael Jackson n’est plus, mais Barack Obama est devenu une icône planétaire en un an. Adieu à Claude Levi Strauss, Ted Kennedy, Merce Cunningham, Pina Bausch et Farrah Fawcett.

1999-2009 : du bug de l’an 2000 au bug du virus H1N1, de l’attentat du 11 septembre au « Credit crunch », 10 ans. Une boucle est bouclée mais peu de certitudes, et beaucoup de nuages à l’horizon. Le sentiment (illusoire ?) cependant que les périls éco-écolo-géopolitiques majeurs et globaux créent une nouvelle donne, en mettant l’humanité face à ses responsabilités, avec peut-être une prise de conscience planétaire ?

Pour changer de focale, à l’échelle d’un Sempé, à Paris, dans le quartier latin par exemple, 10 ans pendant lesquels les librairies sont devenues plus rares, remplacées par des marchands de fripes et de jeux vidéo brutaux et meurtriers. Triste barnumisation générale. Aragon était lucide en 1926 : « La ville où vous viviez la voilà qui s’éloigne/Toute petite dans le souvenir/Passez-moi les jumelles que je regarde une dernière fois/le linge qui sèche aux fenêtres ». L’inversion du loisir en industrie de la communication et de la consommation, et la culture de l’audimat ont eu raison de l’otium et de l’eutrapélie. Il faut lire le très beau « Paris New York et retour (Entretien sur les arts et les images » de Marc Fumaroli (Fayard, 2008).

Lorsque les idéologies continuent à dériver comme des banquises en perdition, quand les slogans républicains ne mobilisent plus, on se replie, on se raccroche aux branches des arbres, généalogiques, de Jessée ou aux arborescences des logiciels… Il y a aussi l’écologie à la sauce développement durable, terre promise et nouvel eldorado électoraliste, Klondike des politiques en panne d’essence et d’imagination. Attention à ne pas dévoyer une cause urgente et juste. Attention aussi à ne pas oublier les racines. « C’est le passé qui fait l’avenir et l’homme n’est au-dessus des animaux que par la longueur des traditions et la profondeur des souvenirs » (A France).

II) L’IDENTITE N’EST PLUS CE QU’ELLE ETAIT

Le débat sur l’identité nationale n’a pas tenu ses promesses ; terrain miné et beaucoup trop glissant pour une vrai introspection et des échanges de bonne foi. « Entre ceux qui enragent d’être exclus et ceux qui refusent d’être assimilés, il est parfois difficile de s’y reconnaître » (A Brincourt). En définitive, le débat ne vient-il pas (40 ans ?) trop tard ?

 

Au fond, il n’y a pas ou plus beaucoup d’authentiques nationalistes ou de vrais internationalistes. Le drapeau, comme l’ouverture cosmopolite et/ou la mixité sociale et culturelle ont des limites. La France n’est qu’une puissance provinciale et ‘On ne peut pas accueillir toute la misère du monde’. Surtout, quelle identité défendre ou promouvoir quand les jeunes générations ont les pieds dans la Wii et la tête dans Facebook, hypnotisées par le grand tout numérique et digital californien ! « Une heure vient où les hommes assistent impuissants à la ruine de leur patrie. Plusieurs ont un vague soupçon de cette ruine ; à peine si quelques-uns en démêlent les causes d’une vue claire. Ainsi les grandes catastrophes de l’histoire ont pu passer à peu près inaperçues des contemporains : ils ne voyaient que les incidents du drame, sans en prévoir le dénouement ; les sentiments mêmes qui l’auraient pu rendre douloureux s’étaient affaiblis, et le troupeau humain suivait sa marche, insoucieux de ses destinées…/… La mort d’un peuple, c’est la mort de son génie » (F. Alcan 1911). Or, ne nous voilons pas la face (avec ou sans burqa), depuis 60 ans, le « la » est donné outre-Atlantique, en attendant la nouvelle grande lueur…céleste !

Silence assourdissant sur l’identité européenne, grande perdante de la décennie malgré le succès de l’union monétaire. Faute d’avoir trouvé un magicien d’Oz bama, l’Europe a couronné Catherine Ashton et Herman Van Rompuy, un couple anglo-belge moins exaltant que les « Bidochons ». C’est « Chapeau melon et bottes de cuir » qu’il lui fallait… Rendez nous Diana Rigg !

Les vrais visionnaires sont les artistes. Il y a 200 ans Chateaubriand s’interrogeait sur la mondialisation : « Quelle serait une société universelle qui n’aurait point de pays particulier, qui ne serait ni française, ni anglaise, ni allemande, ni espagnole, ni portugaise, ni italienne, ni russe, ni tartare, ni turque, ni persane, ni indienne, ni chinoise, ni américaine, ou plutôt qui serait à la fois toutes ces sociétés ? Qu’en résulterait-il pour ses mœurs, ses sciences, ses arts, sa poésie ? Comment s’exprimeraient des passions ressenties à la fois à la manière des différents peuples dans les différents climats ? Comment entrerait dans le langage cette confusion de besoins et d’images produits des divers soleils qui auraient éclairé une jeunesse, une virilité et une vieillesse communes ? Et quel serait ce langage ? De la fusion des sociétés résultera-t-il un idiome universel, ou bien y aura-t-il un dialecte de transaction servant à l’usage journalier, tandis que chaque nation parlerait sa propre langue, ou bien des langues diverses seraient-elles entendues de tous ? Sous quelle règle semblable, sous quelle loi unique existerait cette société ? Comment trouver place sur une terre agrandie par la puissance d’ubiquité, et rétrécie par les petites proportions d’un globe fouillé partout ? Il ne resterait qu’à demander à la science le moyen de changer de planète. » (« Mémoires d’Outre-tombe »).

Pour prendre de la hauteur sur le chapitre, Pierre Lombard (théologien du 12ème siècle et grand conciliateur) identifie dans ses célèbres « Sentences » la charité avec l’Esprit Saint (Livre I, distinction 17). Selon cette doctrine, lorsque nous aimons Dieu et notre prochain, cet amour est littéralement Dieu ; nous devenons divins et sommes absorbés dans la vie de la Trinité. Cela sent le soufre mais n’a jamais été déclaré hétérodoxe !!!! All we need is love.

Crise d’identité et, aussi épineux, identité de la crise. 2010 c’est le centenaire de la mort de Léon Walras qui a décrit l’équilibre général de concurrence parfaite, et cherché à montrer que cet équilibre est optimal. Il reste du pain sur la planche !

III) ANNIVERSAIRES ET CELEBRATIONS

Dans les diners en ville, n’oubliez pas : il y a 500 ans, l’assassinat d’Henry IV par François Ravaillac (ancien clerc de Procureur et schizophrène paranoïde notoire). Il y a 200 ans, la promulgation du code pénal. Plus cocasse, il y a 100 ans, une histoire d’eau (inondations de Paris, premier passage du métro sous la Seine, premier vol en hydravion sur l’étang de Berre). Mais aussi :

Pour les méditatifs

Il y a 1100 ans, fondation de l’abbaye de Cluny. Il y a 1000 ans, fondation de l’abbaye de Solesmes. En 1160, mort de Pierre Lombard. Il y a 500 ans, fondation de l’ordre des visitandines. En 1660, mort de saint Vincent de Paul, le petit frère des pauvres.

Pour les patriotes de tous bords

1860, rattachement de Nice et de la Savoie à la France. Il y a 70 ans, la défaite de juin 40. Il y a 50 ans, les indépendances africaines, et le lancement du paquebot… « France ».

Pour les littéraires 

En 1560, mort de du Bellay et de Maurice Scève. Il y a 100 ans, mort de Jules Renard, naissance de Jean Anouilh, de Julien Gracq et de Jean Genet. Il y a 50 ans mort d’Albert Camus, de Jules Supervielle, de Pierre Reverdy et prix Nobel de littérature à Saint-John Perse. 1960 c’est aussi un cru cinématographique exceptionnel : «A bout de souffle», «L’Avventura», «La dolce vita», «La garçonnière», «Alamo», «Psychose», «Rocco et ses frères», «Le bel Antonio»…

IV) 4 AVENUE VELASQUEZ 

4 avenue Velasquez, nous sommes pleins d’allant, en phase de recrutement, et plus que jamais à votre écoute et service pour cette année de consolidation et reprise qui commence.

On annonce dans « les Echos » (4 janvier) que 2010 sera une année de « rationalisation » pour les directions juridiques. Nous sauront être à la hauteur de vos exigences !!!

Un petit cocorico et une grande fierté pour conclure. Le très respecté magazine « Legal week » paru le 3 décembre dernier a désigné le cabinet Hammonds seconde meilleure « National firm » (c’est-à-dire pas uniquement un cabinet de la City) de l’année !

De la part de l’ensemble du cabinet et de l’équipe éditoriale de « la Revue », à vous tous fidèles clients et lecteurs, Meilleurs vœux, Bonne année, Happy new year, Frohes neues Jahr 2010 !!!!!