Les 27 et 28 mai 2010, s’est tenue à Bourg-la-Reine / Grand Paris, la 3e conférence européenne de la médiation organisée sous l’égide de l’EMNI (European Mediation Network Initiative) par Gabrielle Planès, présidente de l’ANM (Association Nationale des Médiateurs), en partenariat avec l’ESSEC Business School / IRÉNÉ (Institut de recherche et d’enseignement sur la négociation) avec pour thème « Médiation et société civile en Europe, vers un nouvel état d’esprit ».
Après Vienne et Belfast et avant Bratislava, c’est un pays francophone qui a été choisi pour cette édition. Un comité scientifique composé d’une vingtaine de personnes de 12 nationalités différentes a sélectionné, parmi 130 contributions, les 50 ateliers proposés par des intervenants venus de plus de 20 pays. Près de 400 participants de tous horizons ont fait le déplacement et ont permis de stimuler la réflexion entre praticiens et chercheurs donnant ainsi à cette conférence une exceptionnelle opportunité de rencontres et de partage d’expériences.
Tous les secteurs de la médiation étaient représentés et, comme cela a été souligné, la médiation est un levier puissant pour accompagner les transformations de la société en insufflant du sens. Ces deux jours ont montré qu’il fallait travailler collectivement à la reconnaissance et à la professionnalisation de la médiation qui rassemble sans exclure et qui tend à réduire le sentiment d’injustice. Non seulement il s’agit de résoudre les conflits de façon amiable mais de plus en plus de les prévenir en utilisant les synergies sans être dans une relation de culpabilisation. L’étude de l’impact sur la santé des conflits relationnels, avec l’aide des neurosciences, démontre que la manière de gérer les émotions influe notablement sur les troubles, les maladies, les addictions et que focaliser les personnes sur la co-création d’une solution permet d’installer un autre niveau de dialogue en diminuant par exemple la souffrance au travail.
Donner la parole mais aussi maîtriser le vocabulaire pour se comprendre soi-même, se faire comprendre et comprendre ce qui nous est dit dans un monde cloisonné, c’est l’un des objectifs de la médiation. La crise, que nous connaissons actuellement à différents nouveaux et qui entraîne des changements fondamentaux, fournit à la médiation un avantage considérable pour renforcer la démocratie grâce à trois ingrédients: un contact personnel, un traitement équitable et une information appropriée. Ces éléments, ajoutés à la transparence, créent les conditions pour maintenir les liens entre les personnes et établir la confiance nécessaire pour transformer en profondeur notre façon de voir les choses et mieux vivre ensemble.
C’est précisément cela l’esprit de médiation qui distingue la fonction de la posture basée sur une attitude à la fois de respect et d’attention à l’autre. "Dissocier le problème et les personnes", "gérer le déséquilibre", "décoder autant nos propres besoins que les besoins de l’autre", "permettre la mise en mouvement", quelques phrases glânées lors des travaux pour définir cette approche particulière qui requiert ‘foi, espérance et charité’. Une idée s’est dégagée: la richesse de l’interdisciplinarité et de la transversalité qui rejoint le point fort de la médiation, à savoir sa souplesse qui en fait son originalité.
La diversité des thèmes abordés et des origines géographiques (des États-Unis à la Nouvelle Zélande, du Brésil au Maroc en passant par la Géorgie et la Finlande) ont donné à cette conférence bilingue français-anglais un haut niveau de réflexion et ont permis des échanges extrêmement fructueux. Enfin, le regret résultant de la frustration engendrée par la nécessité de devoir choisir entre des ateliers concomitants aussi intéressants sera compensé par les actes à venir du colloque. Un grand bravo à l’équipe organisatrice et mille mercis au comité de pilotage !
Vous trouverez des détails complémentaires sur cette conférence sur le site : www.europemediation2010.com