Titre de l’article de Jacqueline de Linares, publié en page 79 du Nouvel Observateur (n°2534 du 30 mai 2013).
Il est cocasse de relever que dans son édition des 16 et 22 mars 1989, le Nouvel Obs publiait déjà un article en pleine page sous le même titre. Le sous-titre était alors « Pragmatique et un rien psy, les Messieurs Bons Offices se multiplient. La fin d’un certain dialogue social ? ». Il est vrai qu’en 1989, il s’agissait surtout de médiation sociale. « Le médiateur doit être un béotien, avoir une âme d’enfant et des compétences techniques, il doit écouter, c’est un psy » et « qu’il faille un tiers dans une relation à deux, pour une meilleure saisie des données pour aboutir à une sortie de conflit, je suis partant tous les jours. A condition que cela se fasse dans la discrétion. Et sans parler des effets pervers… ».
Près de 25 ans après, la journaliste du Nouvel Obs., n’ayant probablement pas lu l’article rédigé en 1989 par Martine Gilson, parle toujours d’un « métier d’avenir ». Que s’est-il donc passé au cours du dernier quart de siècle ?
Au lieu de faire la synthèse, contentons-nous de citer quelques passages de l’article de 2013 :
« A l’issue d’un procès, il y a toujours un vainqueur et un vaincu. Et un risque d’interminables procédures judiciaires. La médiation a l’immense avantage de rétablir un lien entre des personnes qui devront, de toute façon, continuer à fonctionner ensemble. »
« Environ 100 000 particuliers et institutions se prévalent du titre de médiateur. »
« Ces faiseurs de paix viennent de tous les horizons selon la nature des conflits : retraités, travailleurs sociaux, … notaires, avocats, huissiers, experts en tout genre. »
« Mais pour beaucoup, c’est une activité annexe, bien peu en vivent » selon Sylvie Adijès.
« Tous les domaines de la vie peuvent nécessiter des médiateurs. »
En conclusion, Jacqueline de Linares écrit que « le développement de la médiation, beaucoup plus lent que dans les pays anglo-saxons, nécessitera un vrai changement culturel. ». Soit !
Donc en un quart de siècle, la situation de la médiation, selon le Nouvel Obs, n’aurait guère progressé.
Nous ne sommes pas d’accord avec cette conclusion pessimiste.
En effet, il suffit de rappeler la transposition de la directive européenne dans notre droit, la multiplication des initiatives favorables à la médiation dans les tribunaux, l’importance de la formation des médiateurs, mais également des utilisateurs – par exemple au sein des entreprises. Madame Féral-Schuhl, Bâtonnier de l’Ordre des Avocats de Paris, a fait de 2013, l’année de la médiation. La signature le 22 novembre 2005 de la Charte de la Médiation Inter-Entreprises, l’adoption récente par la CCI d’un règlement de la médiation, l’activité soutenue du CMAP, sont autant d’exemples, nous pourrions les multiplier. Presque tous les habitants majeurs du pays ont, d’une manière ou d’une autre, entendu parler de la médiation, qu’elle soit familiale, judiciaire, inter ou intra-entreprises. L’observation éculée « Ah oui ! la médiation, c’est comme l’arbitrage », s’entend moins souvent.