1937, Hitler prononce son Discours sur "l’art dégénéré".

Beckmann décide de fuir l’Allemagne avant qu’il ne soit trop tard. Il se réfugie à Amsterdam, où il connaît la misère, l’anonymat brutal après la notoriété, les horreurs de la Deuxième Guerre mondiale.

Der Befreite (Le Libéré, 1937, collection particulière) est le premier tableau que Max Beckmann peint à Amsterdam et l’un des plus marquants de la première salle de l’exposition. Dans cet autoportrait, l’artiste tient une serrure dans les mains tandis que derrière lui sont peints des barreaux. Max Beckmann ne vit pas l’exil comme une libération mais comme un isolement et une prison. Il ne se sentira jamais libre.

L’horreur, la misère, l’isolement et la violence du monde rendent Max Beckmann prolixe: 280 huiles, un tiers de son œuvre, surgiront de ces dix années.

Le travail de la lumière dans ses autoportraits, thème central de sa création, reflète la dureté de l’époque et le regard sans pitié qu’il porte sur lui-même. Tour à tour le voilà à moitié sombre, voire dans la pénombre totale. Le noir est omniprésent dans les toiles, qu’il s’agisse de contours ou d’aplats d’ombres. Ses croquis à l’encre de Chine trahissent également son obsession de la mort, sous les traits d’Hadès, d’Hécate.

Ce qui permet à Max Beckmann de tenir dans ce monde de tragédie et d’exil, sont son épouse Quappi et la peinture. Quand les nazis envahissent la Hollande, Max Beckmann brûle ses journaux. Seuls quelques feuillets en réchapperont, visibles dans les vitrines centrales de la dernière salle de l’exposition.

En 1947, ayant enfin obtenu son visa (refusé depuis 10 ans) Max Beckmann émigre aux États-Unis. Il décède à New-York en 1950 d’une crise cardiaque, se rendant à l’exposition de son « autoportrait en veston bleu ».

A voir, donc jusqu’au 6 janvier 2008 : pour plus de renseignements, www.pinakothek.de/pinakothek-der-moderne

Au passage, vous pourrez profiter des puits de lumière et de l’espace de scénographie résolument moderne de la Pinakothek der Moderne, fruit de l’architecte Stephan Braunfels, auteur d’un bâtiment original avec de beaux volumes, des angles aigus et un dôme central, en béton et verre. L’exposition permanente, le musée du Design et le musée de l’architecture vous attendent également aux autres étages.