LA RENTRÉE POLITIQUE : ‘TO FREE OR NOT TO FREE’ …?
Les socialistes s’interrogent: To be or not to be? Des ateliers exigeants et modernes ont permis de ‘brainstormer’ lors de l’université d’été à La Rochelle[1]. Certaines Disputationes vertigineuses relèvent du Décret de Gratien et de la théologie spéculative i.e. La bourse ou la vie ? Les forces du mal sont-elles consubstantielles à l’entreprise et à la finance? Un banquier peut-il sauver son âme après un pèlerinage à Solutré ? M. Valls, Premier Shérif de Sherwood, essuie le feu nourri des mistouflets d’une redoutable bande de rebelles. Arnaud la fronde, Hamont des bois, Calamity Duflot ont un mini programme d’été, léger et sexy comme un string, ‘Vive la gauche’. « Le jour est proche où nous n’aurons plus que “l’impôt” sur les os » (Audiard).
Contre Valls Zorro, le zoroastrisme reste la planche de salut d’un PS qui doute. Michel Fugain, « Les gentils, les méchants », c’est vendeur et plus simple que de créer des emplois. La bataille des idées fait rage. E Macron -contre Marcion- est formel : « On peut être de gauche et de bon sens». David Assou(p)line doit ramener les frondeurs au bercail. Guide des égarés, Gérard Majax du PS, il propose une nouvelle synthèse, ‘LSD’, ‘Libéral-Social-Démocrate. L’idée de se retrouver sans-culotte aux prochaines élections plombe l’ambiance. « Les plus dangereux de nos calculs sont ceux que nous appelons des illusions » (Bernanos).
L’actualité n’arrange rien. T. Thevenoud, nouveau-ex Secrétaire d’Etat au commerce extérieur de la poisse, a dû démissionner au bout d’une semaine, à l’insu de son plein gré, victime de ‘phobie administrative [2]. « Les conneries c’est comme les impôts, on finit toujours par les payer » (Audiard). Valérie T. lache le morceau, et prétend que notre Président aime les sondages, les grands restaurants, n’a rien contre la finance et ne fraie pas avec les pauvres qu’il appelle les ‘sans-dents’. PS, errata, les ‘pauvres’ ne sont ni affreux, ni sales, ni méchants, ils sont sa ‘raison d’être’. C’eravamo tanto amati, Nous nous sommes tant aimés… F Hollande réussit une synthèse inédite, l’intégrale de Feydeau[3] avec le meilleur de la Télé réalité[4]. ‘Mais n’te promène donc pas tout nu’ ! Plus sérieusement, les petits-enfants d’Althusser, Lukács et Gramsci, anciens athlètes de la dialectique et fortiches de la ‘superstructure’, n’ont plus le niveau. Solécisme et barbarie. La Critique du programme de Gotha est en Bern. Le drame de la gauche française, et plus généralement de nos élites, c’est la baisse tendancielle du taux de QI.
Malgré le soutien de Bernard Lavilliers, le ‘Front de gauche’ cherche sa voie. J.L. Mélenchon –The Voice- a le blues. ‘Gros, gras, le thym frais et la bouche vermeille’, les Verts ont du mal à convaincre et dilapident un fonds de commerce en or. À droite aussi, des flottements idéologiques (To free or not too free ?) et des querelles fratricides; Jo Sarkozy trépigne et repart à l’attaque, Jack Fillon hésite, William Jupé temporise, le goudron et les plumes pour Averell Copé qui s’est fait piéger ce printemps en braquant l’UMP.
Pendant ce temps, place du ‘Concordia’, le pays s’enfonce dans les déficits et la crise. Les élites et la classe politique sont démonétisées, les extrémistes se pourlèchent les babines et attendent le pire. 40 ans de lâcheté, de démagogie. 40 ans de refus de la moindre réforme structurelle en faveur de l’emploi, de l’éducation, d’assainissement des comptes publics. Nous venons de dépasser les 2000 milliards de dette publique, soit 100% du PIB en 2015. 40 ans d’incurie. Les Beaux Draps c’est maintenant. [1] Que peut le volontarisme politique pour le développement de l’économie et la ré-industrialisation ?, ‘Controverse: l’information, c’est quoi ?; ‘Comment enrayer le cycle de la pauvreté ?’ ; ‘Osons la fraternité ! ‘ ; ‘Handicap et inclusion citoyenne’ ; ‘La mobilité des Français: partir et revenir de l’étranger’… Le ‘revenir’ est particulièrement savoureux ! [2] Claude Bartolone venait de déclarer : « Thomas est le meilleur de sa génération ». [3] « La Lycéenne, Un fil à la patte, L’Hôtel du libre-échange, Le dindon, Séance de nuit, La Dame de chez Maxim, À qui ma femme ?, Deux coqs pour une poule, L’Homme de paille, Monsieur Nounou… » [4] « Cauchemar en cuisine, L’amour est aveugle, Bachelor, le gentleman célibataire, La guerre des belles-mères, 24 heures aux urgences, Le Maillon faible, À prendre ou à laisser, L’œuf ou la poule, On n’a pas couché… »
LA RENTRÉE MÉDIATIQUE : « LE VINGT-CINQ, LA MONTGLAT A DE FIESQUE DIT: OUI »
L’été est terminé. Dans les kiosques, le ‘Top des villages branchés du Mercantour’, Biba spécial ‘Bronzer malin’ ont fait place au ‘Palmarès des grands Bordeaux,’ Biba spécial ‘Soins dentaires’, Paris-Match, ‘Est-il totalement plombé’ ?
Libération nous fait découvrir la gastronomie des Balkans; « A Dubrovnik, dans son auberge branchée nichée au bout de Mata Vodopica, Nikol Sersavitch, Niki pour les habitués, mitonne de succulents Štrukli au fromage. Ses Pašta-fažol (Pâtes-haricots) sont à tomber ! Les aromes fusionnent avec les saveurs qui enchantent nos papilles ». Priorité à la Culture dans Libé ; Une anthropologue spécialiste de la déesse serpent, renoue les liens de parenté entre Freyja, Frija, Héra et Maderakka. Grande interview de Fleur Pellerin qui comprend sans l’approuver l’irritation liée à la frustration engendrée par la grogne et le dépit des intermittents du spectacle, mécontents. Focus sur une artiste autrichienne qui sculpte des poutrelles de 30 tonnes. Au festival des « Rebelles sans causes » de Loudéac, triomphe des « Slips rouges », un groupe de techno-électro-acoustique qui monte: « Sous une pluie battante, le groupe a réchauffé une audience conquise. Magie des rythmes rock jazzy, mâtinés de blues et folk, mixés au hip hop funky sans oublier les musiques traditionnelles bretonne et angolaise; les riffs ravageurs alternent avec des mélopées presque kitch, on en redemande ». Pasolini disait que la culture est une résistance à la distraction.
Déboussolé par le tsunami Netflix-numérico-pipole à la carte et les chutes d’audience, le Service public peine à garder le cap. Les caisses sont vides, retour programmé de la pub après 20h sur France Télévisions ; Cohn-Bendit arrive sur Europe 1 ? France-Inter contre-attaque ; Bonjour Nagui, fini les ‘prises de tête[1]. Mercato des sentinelles de la liberté ; Frédéric Mitterrand hésite entre ‘Elle’ et ‘Lui’ ; Audrey Pulvar, pour protester contre le remplacement de Natacha Poloni par Léa Salamé, menace de rendre son Trophée des femmes en or (catégorie média), gagné à Courchevel en 2008. E. Plenel, Marianne et les Femen lancent un blog citoyen, ‘Sans-culottes’. « Mardi, toute la cour est à Fontainebleau/ Mercredi, la Montglat dit au comte de Fiesque non ! / Jeudi : Mancini, reine de France, -ou presque !/ Le vingt-cinq, la Montglat à de Fiesque dit : oui / et samedi, vingt-six[2]… ». Exhibitionnisme, voyeurisme, psittacisme, ‘tautisme’, illettrisme, bouilli PIF PAF, facile à avaler pour les ‘sans-dents,’ et les autres. «Le journalisme n’est à la hauteur d’aucune catastrophe car il est lié à toutes» (K. Kraus).
Sur France-Info et France-Inter, les rebellocrates et mutins de panurges[3] sont revenus des festivals de l’été. Pour la saison 2014-2015, on garde les mêmes têtes molles et Onfray comme d’habitude; Rousseauisme lacrymal, Mondial moquette des Droits de l’homme et de l’égalité de proximité. L’économie, la culture, les arts, la politique sont évidemment ‘pour tous’, durables, divers, pluriels, citoyens, collaboratifs. A la bourse des valeurs-valises transgéniques et floues, hausse vertigineuse de la ‘dignité’ et de ‘l’humanisme’. « L’ignorance est une passion » (Lacan).
Le soir, Hors-champs, sur France-Culture, Laure Adler, Catherine II du féminisme pipole, devise doctement avec des apparatchiks de la culture. La théorie déjante. Recettes éprouvées et éprouvantes. Dans une moule à tarte beauvoirienne, étaler une pâte feuilletée à la va-vite. Faire revenir Christine de Pizan et Madame du Chatelet avec de grandes neurasthéniques anglo-saxonnes (Emily et Virginia feront l’affaire) dans une langue sauce piquante sémio-psy à la Kristeva. Assaisonner à la vinaigrette Femen. ‘Non-dit, non dite et signifiance de l’orgasme cosmique chez Hildegarde de Bingen et Sainte Thérèse d’Avila’. Laissez refroidir…Sapho dans la bouche. Pour le Diner party, servir avec une interview château de Duras bien frappée, millésime 1966 ou 1974. « La bêtise insiste toujours » (Camus).
40 ans plus tard le filon n’est pas épuisé. « Ce livre a déjà été écrit par ma mère jusqu’à la dernière ligne. Tandis que je le recopie voilà qu’il s’écrit autrement, s’éloigne malgré moi de la nudité maternelle, perd de la sainteté, et nous n’y pouvons rien[4]… ». ‘L’opéra de Cixioux’ ou ‘La farce des choses’… ? M. D., son alcoolo-dolorisme et ses silences sentencieux n’ont pas servi la cause des femmes. Fausse profonde, fausse rebelle, vraie imposteuse. ‘Papaye, Maman, l’amant et moi’. Nos filles méritent mieux que ce Champomi frelaté, distillé par les rentières stériles du fulminisme. Comme souvent, O. Wilde est dans le vrai: « Les femmes ne sont pas faites pour être comprises mais pour être aimées ». Les hommes aussi d’ailleurs.
La vraie féministe, la femme libre, le grand écrivain, c’est Colette. « Il y eut un temps où, avant de savoir lire, je me logeais en boule entre deux tomes du Larousse comme un chien dans sa niche. Labiche et Daudet se sont insinués, tôt, dans mon enfance heureuse, maîtres condescendants qui jouent avec un élève familier. Mérimée vint en même temps, séduisant et dur, et qui éblouit parfois mes huit ans d’une lumière inintelligible. Les Misérables aussi, oui, Les Misérables, malgré Gavroche; mais je parle là d’une passion raisonneuse qui connut des froideurs et de longs détachements. Point d’amour entre Dumas et moi, sauf que le Collier de la Reine rutila, quelques nuits, dans mes songes, au col condamné de Jeanne de la Motte. Ni l’enthousiasme fraternel, ni l’étonnement désapprobateur de mes parents n’obtinrent que je prisse de l’intérêt aux Mousquetaires[5]… » [1] Dixit la directrice de France-Inter Laurence Bloch. [2] La gazette de Cyrano… ; Cyrano de Bergerac, acte V scène 5. [3] P Murray. [4] H Cixioux, incipit d’« Homère est morte », 2014. [5] Colette ; ‘La maison de Claudine’, 1922.
LA RENTRÉE LITTÉRAIRE : « BROCHET DE LA DOMBES CUIT AU COURT BOUILLON … »
Dans les magazines et chez les libraires, pour guider le chaland, floraison de ‘Post-it-coups de cœur’ (Les incontournables, Génial, On adore, Jubilatoire, Truculent, Vieilles lady indignes comme on les aime, Madame Bovary se lit comme un roman), Goncourt des Maternelles, Lacoste d’or du Roman érotique, Sélection des libraires du Marais poitevin, etc.
Quels auteurs ? Des psychanalystes bavards, des marcheurs mystiques, des journalistes bloagueurs, des historiens qui sautent sur l’oukase, des chercheurs en quête les 5 dernières minutes (….Bourdieu ! Mais c’est…Bien sûr !), des anthropologues aux tristes poncifs, des économistes qui retardent d’une crise, des révoltés atterrants, des grands témoins exhibitionnistes, des analphabètes autodidactes, des légions de Narcisses mythomanes, bavards et perclus. 700 romans, 75 primo romanciers, des hectolitres de soupes claires, lyophilisées, beaucoup de klougs et de doubitchous… Les bizuts ne sont pas forcément les plus mauvais.
Pour retrouver la baraka, J. Littell écrit les mémoires d’un berger allemand en mai 1945. ‘Rastanique’, un collectif de jeunes gens issus de la diversité a rewrité en verlan ‘Le père Riogot’. A. Mnouchkine va l’adapter en rap avec La fouine. Catherine Millet compile des tweets pornos échangés avec Sollers et Houellebecq. M. Darrieussecq, nouvelle Albertine, confesse ses amours gomorrhéennes ; « En 3ème, je me suis fait casser le pot par une grande du lycée René Cassin à Bayonne ». M. N’Diaye et C. Angot l’attaquent pour plagiat psychique. Nina Bouraoui se glisse dans la peau de son pépé de Jijel. 54ème monographie de Benjamin Stora sur la guerre d’Algérie. J. Jaurès écrit une biographie de Max Gallo, Diderot lit des extraits de Lucchini, Keynes a passé un été avec T. Piketty. ‘Comment trouves-tu mes fesses ? Très facilement’. Chiasme ou zeugma ? San Antonio. Le meilleur du Goncourt c’est Drouant.[1]
Fictions, autofictions, riflictions, fluxions, génuflexions et surtout affliction des lecteurs atterrés par les lamentos grotesques et la langue avariée de cuiss(tr)es enregistreuses et de castrats qui jouent les ténors. « Défiez-vous des gens qui disent qu’il faut renouveler la langue ; c’est qu’ils cherchent à produire avec des mots, des effets qu’ils ne savent pas produire avec des idées » (F. Andrieux). Jean Giraudoux, Henri Giraud, Françoise Giroud, Olivier Giroud, Gigi (la bronzée)…encore une autre histoire de France, (M Vinaver, Bettencourt Boulevard, 2014). Pas facile de serrer Lavisse !
Du côté des intellectuels hexagons et des bloggeurs citoyens, l’heure est au désenchantement : âge de fer, roue implacable de l’imperium des affaires, faillite nationale. Tout va de mal en PISA, l’ambiance est délétère. Quelle politique de civilisation ? L’abîme ou la métamorphose ? De vieux Panoramix, qui n’ont pas peur du Kant dira-t-on, méditent encore au milieu de la forêt des Carnutes. Dans la marmite de potion magique, de l’anthropo-cyber-kabbale réchauffée au principe de ré-auto-éco-organisation, une Fondation l’Art pour la Conscience et le Partage des Biens Communs, sans oublier le gui et l’huile de roche. E. Morin, Cincinnatus New Age, creuse le sillon de la paradigmatologie, guidé par le principe d’incertitude logique et l’éthique complexe.
M. Gauchet re-conceptualise la démocratie et les points nodaux liant le redéploiement de l’être-collectif comme du sujet. Régis Debray, cardinal auto-proclamé et bougon de la Médiologie, recycle des épigrammes piquées à Gracian, sur le bon usage politique du ‘mystère’, et la communication ‘Guy déborde’. « Es un gran arte saber como vender viento ». A. Badiou, Mao-métaphysicien-maousse qui défendait Pol Pot dans les années 70, vitupère toujours contre les vipères fascistes. Il ne faut pas jeter le rouge de l’omelette avec les coquilles du bain de sang… A. Finkielkraut, inconsolable, moitié Juvénal-moitié Jacob, lutte contre les anges déchus de la Modernité, les poisons du relativisme, la défaite de la Pensée, et la Ruquierisation des esprits. Rude combat. J. Attali, Raël de la nomenklatura, se projette dans les lendemains de l’avenir du futur avec les Elohim créateurs de l’humanité. Polygraphe multicarte, il vient de pondre un nouveau rapport : « La francophonie et la francophilie, moteurs de croissance durable[2] ». Enough French bashing ! No pasaran !
Les Maîtres ont disparu. Je sauve quelques anciens, écrivains, savants et penseurs de race ; Pierre Legendre, Marc Fumaroli, René Girard. J’en oublie sûrement un ou deux. Le calme après la trompette. « Penser n’est pas une fonction de l’esprit. C’est un sens du corps. A la vérité il y a quatre sens de l’esprit. Rêver, lire, penser, méditer » (…) « Vita viva relecto. Ma vie vivante et revivante au fil de la relecture sans fin[3]»
Nostalgie et mélancolie ringardes ? Je plaide non coupable. L’homme descend du songe (Blondin) et Montaigne rappelle que le magasin de la mémoire est volontiers plus fourni de matière que n’est celui de l’invention. « Il serait vain de se détourner du passé pour ne penser qu’à l’avenir. C’est une illusion dangereuse de croire qu’il y ait même là une possibilité. L’opposition entre l’avenir et le passé est absurde. L’avenir ne nous apporte rien, ne nous donne rien; c’est nous qui pour le construire devons tout lui donner, lui donner notre vie elle-même. Mais pour donner il faut posséder, et nous ne possédons d’autre vie, d’autre sève, que les trésors hérités du passé et digérés, assimilés, recréés par nous » (Simone Weil). Les femmes et les hommes qui pensent sont captivants. Hélas, avec ou sans bénéfice d’inventaire, plus beaucoup de trésors hérités du passé, digérés et assimilés, dans l’héritage à venir. [1] « Brochet de la Dombes cuit au court bouillon avec condiments, œuf poché et vinaigrette au Vadouvan, poulet du Gâtinais avec cuisse farcie aux béatilles, poitrine rôtie, cèpes cuits et crus, mousse glacée à la framboise et aux fruits rouges, arrosés par du Pouilly Fuissé Le Moulin 2011 de chez Jean Manciat et du Médoc Goulée 2008 vinifié par Cos d’Estournel » (Menu du centenaire, 4 septembre 2014). [2] Parmi les 53 propositions du rapport: No 1 Renforcer les politiques d’intégration par l’apprentissage du français aux étrangers non francophones, en France. No 12 Enseigner la musique francophone. No 42 Créer une carte ‘Compétence et talents francophones’. No 53 Transformer à terme l’Organisation internationale de la Francophonie en Union économique francophone. [3] Pascal Quignard, ‘Mourir de penser’, Dernier royaume, IX, 2014.
LA LOI DES TABLETTES: ADIEU MADAME DE MORTSAUF !
Plus redoutables que les algues vertes, les tablettes colonisent le temps de cerveau disponible des jeunes générations. Adieu Michel Strogoff, Sophie de Réan, Phileas Fogg, Croc Blanc. Enterrées Madame de La Fayette et Madame de Mortsauf. Frison et Mazo De la Roche ont dévissé. Les mystères de la chambre jaune et de la disparition des bibliothèques…?! « Tout ça, c’est de l’histoire ancienne, ça n’intéresse plus les jeunes. Ce qu’il leur faut maintenant c’est des héros virils et musclés… ».
Indulgents et philosophes, les Papis ne font pas beaucoup de Résistance : Oui, je sais, je sais… à mon époque on disait déjà cela de la radio, que la télévision rend fou….
Le numérique a du bon. Il hypnotise la jeunesse, sidère les geeks, scotche les étudiants sur les ‘Plateformes d’apprentissage en ligne’, et enfume les citoyens. Les grands plans quinquennaux pour réduire de pseudos fractures numériques permettent de noyer le pois(s)on. Le clic internet, le ‘Virtual Learning Environment’, c’est pratique, moderne, sérieux, démocratique. On se connecte et on la boucle. Exit les difficultés d’apprentissage et de transmission des savoirs, exit les vraies fractures, culturelles ou financières. Farcebook, les LMS, SCORM, blogs, chats, sms et tweets n’ont jamais rien réduit, au contraire. Les factures et milliards d’euros de gabegies bureaucratiques, le matériel obsolète, les logiciels inexistants ou inadaptés, ne réduisent pas non plus.
La vie continue. Pour construire l’avenir, nous devons tout lui donner, ‘lui donner, notre vie elle-même’ ! Brassens aussi est philosophe : ‘Mourrons pour des idées, d’accord mais de mort lente…. Plus prosaïquement, nous devons élever nos enfants. Le 2 septembre c’est la rentrée des classes, « Les rendez-vous d’automne, les secrets, les gelées du matin, les jardins déserts… ». Gérard Manset, vieux samouraï de la chanson française, reprend ses succès dans un nouvel opus, ‘Un oiseau s’est posé’. « 50% tristesse, 50% sagesse ». « Quand on la regarde bien en face, il parait que la vie se trouble et file sans demander son reste » (Nimier).
LA RENTRÉE DES CLASSES : C’EST QUAND LA TOUSSAINT ?
« Je voulais dans mon cartable /Emporter mes châteaux de sable/ Mon cerf-volant, des coquillages /Et le portique de la plage /Maman m’a dit /C’ n’est pas permis /Et puis tout ça /Ça n’ rentre pas ! /Alors j’ai pris un beau stylo /Pour le goûter quelques gâteaux /Et que des choses raisonnables/Plus trois petits grains de sable ! » (P Ruaud, ‘Pour la rentrée’).
Chaque année, les mêmes dilemmes et angoisses de dernière minute.
Changer ou ne pas changer le cartable ? Pourquoi l’école a commandé l’édition 2003 de ‘Comprendre les mathématiques CE1’, épuisée, plutôt que celle de 2008, partout disponible ! Combien de trousses ? Une pour les crayons de couleur et les feutres, l’autre pour le reste. Soit, mais quid de l’équerre et du compas ? Comment étiqueter les Bic et le porte-mine ? Grandes ou petites cartouches pour le stylo à encre ? Effaceur ou Tipp-ex ? Taille-crayon avec ou sans réservoir ? Taille-crayon à un ou deux trous ? Faut-il prendre les affaires de sport le premier jour ? Les Maternelles ‘grande section’ qui font leur rentrée à midi vont-ils à la cantine ? Chaussures à boucles, ballerines ou sandales pour la rentrée ? Que prévoit la météo ? Les cardigans de demi-saison sont trop petits et il manque deux boutons à la blouse de la cadette ! Pourra-t-on récupérer les nouvelles blouses au secrétariat de l’école avant 8h30 ?
«Les filles des filles de 1973 ont 10 ans, la la la la, la la la la … ». Chutttt, le Directeur va prendre la parole… Bonjour les enfants, j’espère que vous avez passez de bonnes vacances; Cette année en CM2 vous avez la chance d’avoir deux très bons professeurs, Madame Wurtzsameurt et Mademoiselle Le Gentilhomme; Les enfants mettez-vous en rang deux par deux, en silence, merci ; Je vais appeler les élèves de la classe de Mademoiselle Le Gentilhomme: Constance Aveline, Sibylle Berger de Gallarda, Esther Leprince, Marie Dieumegarde, Candice Grolé-Virville…
Les enfants s’éloignent en rang deux par deux, dernier travelling, ‘Cria Cuervos’, Porque que te vas…
C’est quand la Toussaint ?
Contact : antoine.adeline@squirepb.com