France, le retour
C’est officiel « La croissance est là… On y est ». La bonne nouvelle a été annoncée par notre Président et P. Moscovici. Elle est encore fragile mais, tel le Concordia au large de l’île du Giglio, la France refait surface. Assez de pessimisme, pensées noires, inquiétude, neurasthénie, dépression, mélancolie ou nostalgie ! Assez de Cassandre et déclinologues. Leibnizien, Coluche rappelle avec sagesse, « La France, comme elle est, c’est pas plus mal que si c’était pire ! ». L’heure de la Reconquista a sonné. L’objectif des 100 000 ‘contrats d’avenir’ pour 2013 devrait être atteint. La France est de retour, l’économie redémarre, le pays repart en s’appuyant sur ses bastions traditionnels, la gastronomie (cela va sans dire), la mode, les femmes, sans oublier l’industrie.
Les femmes. Honneur au beau sexe. (1) Dans ‘Le Parisien’, Ségolène Royal rayonnante, pose en ‘Liberté guidant le peuple’. Bonemine donne sa définition du courage en politique; « Il faut savoir prendre des décisions difficiles, au risque de n’être pas entendu par tous. Oser des réponses neuves quand les anciennes ne fonctionnent plus. Et prendre le risque de décisions impopulaires ». Voilà qui va aller droit au cœur d’Hollandacourcix aux prises avec d’irréductibles bretons et la zizanix Ecotaxe. (2) Lors du concours Miss Monde 2013 à Bali, Miss France, Marine Lorphelin, n’a été décoiffée que sur le poteau, par une philippine qui jouait quasiment à domicile, Mlle Megan Young. 1ère dauphine, 2ème sur 129, Bravo Miss France[1] !
La mode. LVMH, Hermès, Chanel bien sûr, mais saviez-vous que la marinière (Armor lux), la lingerie (Lejaby), et la chaussette française sont de retour ? Misant sur l’excellence, de dynamiques PME hexagonales taillent des croupières aux champions asiatiques. A Montebourg a salué la renaissance de l’atelier de haute-couture de la maison Courrèges à Pau ; «Un nom magique qui a habillé Claude Pompidou, Romy Schneider et, plus récemment, Edith Cresson».
L’industrie n’est pas en reste. Heuliez ferme, Peugeot et l’agroalimentaire souffrent, mais les Airbus, les EPR et nouveaux Solex vont bien. Mieux, l’accélération du chômage a commencé à ralentir, notamment en août dernier, grâce aux nouvelles technologies.[2] Le ministre du Redressement Productif, Hercule de la ré-industrialisation et des relocalisations, après ses 34 ‘plans industriels’[3], vient de publier un essai vitaminé «La Bataille du Made in France». Déjà, au siècle dernier G Marchais vantait la préférence nationale, L Fabius organisait le blocus des magnétoscopes japonais à Poitiers, et E Cresson, mère Courrège, trop en avance sur son temps, déclarait, « La bourse, j’en ai rien à cirer ». « En France, le deuil des convictions se porte en rouge et à la boutonnière » (J. Renard)… comme les bonnets.
‘Oui nide iou’ ! Avec conviction et bon sens, A Montebourg stigmatise le conformisme intellectuel des élites, la désespérance du peuple, la naïveté de l’UE, le cynisme de l’OMC et l’impuissance de la Direction Générale du Trésor. Véritable Super Dupont[4], il prône ‘l’étiquetage patriotique’, appelle M. Sardou[5], le « Buy American Act » à la rescousse, et prévoit un « rétrécissement de la mondialisation ». Il y a un an le rapport Gallois essayait de positiver[6]. Tout le monde est d’accord, il faut passer d’une économie de la quantité à une économie de la qualité. Mais comment remplir le chaudron de sesterces ? « La France a toujours cru qu’une chose dite était une chose faite » (H F Amiel). Ne décevons pas nos dirigeants. Souvenons-nous du poème de Brecht : « J’apprends que le gouvernement estime que le peuple a ‘trahi la confiance du régime’ et ‘devrait travailler dur pour regagner la confiance des autorités’. Dans ce cas ne serait-il pas plus simple pour le gouvernement de dissoudre le peuple et d’en élire un autre ?» [7].
[1] Le concours avait été placé sous haute sécurité du fait de féministes islamistes opposés à l’exploitation de l’image de la femme objet. Le titre échappe à la France depuis 60 ans. La dernière Miss Monde française, Denise Perrier, a été couronnée en 1953 et les ‘Mini Miss’ ne sont pas en odeur de sainteté. Plus baroque, Shoshanna Colmer, 93 ans, survivante d’Auschwitz, a triomphé de 14 finalistes et vient d’être couronnée Miss Shoah (concours controversé organisé par une psychiatre et un centre d’assistance aux survivants de l’Holocauste). [2] …le ‘bug SFR’. [3] Sans compter le plan ‘Com’. [4] Les quadras se souviennent du héros de Gotlib et Siné. S D, patriote économique, boit du vin, mange du camembert, refuse d’être dessiné avec de l’encre de Chine, fume 3 paquets de ‘Gauloises’ par jour pour soutenir la Seita, mais sans les allumer pour ne pas contrevenir à la campagne anti-tabac.1 Superdupont, 2 Amour et forfaiture, 3 Opération Camembert, 4 Oui nide iou, 5 Les Âmes noires, 6 Superdupont pourchasse l’ignoble. [5] Sa chanson « J’habite en France » est placées en exergue du 3 eme chapitre. [6] « Pacte pour la compétitivité de l’industrie française » ; voir Marginalia no 14 et 16. [7] B Brecht, « La solution » (1953).
Des atouts extraordinaires
Une grande terre d’accueil. 550 000 km², 11 millions de km² d’espace maritime (le 2ème au monde) permettent d’accueillir les naufragés, les collégiens sans frontières et toute la richesse du monde.
Une jeunesse en plein Boum. Bonne nouvelle, les françaises sont fertiles et la jeunesse c’est l’avenir. Joyeuse, diverse, ambitieuse, elle ne demande qu’à manifester… sa soif d’exprimer son envie d’apprendre à montrer qu’elle peut se relever les manches. Un signe ne trompe pas, le taux de réussite moyen des élèves de maternelle est passé de 66 % en 1997, à 74 % en 2011.
Un Etat et une fonction publique modernes et dynamiques. Jalousée par le monde entier, elle vient d’entamer une mue décisive, la ‘MAP’ (‘Modernisation de l’Action Publique’), qui succède à la ‘RGPP’ (‘Révision Générale des Politiques Publiques’). «La France est une bureaucratie tempérée par l’instabilité gouvernementale» (J Giraudoux).
Des artistes, des intellectuels, des consciences. Engagés, visionnaires, durables, ils ne mâchent pas leurs mots, ils veillent : E Morin, M Gauchet, F Beigbeder, M Houellebecq, L Deutsch, J Balasko, Dieudonné, G et N Bedos.
Un art de vivre unique au monde. Au choix et au débotté: la pétanque, le Parc Astérix, Euro Disney, le Grand Véfour, le 12 juillet 1998, le Beaujolais, Brassens, ‘Les vacances de M Hulot’, les congés payés, la vie en rose, le Lubéron, le romanée-conti 1959, ‘César et Rosalie’, JJ Goldman, les châteaux de la Loire, la joie de vivre, G Jugnot, Paris reine du monde, ’Sempé, ‘Plus belle la vie’, The French touch …
Le Astéri ‘X’ factor
« On y est…». Au-delà des chiffres il y a le ‘Feel good factor made in France’. La vente des antidépresseurs a baissé de 0,3% en octobre. Nos sportifs brillent, les basketteurs sont champions d’Europe, les australiens et les finlandais se sont faits corriger par le 11 tricolore, sans parler de la pétanque. Gérard D, banque centrale du cinéma tricolore, est de retour, du bon côté, celui de la gagne et des winners. Au cinéma Gérard et Atmen Kelif sont «Invincibles». N’en Ch’ti plus ! Champion du MONDE !!!!
Le Astéri ‘X’ factor va booster le moral national. « Nous sommes en 50 avant Jésus-Christ ; toute la Gaule est occupée par les Romains… Toute ? Non ! Car un village peuplé d’irréductibles Gaulois résiste encore et toujours à l’envahisseur. Et la vie n’est pas facile pour les garnisons de légionnaires romains des camps retranchés de Babaorum, Aquarium, Laudanum et Petibonum…».
A la BNF, une exposition retrace la genèse et les exploits du petit Gaulois. Une ‘success story’ bien de chez nous[8]. Tintin est belge, Alix trop romain, Rahan trop sauvage, Bécassine trop bécasse. Astérix reste un quinqua fringuant et dynamique. Depuis 1959, 35 aventures traduites en 107 langues et dialectes, vendues à 350 millions d’exemplaires. Bon timing pour la sortie du dernier album « Astérix chez les Pictes »[9] qui se déroule en Ecosse, sur fond de guerre de clans. Mais l’histoire ne s’arrête pas à Alésia. La France est la mère des arts, des armes et des lois. 65 rois ont précédé Marianne. Plus tard, avec les américains,[10] nous avons réinventé la Démocratie, les droits de l’homme, l’Empire newlook, l’Universel. Les français peuvent s’enorgueillir d’un passé glorieux, d’hommes et de femmes admirables, sans oublier le chevalier d’Eon.
Défense : Sainte Geneviève, Jeanne d’Arc, Vauban, Gambetta, Clémenceau, Moulin, Leclerc, Barthez. Attaque : Guillaume le conquérant, Bayard, Napoléon, M Dassault. Ordre : Louis XI, Louis XIV, Fouché, Vidocq, Valls. Révolte : Vercingétorix, Hébert, Jaurès, Camus, l’abbé Pierre, Mélenchon. Culture : Montaigne, Pascal, Descartes, Voltaire, Hugo, J Ferry, L. Ferry. Management et re-ingenering : Charlemagne, Colbert, Richelieu, Sully, Talleyrand, Mendes France, HEC. Santé et bien-être : Ambroise Paré, Laennec, Hausmann, Pasteur, Decaux. People : Aliénor d’Aquitaine, Anne de Bretagne, Lafayette, la Princesse de Lamballe, BHLVMH. L’ouverture : Toussaint. César et Oscar pour l’ensemble de son œuvre : de Gaulle.
Soyons fiers de ce passé glorieux, de ces fondations solides qui permettent de bâtir un avenir meilleur. «Aux grands hommes la patrie reconnaissante » ! Il y a 30 ans P Nora[11] , le Lavisse des années Mitterrand, avait identifié les « Lieux de mémoire » (1984-1992) chers à l’inconscient collectif national. Ce séquençage génétique patriote est-il toujours valide ? « Qui vit d’espoir meurt de désir » (Proverbe italien).
[8] En 1966 déjà ‘L’Express’ titrait : «Le phénomène Astérix». Le 1er satellite français (1965) avait été baptisé Astérix. [9] Dessiné par D Conrad, scénario de J-Y Ferri. [10] Claudel rappelle joliment, «C’est au bras de la noblesse de France que la démocratie américaine a fait son entrée dans le monde». [11] Il vient de publier d’intéressantes « Recherches de la France», (Gallimard, 2013), à peine plus rassurantes que le dernier opus alcestien, d’A Finkielkraut, « L’identité malheureuse » (Stock, 2013).
Un chef, un programme, un avenir
Assez de Hollande bashing Non, notre Président n’est pas un mou, un indécis. Il a une vision, il travaille sur le long terme, s’intéresse à l’intérêt supérieur du pays et n’a pas les sondages pour boussole. C Bartelone nous éclaire sur la personnalité du sphinx. « Je crois qu’il ne faut pas confondre la bonhomie naturelle qui est celle du Président de la République et la question de l’autorité. Nous sommes nombreux à avoir eu à remarquer, dans son parcours politique, ce qu’était son autorité naturelle. Je lui fais même quelquefois la critique d’être trop secret. C’est peut-être un des responsables politiques les plus secrets ». Critiqué à droite, à gauche, au centre, il est sans doute dans le droit chemin. Laissons le temps au temps. Un chef n’a pas d’amis. 79% d’électeurs mécontents après 18 mois de pouvoir, F. Hollande est un chef. Un chef écoute, fait la synthèse mais ne se laisse pas perturber par les critiques et les jaloux. « La grandeur a besoin de mystère. On admire mal ce qu’on connaît bien » (de Gaulle).
Pause ou pas pause fiscal ? Stop ou encore ? Demain on rose gratis ? La situation est pourtant claire. « Les prélèvements obligatoires seront quasi stabilisés en 2014 et totalement stabilisés en 2015» (P Moscovici). « L’effort de redressement sera réalisé à 80% par des économies en dépenses en 2014, et à 100% en 2015, voilà la trajectoire dans laquelle nous sommes engagés » (B Cazeneuve). Tout le monde se Gauss mais le problème n’est pas simple. Question pour C Villani : dans une géométrie à discours hyperbolique, comment la diagonale du chômage fou, parallèle à la courbe plate de la croissance peut-elle couper l’asymptote de la fiscalité qui tend vers l’infini ? Les fins limiers de Bercy, sur leurs ‘trajectoires’, dans des espaces non euclidiens à 5 dimensions, recherchent 60 milliards d’évasion fiscale annuelle et font la chasse aux fraudes et aux niches. Dans le viseur des « quadrateurs », les propriétaires d’immeubles non occupés -normal en période de crise du logement-, mais aussi ceux qui occupent leur bien immobilier car ils ont le privilège de ne pas payer de loyers[12]. Pas de jaloux. Autre piste à explorer pour une fiscalité juste et réellement progressive, l’impôt sur l’impôt. La logique est imparable, il n’y a pas de fumée sans feux, les riches paieront. Mais attention au double effet «qui se coule». «La France a toujours cru que l’égalité consiste à trancher ce qui dépasse» (Cocteau).
Pause ou pas pause dans les expulsions ? Léonarda, plus célèbre que Léonardo, ravive un vieux débat. Stop ou encore ? A Rom fait comme les roumains ? ‘Nous sommes tous des collégiennes kosovares’ ? La France pays des droits de l’Ogre ? Les juristes connaissent l’adage romain «Dura lex sed lex ». JM Ayraut a justement rappelé, « La base de l’Etat républicain, c’est le droit […] mais c’est aussi l’humanité et la fraternité ». Il n’a pas convaincu ‘Réseau Education Sans Frontières’ qui regrette que rien n’a changé en matière de politique migratoire. Consensus sur ce constat ambigu. A Hidalgo a demandé le retour de Léonarda Dibrani et de Khatchik Khachatrian: « A Paris, cette grande cité de brassage, de mixité, l’objectif que nous poursuivons est de réussir l’intégration et que tous les jeunes Parisiens réussissent leur parcours scolaire, socle de cette intégration ». Pour la réussite, l’intégration, et les hommages de la Patrie reconnaissante, choisir la voie royale (les lycées Henri IV, Louis le Grand, Saint Louis) de préférence à la Bohème (les lycées Picasso, Brassens, Rabelais). « Khatchick dans les près fleurissent, fleurissent…. ».
La Loi c’est la République et vice versa, mais il faut veiller aux formes et ne pas manquer de « discernement ». Dans le Doubs, abstient toi. A défaut de charité –trop morale et pas assez laïque- respectons les formes. Ferme sur les principes et souple dans la mise en œuvre ou l’inverse ? L’objectif c’est l’humanisme ferme, la fermeté compatissante, la police fraternelle, l’ordre discernant, une main de velours dans un gant de fer et réciproquement. Les jésuites et les casuistes au secours de Kelsen. Bientôt des cours de droit naturel à l’ENA et à l’ENM. Il y a la pause, la pause temporaire, la pause de la pause et puis la suspension de cette dernière. La synthèse c’est magique. L’important c’est de ne pas bouger quand on pause, sinon tout devient flou. Rendons à César ce qui revient aux Césars, «Sans le Gouvernement, on ne rirait plus en France» (Chamfort).
Tout est toujours possible. Si le PS et le gouvernement travaillent dur et préparent la France de 2030, le reste de la classe politique ne chôme pas. A droite l’inventaire des prétendants au trône est plus compliqué que celui du quinquennat de N Sarkozy. Le hic c’est la concurrence à tribord, ou comment résoudre le 5eme postulat d’Euclide; « Si une droite tombant sur deux droites fait les angles intérieurs du même côté plus petits que deux droits, ces droites, prolongées à l’infini, se rencontreront du côté où les angles sont plus petits que deux droits ». Le centre se recentre sur son centre, les Verts, le PC et le Front de gauche débattent, se débattent, se battent, pendant que le Front National prospère youp la Boum. En avril 2011, ‘La Revue’ publiait un extrait de discours pour l’élection présidentielle de 2012. Il reste d’actualité pour 2017[13]. Tout est toujours possible. « Un grand peuple défendant une juste cause est invincible» (Napoléon III lors de l’entrée en guerre contre la Prusse en 1870). Chesterton prétendait que l’humanité ne produit des optimistes que lorsqu’elle a cessé de produire des heureux ?!
[12] Voir ‘La Revue’, septembre 2013. [13] « J‘ai pour notre pays une grande et noble ambition. Après les crises internationales qui nous ont durement touchés, après le temps des Jérémiades, de la démagogie et des frilosités, vient le temps du rassemblement. Il faut donner un élan à la nation qui doit retrouver sa fierté et ses valeurs. Il faut réconcilier la France avec elle-même. A l’heure de la mondialisation les clivages dogmatiques et politiciens sont stériles. Non, la gangrène du chômage n’est pas une fatalité. Non, la débâcle écologique n’est pas programmée. Non, l’insécurité n’est pas inéluctable. Oui, il faut redonner l’espoir à la jeunesse. Oui, il faut investir massivement dans la recherche et l’éducation qui développent l’esprit d’entreprise. C’est le travail, le savoir et la culture qui permettront de créer les investissements de demain et de rétablir la confiance. Pas de renouveau sans un projet ambitieux et moderne, un projet pour l’avenir sur lequel je m’engage à rendre des comptes régulièrement. L’heure est venue de réformer en profondeur mais dans la sérénité. C’est la priorité des priorités. Je veux passer un pacte de confiance avec la nation. Non à la langue de bois, Non à la spéculation rapace, Oui aux nouvelles solidarités. Oui à une société et une économie moins corsetée, plus libre. Oui à une France des valeurs vraies, une France plus forte et sure d’elle-même, au sein d’une Europe respectée qui montre la voie dans le nouvel ordre mondial en construction. La route sera parfois difficile mais le consensus est mon combat. Le pays trouvera son second souffle, parce que vous le méritez, parce que votre travail doit être récompensé. N’écoutez pas les mensonges, n’ayez pas peur, ayez confiance, engagez-vous. L’argent existe. Nous sommes riches de nos différences qui cimentent l’unité profonde. Notre travail à tous, nos efforts communs vont payer. Vive la République vive la France ».
Avenir, savoir, Innovation 2030 et FUN
La commission ‘Innovation 2030’
Mandatée en avril pour recenser les atomes crochus entre le monde en devenir et les atouts de la France, présidée par A Lauvergeon, elle a rendu son rapport. Débats phosphorescents sur la 3ème révolution industrielle, les ‘systèmes stratèges avec une vision’, le Web 2.0, le graphène[14], l’innovation ouverte, sauce Rifkin, Luhmann ou Teubner. Pollinisation croisée et travail collaboratif garantis entre C Haigneré, M Serres, D Lombard. N Dufourcq, (Directeur Général de la Banque Publique d’Investissement) et L Gallois, (Commissaire Général à l’investissement) veilleront à la dépense. « Le comble de l’optimisme, c’est de rentrer dans un grand restaurant et compter sur la perle qu’on trouvera dans une huître pour payer la note» (T Bernard).
1er flash-back. Pour ceux qui ont des trous noirs de mémoire, le ‘Commissariat général du Plan’ mis en place en 1946 fut une ‘ardente obligation’ française. En 2006, il est transformé en ‘Centre d’analyse stratégique’, avant de devenir le ‘Commissariat général à la stratégie et à la prospective’ en 2013.
2ème flash-back. Avec, ou de préférence sans Plan ni ‘Think tanks, le français est d’un naturel ingénieux et inventif. Depuis 1900, 56 prix Nobel[15] ont récompensé le génie national. Sans se départir d’éclectisme, la France a donné à l’humanité: la voûte d’arête 1100, la fécondation artificielle des œufs de poisson 1420, la machine à calculer mécanique 1642, le champagne 1688, l’automate joueur de flute 1738, la ceinture de sauvetage 1765, le parachute 1783, la guillotine et le camembert 1791, le piano à pédale 1810, la machine à cintrer 1835, le sous-marin 1863, le vaccin contre la rage 1885, le soutien-gorge (moderne) 1889, la herse écrouteuse 1893, le tube de rouge à lèvres coulissant 1915, le char de combat à tourelle pivotante FT-17 1917, la crème solaire 1936, le bikini (moderne) 1946 , le pneu indéjantable à accrochage vertical (permettant de rouler en cas de crevaison) 1996.
La commission Lauvergeon prolonge d’innombrables études, recommandations et rapports. On citera parmi les plus récents: « L’innovation à l’épreuve des peurs et des risques »[16], « L’innovation, un enjeu majeur pour la France ; dynamiser la croissance des entreprises innovantes »[17]…. « Vous, les français, vous nous avez livré une guerre de papier » (un officier allemand en 1940).
Des concours d’innovation seront organisés avec une enveloppe de 300 millions d’euros en phase d’amorçage. Le logiciel à ‘trouver les chercheurs qui trouvent’ va-t-il détrôner la machine à ‘chercher les chercheurs qui cherchent’ ? A Lauvergeon veut développer « un principe d’innovation« , contrepoint du « principe de précaution« . Une QPC sur le principe « De l’audace toujours de l’audace » n’est pas à exclure. Au-delà des clivages politiques, ‘Atomic Anne’, alchimiste ambitieuse, veut faire de ‘l’innovation’ « une fabrique du consensus ». « Un optimiste, c’est un homme qui plante deux glands et qui s’achète un hamac » (J de Lattre de Tassigny). Le grand Giono est moins terre à terre, et plus écolo[18]. La Commission européenne n’est pas en reste. Son projet «Europe 2020» valorise «la croissance intelligente » et « la croissance inclusive (une économie à fort taux d’emploi favorisant la cohésion économique, sociale et territoriale)». C’est magique ! «Au royaume des idées les faits n’ont pas leur place » (Valéry).
L’avenir passe par le savoir et l’éducation
« Soucieux du blé flamand et du coton anglais… » 60% des diplômés des grandes écoles cherchent à s’expatrier. Jeunes, inconscients, victimes du syndrome de la chèvre de M Seguin, ils reviendront ou seront remplacés par de nouveaux Rasti-gnac. L’esprit de Valmy et d’Austerlitz triomphera des factieux et des émigrés.
M Valls ne pouvant arrêter aux frontières les cerveaux qui désertent, G Fioraso, ministre de la Recherche et de l’Enseignement Supérieur joue son joker i.e. les ‘plateformes de cours en ligne grand public’[19], en français les ‘MOOC’ (‘Massive Open Online Course’). Ces plateformes sont portées par le programme ‘FUN’, (‘France Université Numérique’) lequel comprend 18 mesures pour développer le numérique au sein des universités, avec un objectif astucieux, « la réussite étudiante et l’élévation du niveau de qualification ».
Si l’on en croit les geeks du ‘MRES’ initiateurs du projet, les ‘Plateformes Interactives d’Information sur les Filières Universitaires’ (‘PIFU’) ne sont pas un gadget, mais c’est un « axe majeur de transformation ». Pour les ‘Digital natives’, il faut «utiliser le numérique comme un véritable levier de transformation…de rénovation pédagogique… un écosystème de l’enseignement supérieur », mieux, un « accélérateur de la démocratisation et de la réussite étudiante en France en Europe et dans le monde« [20]. Il serait dommage de se priver d’un axe pouvant servir de levier et d’accélérateur du mouvement perpétuel. « La France, c’est le français quand il est bien écrit. » (N Bonaparte). Un programme ‘TIPTOP’ (‘Triple Intégration Populaire Toutes Options Possibles’) serait dans les tuyaux du ‘Comité d’Observation Objective de la Loi’ (COOL)…« La France est un pur-sang monté par un jockey obèse qui se prend pour le cheval » (H Sérieyx).
[14] Ce cristal bidimensionnel de carbone de la taille d’un atome, a le bon goût de se répartir en ‘hexagone plans’… [15] Marie Curie, née Sklodowska, l’a reçu deux fois, en 1903 (physique) et 1911 (chimie), sans parler de sa fille Irène, récompensée en en 1935 (chimie). [16] C Birraux et J-Y Le Déaut, ‘Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques’, janvier 2012. [17] J-L Beylat et P Tambourin, pour le Ministère du Redressement Productif et le Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche, 2013. Ce rapport propose 19 recommandations et 4 ‘axes principaux’ particulièrement révolutionnaires: (1) Développer la culture de l’innovation et de l’entrepreneuriat, (2) Accroître l’impact économique de la recherche par le transfert, (3) Accompagner la croissance des entreprises innovantes, (4) Mettre en place les instruments d’une politique publique de l’innovation. [18] « L’homme qui plantait des arbres » (J Giono 1953). [19] Le programme s’appuie sur la technologie d’edX, attelage d’Harvard et du ‘MIT’ soutenu par Google. Outre atlantique l’opération ‘Open Course Ware’ (OCW) a été lancée en 2001. [20] Chateaubriand contre le galimatias; “Y aura-t-il après moi d’autres formes d’art à présent inconnues ? Pourra-t-on partir de nos études actuelles afin d’avancer, comme nous sommes partis des études passées pour faire un pas ? Est-il des bornes qu’on ne saurait franchir, parce qu’on se vient heurter contre la nature des choses ? Ces bornes ne se trouvent-elles point dans la division des langues, dans les vanités humaines telles que la société nouvelle les a faites ? Les langues ne suivent le mouvement de la civilisation qu’avant l’époque de leur perfectionnement : parvenues à leur apogée, elles restent un moment stationnaires, puis elles descendent sans pouvoir remonter ».
Morceaux choisis
«Candide ou l’optimisme» (Voltaire, 1759)
« …Tous les évènements sont enchainés dans le meilleur des mondes possibles : car enfin si vous n’aviez pas été chassé d’un beau château à grands coups de pieds dans le derrière pour l’amour de mademoiselle Cunégonde, si vous n’aviez pas été mis à l’Inquisition, si vous n’aviez pas couru l’Amérique à pied, si vous n’aviez pas donné un bon coup d’épée au baron, si vous n’aviez pas perdu tous vos moutons du bon pays d’Eldorado, vous ne mangeriez pas ici des cédrats confits et des pistaches. — Cela est bien dit, répondit Candide, mais il faut cultiver notre jardin. »
« Une certaine idée de la France » (de Gaulle, 1954)
« Toute ma vie, je me suis fait une certaine idée de la France. Le sentiment me l’inspire aussi bien que la raison. Ce qu’il y a en moi d’affectif imagine naturellement la France, telle la princesse des contes ou la madone aux fresques des murs, comme vouée à une destinée éminente et exceptionnelle. J’ai d’instinct l’impression que la Providence l’a créée pour des succès achevés ou des malheurs exemplaires. S’il advient que la médiocrité marque, pourtant, ses faits et gestes, j’en éprouve la sensation d’une absurde anomalie, imputable aux fautes des Français, non au génie de la patrie. Mais aussi, le côté positif de mon esprit me convainc que la France n’est réellement elle-même qu’au premier rang : que seules de vastes entreprises sont susceptibles de compenser les ferments de dispersion que son peuple porte en lui-même ; que notre pays tel qu’il est, parmi les autres, tels qu’ils sont, doit, sous peine de danger mortel, viser haut et se tenir droit. Bref, à mon sens, la France ne peut être la France sans grandeur. » (de Gaulle, ‘Mémoires de guerre’)
« Lettre à la France» (Polnareff, 1977)
« (1) Depuis que je suis loin de toi/ Je suis comme loin de moi/ Et je pense à toi tout bas/ Tu es à six heures de moi/ Je suis à des années de toi/ C’est ça être là-bas. La différence/ C’est ce silence/ Parfois au fond de moi. (2) Tu vis toujours au bord de l’eau/ Quelquefois dans les journaux/ Je te vois sur des photos./ Et moi loin de toi/ Je vis dans une boite à musique/ Electrique et fantastique/ Je vis en chimérique. (3) Tu n’es pas toujours la plus belle/ Et je te reste infidèle/ Mais qui peut dire l’avenir/ De nos souvenirs/ Oui, j’ai le mal de toi parfois/ Même si je ne le dis pas/ L’amour c’est fait de ça. Il était une fois/ Toi et moi/ N’oublie jamais ça/ Toi et moi ! (4) Depuis que je suis loin de toi/ Je suis comme loin de moi/ Et je pense à toi là-bas./ Oui j’ai le mal de toi parfois/ Même si je ne le dis pas/ Je pense à toi tout bas… ».
Un philosophe, un soldat et un baladin font le pari de Bernanos : «L’espérance est un risque à courir». J’ai confiance, gardons espoir, soyez généreux.