« LACUB EST PLEINE »
François 1er (Ave), Benoit XVI (Au revoir), S Hessel (Adieu), H Chavez (Adios), Abou Zeid, Ben Moktar (Adieu ?), G Depardieu, S Berlusconi, DSK (Fidèles au poste), le 60ème anniversaire de la mort du ‘grand Staline’ (Vade retro), les héros, les salauds, les chevaux, les cochons… L’actualité est chargée, plus choc que chic, dominée par des machos. Heureusement, une frêle jeune femme, Marcela Iacub, sauve l’honneur du sexe faible et de la recherche française. Docteur diplômée de l’’École des Hautes Etudes en Sciences Sociales’, chercheuse au CNRS, notre consœur (confrère ?) chroniqueuse pipoleuse a plus d’une corde à son arc: bioéthique, procréation artificielle, végétarisme, sans parler de ses talents littéraires.

Marcela plonge avec délice dans les O troubles de la fontaine de Trévices. Après la reconnaissance médiatique grâce à un Master 2 ‘es Ardisson’, et des provocations de bachelière en chaleur sur la délicieuse ambiguïté du viol et le droit à la prostitution, le temps de la maturité est venu, avec un récit un tantinet vulgaire, « Belle et Bête ». « Tu étais vieux, gros, petit et moche. Tu étais machiste et vulgaire (…) sans aucune culture. (..) Tu te comportais comme un méchant porc, tu n’étais plus la victime de la société mais mon bourreau ». MI a un problème de reconnaissance sociale et intellectuelle. L’incendiaire a le feux aux Ephfesses et souffre du syndrome d’Eros strate. DSK encore en incub-ation après ses excès newyorkais et lillois, a assigné l’autoproclamée Belle et surtout vénéneuse Marcela. « Tout cochon a dans son cœur un homme qui sommeille » (P-H Cami).
 
Lors de son grand oral et des travaux pratiques devant le juge des référés, notre Oana du barreau, passionaria de la liberté d’expression (elle n’hésite pas à se comparer à Voltaire !), 1/3 linote, 1/3 bécasse, 1/3 grue cendrée, a fondu comme une kitHécate. Prise de remords, l’auteure avait cru bon, dans un email, demander pardon à DSK, confessant qu’elle s’était « laissée entraîner » dans son projet éditorial sulfurieux. Ebranlée par cette pièce, la Présidente A-M Sauteraud a jugé que: « la sincérité de la démarche de l’auteure est gravement compromise » par l’envoi du courriel [1]. ‘Le crime était presque sexuel’, et le délit entièrement consommé. Condamnation de la Belle, de son éditeur, et du Nouvel Observateur [2] à verser à DSK respectivement 50.000 et 25.000 euros. Mata Hari jaune n’était qu’une shampooineuse en détresse. C’est bête ! Lilith joue au papa et la maman avec un petit cochon… Sade story ou Harpie end ? « La beauté d’une femme sotte est aussi ridicule qu’un anneau d’or au nez d’un cochon » (Livre des proverbes).

La mode est à l’exhibitionnisme.  Les commandos d’amazones de ‘Femen’, le ventre ou la poitrine maculés de slogans chocs, « F…Church », « Marie, marions-nous »… se jettent seins nus sur les symboles « phallocrates » (récemment les cloches de Notre Dame de Paris). Ce mouvement né en 2008 en Ukraine, chercherait « à déhiérarchiser les valeurs et les comportements en jouant de la parodie, de l’ironie, de la destruction des idoles » dixit une ‘spécialiste’. [3]  Prima facie, le casting pour rejoindre ces ‘Charlie devils’  parait très strict : 1M75, 49 kg, 80 A de tour de poitrine. Du même acabit, « Vamos (Vigilance antimasculine mixte organisée et solidaire)  » et « La Marche des salopes (slutwalk) ». DSK et Berlusconi n’en demandent pas tant, mais Lacub est pleine pour Isabelle Adjani qui n’interprètera pas le rôle d’Anne Sinclair dans le futur film d’Abel Ferrara sur l’affaire DSK (celle du Sofitel). Marcela serait disponible pour faire une pige, interpréter AS, ou même DSK, si Depardieu se défausse. 
Les anthropologues connaissent l’échange réciproque, l’alliance matrimoniale, la circulation des femmes qui lie différents groupes sociaux et cimente la société. Avec les chercheuses post-trans-genre et les barbies en colère qu’il fait Beauvoir, nous sommes passés au libre marché des sexes et des genres… Les structures élémentaires de la nudité et de la nullité ! Marcela la libertarienne a-t-elle un point de vue sur le tabou de l’inceste, le complexe d’Electre et « Peau d’ânesse » ? Pute et soumise ? Difficile de retrouver ses petites dans les nouvelles guérillas de l’égalité sexuelle ! On ne nait pas féministe, on le devient… Prochaine étape Marcela enlève le haut dans ‘Elle’ et ses bas dans la ‘Revue d’Etudes Augustiniennes et Patristiques‘. Les femmes s’inventent… Assez de Bélises ! Deux lectures saines à méditer pour nos Philamantes enragées et Trissotines nihilhédonistes: (1) « Le Château intérieur » (ou « Les Demeures de l’âme ») et le «Chemins de perfection» de Thérèse d’Avila (une forte femme, une vraie, sainte, savante et docteur de l’Eglise. Ultime consécration : son entrée dans la collection de la Pléiade en début d’année) ; (2) « Faut-il réduire les femmes en esclavage ? », un essai de notre confrère Stephen Hecquet, publié en 1955.
 
« ANIMAL FARM »

« Animal, on est mal/ On a le dos couvert d’écailles/ On sent la paille/ Dans la faille/ Et quand on ouvre la porte/ Une armée de cloportes/ Vous repousse en criant /  » Ici, pas de serpent ! » ». Les aficionados (dont je suis) connaissent le premier opus (sorti en Mai 68), de l’immense G Manset. 45 ans plus tard, en attendant Noé, sale temps pour les chevaux qui finissent en lasagnes et Game over, no extra ball pour le tigre de Tasmanie. Les tigres, les éléphants, les rhinocéros et les pangolins se planquent, victimes des braconniers, des sculpteurs et marchands de poudre de perlimpinpin, de Cao Bang ou Bangkok. Depardieu, DSK et Berlusconi, vieux prédateurs dominants, traqués comme des bêtes sauvages par les amazones, ne dorment plus. « La patrie d’un cochon se trouve partout où il y a du gland » (Fénelon).

Au-delà des débats sur la traçabilité des aliments, les lasagnes au cheval ravivent de vieux tabous alimentaires. Les sourates 172 et 173 du Coran sont formelles : « 172. Ô les croyants ! Mangez des (nourritures) licites que nous vous avons attribuées. Et remerciez Dieu, si c’est Lui que vous adorez. 173. Certes, Il vous est interdit la chair d’une bête morte, le sang, la viande de porc et ce sur quoi on a invoqué un autre que Dieu. Il n’y a pas de péché sur celui qui est contraint sans toutefois abuser ni transgresser, car Dieu est Pardonneur et Miséricordieux ». Pour les chinois et les vietnamiens, le porc est au contraire un symbole de prospérité et d’abondance. Les natifs de l’année du cochons sont patients, fondamentalement équilibrés et bien disposés envers leur prochain. Chez les Chrétiens, le spirituel prime, pas de tabous alimentaires : « Ne comprenez-vous pas que tout ce qui entre dans la bouche va dans le ventre, puis est jeté dans les lieux secrets ? Mais ce qui sort de la bouche vient du cœur, et c’est ce qui souille l’homme. Car c’est du cœur que viennent les mauvaises pensées, les meurtres, les adultères, les impudicités, les vols, les faux témoignages, les calomnies. Voilà les choses qui souillent l’homme ; mais manger sans s’être lavé les mains, cela ne souille point l’homme » (Mathieu XV, 17-2046). « Marie-toi, et tu seras heureux une semaine ; tue un cochon, et tu seras heureux un mois ; fais-toi curé, et tu seras heureux toute ta vie » (Proverbe polonais).

Attention au cochon utilisé comme animal de compagnie ; « La présence d’un cochon au sein d’un foyer n’est toutefois pas sans poser de problèmes. En effet, sept foyers sur dix finissent par abandonner l’animal en raison notamment d’un gabarit supérieur à celui annoncé, de problèmes de comportements, de morsures et de destructions. En tant que NAC le cochon ne bénéficie pas de la législation européenne propre aux carnivores domestiques (chiens, chats et furets) ce qui complique fortement son transit ainsi que sa présence dans les locations saisonnières lorsqu’il est détenu par des particuliers. (…/…) » (Wikipédia). Hécate est plus tendance. Elle est souvent représentée comme une déesse tricéphale : une tête de lion, une tête de chien et une tête de cheval (ou de jument…) sur un corps de femme. Mieux encore, la « Chromodoris kuniei ». Cette limace de mer hermaphrodite, à l’avant-garde de la modernité, se sépare de son pénis après avoir copulé, pour mieux s’en faire pousser un nouveau et recommencer de plus belle.

Avant on avait l’estomac dans les talons, aujourd’hui avec les nouveaux scandales alimentaires qui défraient l’actualité, on a l’étalon dans l’estomac… On est foutu on mange trop… Le végétarisme est une des clés pour éviter la catastrophe écologico–alimentaire qui s’annonce. Selon la FAO, l’élevage de 20 milliards d’animaux émet davantage de gaz à effet de serre que tous les transports planétaires. La production de tourteaux de soja pour nourrir le bétail est une cause majeure de déforestation en Amérique latine. Les rejets massifs d’azote par les élevages polluent les nappes phréatiques et provoquent les invasions d’algues vertes. Le recours généralisé aux antibiotiques est un facteur de la résistance accrue de nombreuses bactéries et les élevages fortement concentrés facilitent les transmission et mutations des virus. Enfin la consommation excessive de viande « industrielle » nuit à la santé. Pour fabriquer une protéine animale, il faut sept protéines d’origine végétale. Si l’on veut nourrir neuf milliards d’humains en 2050 en préservant la planète, il va falloir limiter le nombre d’animaux élevés, la consommation de viande et passer au végétarisme… « Les chiens vous regardent tous avec vénération. Les chats vous toisent tous avec dédain. Il n’y a que les cochons qui vous considèrent comme leurs égaux » (W Churchill ). 
 
« BASTA COSI »

De qui Beppe Grillo est le non ? Beppe connait la com et les slogans  (« Basta cosi », « Rendez-vous vous êtes cernés », « Nous allons ouvrir le parlement comme une boite de thon »…). Programme démago avec beaucoup de bon sens. Du côté des sortants et des rentiers du système, l’heure est à la déploration et à la stigmatisation. A bas les mauvais ‘populistes’ ! Mais que met-on dans ce mot valise ? Un populiste c’est un citoyen qui n’est pas content et ose le faire savoir. Les algues vertes de la démocratie prolifèrent en temps de crise, nourries par l’azote de la langue de bois, les virus des promesses non tenues, et l’effet de serre des corporatismes.

Attention, les anti-corps deviennent mutants et, à trop vouloir l’étreindre, fragilisent la Démocratie. Un laborieux travail d’éducation, de pédagogie, et de reconstruction de l’esprit civique attend les femmes et les hommes de bonne volonté, désireux de sauver les acquis et les valeurs d’un Occident qui doute de tout. Au Sud c’est l’inverse, les guerres de religion gangrènent la Cité et les esprits. Ni les colombes, ni les faucons, ni les hirondelles ne font le printemps. La révolte mainstrain, 2.0 et mondialisée se résume désormais au slogan « Dégage ». La pensée, le débat et la dialectique sont dissouts dans le libertaro-libéralisme pluriel, accommodé à la sauce « Harlem shake», ‘con los terroristas…’ Le degré zéro de la politique et l’indignation à développement durable recyclent les slogans; « Il est interdit d’interdire » [4] et ‘No Pasaran’ de Buridan ! L’être a disparu, il reste le néant. « Dans la culture du Sujet-Roi, de l’individu mini-État, chacun est à soi-même une secte, et la société une super-secte gérant l’absurde » (P Legendre).
 
 « Le Prince » a 500 ans cette année. Platon, Machiavel et Hannah Arendt se retournent dans leur tombe. Que font fleurir les mauvaises graines transgéniques de l’indignation Hesselienne ?  MoVimento 5 stelle (le Mouvement 5 étoiles,)  de Beppe Grillo ? JL Mélenchon (notre pépé grillé hexagonal) ? Ou les fantasmes d’un « vrai chef pour remettre de l’ordre » souhaité par 87% des français [5] Qui sème le vent récolte la trompette… avant la grosse caisse et les tambours !? ‘Prova d’orchestra’ (Fellini, 1978) se termine mal. «Il y a une différence fondamentale entre la libération authentique qui accroît notre puissance de vivre humainement et la simple libéralisation des mœurs qui n’autorise les individus à s’émanciper de la Tradition que pour les soumettre aussitôt à la tyrannie de la Mode» (C Lasch). Trois pensées florentines à méditer pour F Hollande, qui se trouva fort dépourvu quand la bise fut venue: «Tout le mal de ce monde vient de ce qu’on n’est pas assez bon ou pas assez pervers», «On fait la guerre quand on veut, on la termine quand on peut», « Rien n’est aussi désespérant que de ne pas trouver une nouvelle raison d’espérer».
 
LE DROIT ET LE TORDU  
 
Beaucoup de juristes, sans culture juridique et ignorants des enjeux normatifs et symboliques de la ‘sanctissima civilis sapientia’, tombent dans le panneau de la religion égalitaire et droit de l’hommiste. La ritournelle qui fait recette, c’est la nécessaire adaptation du droit aux « évolutions sociales », et son refrain planétaire, « Chacun fait fait fait, c’qui lui plait, plait plait… ». La désinstitutionalisation va bon train sur fond de régression biologisante et de « conception bouchère de la filiation [6] La frontière entre le fait et le droit disparait, créant un délire qui côtoie souvent le grotesque. [7] « Le vieux monde se meurt, le nouveau monde tarde à apparaître, et dans ce clair-obscur surgissent les monstres » (A Gramsci).
Sans jouer au père fouettard, il faut garder un minimum de raison et de sang-froid. Un système juridique ne se réduit pas à la broderie ‘ad infinitum’ d’une tapisserie de Bayeux des droits de l’Homme et de l’égalité égalitaire, qui se multiplient comme les pains aux noces de Cana. M Iacub, élève de feu Yan Thomas, a mal retenu les leçons de son Maître qui avait brillamment analysé les fictions juridiques que sont la ‘présomption’ et l’’aveu’. «Connaître les lois, ce n’est pas en posséder les mots, mais en connaître les effets et les virtualités » (« Scire leges non hoc est verba earum tenere, sed vim ac potestatem »). Le droit, contra naturam, construit des fictio legis, c’est un instrument de destitution juridique de la nature, et d’institution civile de la cité. « Le ius civile est celui qui définit le territoire, dessine la frontière d’un groupe humain, en trace les limites et lui donne forme. En son sein, la technique juridique permet l’affectation des choses et des personnes, elle ordonne, institue sur l’horizon d’une permanence qui lui est propre et qui s’affranchit de la géographie, de la nature comme du temps des hommes » (A Chaigneau).

Nous sommes les enfants d’un bloc de ‘faits civilisationnels’, le droit romain. Cette ratio scripta a joué pour l’Occident un rôle de mythe rationnel, une « viva vox juris » (une voie/voix vivante du droit). La fonction heuristique du texte fondateur est de produire la raison. [8] Le « Tiers totémique » est une « Référence fondatrice ». L’amour des institutions est d’essence religieuse et s’appuie sur des mythes extérieurs à l’individu lesquels symbolisent le lien social. [9] Nous sommes ici au cœur d’un montage essentiel, un bouclage social, une manigance d’écritures et de paroles comme procédure de collage. Le travail du juriste c’est « l’art d’inventer les paroles rassurantes, d’indiquer l’objet d’amour où la politique place le prestige, et de manipuler les menaces primordiales ». Sa fonction essentielle est « d’entretenir une mystique de l’utopie enclavée dans une logique de dogme », « Tout système d’institution est un nœud de fables et ces fables s’élaborent en un espace précieux de mots » (…/…) (P Legendre). Ces montages dogmatiques sont à l’œuvre en 2013, par exemple dans le procès opposant la Bête à la Belle, comme ils étaient à l’œuvre, mutatis mutandis, en 1386, à Falaise, quand on instruisit le procès d’une truie qui avait perpétré un « homicide » à l’endroit d’un enfant. [10] 

Rappel : « Les idéaux contemporains du sujet-Roi, fondateur de lui-même, tendent à caricaturer le phénomène de légalité, rejeté du côté d’un ordre social présumé persécuteur, voire annulateur du sujet, de la parole ; les catégories de la différenciation généalogique et notamment l’articulation du père (essentielle au fonctionnement du déterminisme symbolique) sont alors rabattues vers d’incertaines exégèses d’école, esquives commodes de la problématique œdipienne, dont on voit mal, dans ces conditions, ce qu’elle traduit, quant à la loi de l’espèce à laquelle il faut tout de même bien rattacher le sujet. On se tire de ce guêpier par des acrobaties adaptables au goût du jour, doctrines d’apothéose du sujet, du désir, célébrations théoriciennes autour de l’absence de sens, ritournelles sur la jouissance, etc. –discours de suffisance ayant en commun le mépris du Droit et des arts de la loi, et qui sont l’équivalent d’une religion de l’ultra-narcissisme dont se repaît l’homme libéré d’aujourd’hui. Au fond de cette équivoque : l’incompréhension du langage comme institution ». [11]
 
« (…) la forme ultramoderne de l’Interdit nous est proposée comme abolition de l’Interdit, si j’ose dire, son interdiction. (…) Ce paradoxe met en scène le sujet-Roi, l’individu sur-libéré. Mais il faut bien voir que, si la liberté a pris statut d’objet social idéal, aux traductions symboliques indéfiniment multipliées par le développement industriel, cette nouvelle condition de l’homme s’accompagne d’effets normatif en chaîne, d’abord dans l’ordre de la filiation, c’est-à-dire là où se joue l’arrimage du sujet à la loi de l’espèce. Le sujet n’est Roi qu’en apparence, car la doctrine nouvelle des images lui notifie le principe de légalité sous la forme du self-service normatif, la liberté devient diktat de la liberté. Les idéaux de sur-liberté sont, en termes d’identification aux images, l’injonction, à l’adresse du sujet, de s’identifier à sa propre image, autrement dit de prendre en charge le discours des fondements : l’individu doit s’instituer lui-même. Il y a là, en germes, les impasses de l’autofondation, avec à la clé la déconstruction des nouvelles générations, ce que j’appelle la désubjectivisation de masse, nouveau nom de la tyrannie ». [12]
 
La 1ère chambre de la Cour de cassation vient de trancher : pour justifier une demande de rectification de la mention du sexe figurant dans un acte de naissance, la personne doit établir, au regard de ce qui est communément admis par la communauté scientifique, la réalité du syndrome transsexuel dont elle est atteinte, ainsi que le caractère irréversible de la transformation de son apparence. [13] « Litigation: a machine which you go into as a pig and come out of as a sausage » ( A Bierce).
 
CULTURE
 
La Sainte, la maman et la putain
 
 « Quand il y a des perdrix, on mange des perdrix; et quand c’est le temps de la pénitence, on fait pénitence », « Il ne s’agit pas de penser beaucoup mais de beaucoup aimer » (Sainte Thérèse d’Avila).
 
In Memoriam : « Tu m’as dit je t’aime, je t’ai dit attends. J’allais dire prends-moi, tu m’as dit va-t-en ». (Catherine, jouée par Jeanne Moreau dans le chef d’œuvre de François Truffaut « Jules et Jim » inspiré du roman éponyme d’Henri-Pierre Roché). Au début du siècle, Henri-Pierre Roché (Jim) et Franz Hessel (Jules) aimèrent la même femme, Helen Gründ, la mère de Stephan Hessel.
 
« Il y’a péril en la demeure /Depuis que les femmes de bonnes mœurs /Ces trouble-fête,/Jalouses de Manon Lescaut /Viennent débiter leurs gigots /A la sauvette.
Elles ôtent le bonhomme de dessus /La brave horizontale déçue /Elles prennent sa place /De la bouche au pauvre tapin /Elles retirent le morceau de pain ,/C’est dégueulasse/
En vérité, je vous le dis /Il y en a plus qu’en Normandie /Il y a de pommes /Sainte-Madeleine, protégez-nous /Le métier de femme ne nou- /rrit plus son homme/
Y a ces gamines de malheur /Ces gosses qui, tout en suçant leur /Pouce de fillette /Se livrent au détournement / De majeur et, vénalement /Troussent leur layette/
Y a ces rombières de qualité /Ces punaises de salon de thé /Qui se prosternent /Qui, pour redorer leur blason /Viennent accrocher leur vison/A la lanterne/
Y a ces petites bourgeoises faux culs /Qui, d’accord avec leur cocu /Clerc de notaire /Au prix de gros vendent leur corps /Leurs charmes qui fleurent encore /La pomme de terre/
Lors, délaissant la fille de joie /Le client peut faire son choix /Tout à sa guise /Et se payer beaucoup moins cher /Des collégiennes, des ménagères /Et des marquises/
Ajoutez à ça qu’aujourd’hui /La manie de l’acte gratuit /Se développe /Que des créatures se font cul- / buter à l’oeil et sans calcul /Ah! les salopes!/ Elles ôtent le bonhomme de dessus /La brave horizontale déçue /Elle prennent sa place /De la bouche au pauvre tapin /Elles retirent le morceau de pain /C’est dégueulasse. »

(G Brassens, « Concurrence déloyale », 1966).
 
N Ferrer et « L’Arche de Noé »
 
« D´abord avancez les girafes /Et puis les vaches et les chevaux /Les crocodiles et les corbeaux /Les souris, les hippopotames /Et les chimpanzés /Rangez-les-moi bien dans le ventre de l´arche de Noé / Les hommes nous ont gonflé la tête /Avec les guerres et la misère et la bêtise /Alors on a décidé: /Le déluge! / Mais les animaux n´y étaient pour rien /Et c´est pour ça qu´on a fait l´arche de Noé / Alors rentrez les hyènes et les serpents /Les autruches, les pies, les dindes /Et les faisans / Les zèbres, les chèvres/ Les perroquets /Rangez-les-moi bien dans le ventre de l´arche de Noé / Les tigres, les aigles, les buffles, les lièvres /Les mouches et les chameaux /Les éléphants, les tortues, les escargots, les marsupiaux /Les chiens, les chats, les puces, les tiques Les ours et les blaireaux /Rangez-les-moi bien dans le ventre de l´arche de Noé / Et tous les autres qui n´avaient pas pu rentrer /Regardaient la pluie qui commençait à tomber /Ils étaient des milliers devant la porte fermée /Pendant que la mer emportait l´arche de Noé »
(N Ferrer, « L’arche de Noé », 1986).
 
« De toutes les bêtes, l’homme est la plus belle. »  (L Scutenaire).
 
Antoine Adeline


[1] « Les limites de la liberté d’expression ont été dépassées, et le droit à la liberté de création ne peut prévaloir sur les atteintes à la vie privée, qui sont caractérisées » (TGI de Paris, jugement du 26 février 2013).
[2] Alléché par le scandale et la publicité, l’hebdomadaire avait publié les bonnes feuilles du récit.
[3] Nicole Van Enis, … auteuse de « Féminismes pluriels », 2012, disponible sur Amazon.com !
[4] Le calembour inventé par Jean Yanne à la radio, au printemps 68, devient un graffiti politique sur les murs de la Sorbonne deux ‘moi’ plus tard.
[5] Enquête Ipsos,  « France 2013 : les nouvelles fractures » janvier 2013.
[6] Formule de P Legendre.
[7] A Berlin, dans le quartier « jeunes » de Kreuzberg-Friedrichshain, le parti des Pirates qui a quelques élus, a proposé la création de toilettes publiques transgenres « pour les personnes qui ne peuvent ou ne veulent se définir par l’un des deux sexes [hommes et femmes] », Le conseil d’éthique allemand qui conseille le gouvernement sur ces questions considère  que « pour les intersexuels, devoir choisir quotidiennement entre les genres lorsqu’ils se rendent dans les toilettes publiques constitue un obstacle dans la vie de tous les jours ».
  [8] A ce titre, le ‘Corpus Juris Civilis’ de Justinien a statut de totem et d’emblème. Comme l’a démontré P Legendre, il signifie, sur le mode de l’emblème, le principe de signification. Tout cela participe d’une logique dogmatique. Autrement dit, l’assurance légendaire des juristes qu’il existe une logique de la loi pour tous les temps et que les romains l’ont d’abord inventé.
[9] « Les sciences sociales, humaines et gestionnaires, les sciences biologiques et médicales (si entreprenantes dans le domaine des filiations) sont de nos jours un discours normatif, un juridisme qui s’ignore et dont les effets sur le plan symbolique, étant massifs, doivent être soumis à la critique. En enfermant l’interprète, particulièrement le juge, dans le carcan scientiste, nous touchons aux fondements institutionnels de la parole ; dans ces conditions, le Droit participe en toute innocence à la désinstitution des nouvelles générations. » (Pierre Legendre, Leçons VI, éd. Fayard, 1992, p. 359).
[10] Dans les procès d’animaux, une étrange tradition médiévale, il était courant d’envoyer sur les lieux où séjournaient les animaux accusés, un huissier chargé de leur lire à haute et intelligible voix l’assignation à se présenter en personne, tel jour, telle heure, devant l’autorité judiciaire afin que l’état de contumace pût être décrété.
[11] Pierre Legendre, Leçons VI, éd. Fayard, 1992, p. 83
[12] Pierre Legendre, Leçons VI, , éd. Fayard, 1992, p. 96
[13] Cass. civ. 1, 13 février 2013. Déjà en ce sens : Cass. civ. 1, 7 juin 2012.