Le secret le mieux gardé du sud des Caraïbes Bien connu sous le nom de Cartagena de Indias (à distinguer de la ville espagnole dont il hérite son nom), ce port animé de la côte nord de la Colombie a été fondé en 1533 par Pedro de Heredia. Il est ensuite rapidement devenu un pôle majeur du commerce et du transport. Suite aux pillages des pirates de légende tels que la Côte Martín et Francis Drake, au début du 17ème siècle, la couronne espagnole a approuvé la construction de nombreuses forteresses et d’environ 11 km de murs qui entourent la vielle ville. La construction, débutée en 1606, a pris plus de 200 ans, et son impressionnant résultat a été classé patrimoine mondial de l’UNESCO en 1984 et reste parmi les sites les plus remarquables de la ville coloniale. Mais à vrai dire, toute la ville est remplie d’histoire. Le visiteur se trouvera presque immédiatement après son arrivée face à de superbes infrastructures hôtelières placées soit dans de vastes maisons coloniales soigneusement restaurées au cœur de la ville fortifiée, soit tout au bord des plages des quartiers touristiques très fashion de Bocagrande et de la Boquilla.

Lorsque vous vous promènerez dans ces ruelles souvent inondées par les rythmes de cumbia, salsa, merenge et champeta, la remarquable architecture républicaine, italienne et de style colonial des bâtiments de la vielle ville, vous transportera dans un roman de Garcia Marquez. De simples maisons, de grand-cathédrales, pratiquement tous les bâtiments dans le secteur sont dignes d’une carte postale. Il y a le Teatro Heredia, un majestueux édifice dont le chic intérieur républicain accueille une variété de concerts et de manifestations culturelles; la Puerta del Reloj, l’entrée officielle du centre-ville de Cartagena, qui s’ouvre sur le très vivant marché de la Plaza de los Coches; l’Eglise de San Pedro Claver, prêtre espagnol devenu saint grâce à son dévouement pour les esclaves; la Plaza de Bolivar, où des voitures à cheval se garent en ligne devant une cathédrale du 16ème siècle; l’Eglise Saint-Domingue récemment restaurée, dont la place accueille la sculpture de la « mujer reclinada », un don du célèbre artiste colombien Fernando Botero; et beaucoup d’autres édifices remarquables.

Au soleil couchant, allez sur la Place de la douane pour un spectacle pétillant de Mapale, dont le martèlement des rythmes tribaux et airs entraînants se mélange avec des costumes colorés et danses d’influence africaine. De là, allez dîner au Club de Pesca, un restaurant au bord de la baie, situé dans l’île de Manga près de grandes villas classiques, art nouveau et de style mauresque, pour un sultry Latin Jazz Ensemble, des boissons fortes et du poisson frais. La délicieuse cuisine traditionnelle se compose en effet de fruits de mer frais, de riz à la noix de coco et de plats issus des échanges entre natifs, espagnols et afro-descendants. Ces spécialités locales sont complétées par un grand nombre de recettes apportées par les immigrants d’origine italienne, syro-libanaise, allemande ou juive. Après dîner, il est fortement recommandé d’aller étudier la très festive vie nocturne de Cartagena. Retournez au centre ville à Mister Babilla. Cette boîte de nuit où, à partir de minuit, les gens dansent littéralement sur les tables, est légendaire sur la scène locale.

Aventurez-vous à découvrir le château de San Felipe de Barajas. Ecoutez un guide vous raconter les récits de la bataille de Carthagène (1741) lors de laquelle les Espagnols utilisèrent des guérites, des tunnels souterrains et massivement des canons pour repousser les attaques de plus de 23.000 soldats britanniques. De là, dirigez-vous vers le Palais de l’Inquisition, qui restauré conformément à son architecture d’origine (1770), a été transformé en musée. L’exposition des instruments de torture les plus variés rappelle l’époque de la redoutable Inquisition espagnole dans la région (de 1610 à l’indépendance de Carthagène en 1811). Juste en bas de la rue se trouve El Museo del Oro del Zenú, qui décrit l’histoire précolombienne des habitants d’origine de la région, qui sont arrivés en Colombie il y a plus de 8000 ans. Rempli de poterie, d’instruments de musique, de textiles et de bijoux d’or en filigrane, le musée rend également hommage à leurs remarquables innovations agricoles et à leurs systèmes hydrauliques ingénieux conçus pour contrôler le drainage et l’irrigation. Et ne manquez pas l’excellent musée boutique à côté, Galeria Cano, où les collectionneurs peuvent trouver un art colombien haut de gamme, réalisé par des artisans locaux.

Après une délicieuse pause au cours de laquelle vous goûterez les jus de corozo, zapote, nispero ou d’ananas, dirigez-vous vers le Convent de la Popa, un monastère vieux de 400 ans assis sur une colline surplombant Carthagène de 150 mètres. Les locaux gravissent à pied la colline tous les matins, suivant 14 croix représentant les stations de la passion. Traversez la tranquille cour intérieure, où vous verrez une statue de la Vierge de la Candelaria, qui aurait sauvé la ville contre les ravages de la maladie et des pirates. La spectaculaire vue à 360° sur la ville et la baie de Carthagène rend la Popa incontournable.

Enfin, ne quittez pas Carthagène sans avoir visité les îles du rosaire. Faites une brève escale au fort de San Fernando de Bocachica, stratégiquement placé à l’entrée de la baie. L’archipel du rosaire offre une nature magnifique, paradis tropical et naturel. Vous pourrez y visiter l’aquarium ou faire de la plongée sous-marine entouré de dauphins.

Malgré les préjugés qui desservent la Colombie, héritage du contexte de violence et du trafic de drogue, Carthagène est une merveilleuse ville historique digne de la même affluence touristique que Venise ou Prague. Les émeraudes et le café sont certainement les produits colombiens les plus connus, mais ce sont les gens et la culture qui font de Carthagène un véritable bijou à découvrir.