L’été fut chaud et plutôt calme, les français en vacances en Hexagonie et en Grèce, les ministres un peu et le Président si peu. Il n’aime pas les vacances, il préfère l’action et le contact avec ses concitoyens. Le fort de Brégançon et la chaumière de Mougins ont été loués à des qataris, à l’abri de l’ISF, en attendant d’être mis en vente ou réhabilités en pénitencier pour satisfaire les besoins croissants de Manuel Valls. Picasso, habitué de Mougins, se retourne dans sa tombe.

Les journalistes ont aussi pris leurs congés et les nouvelles furent rares, un peu de foot, de la natation à Barcelone, de l’athlétisme en Russie, quelques déraillements ferroviaires, des prisonniers en cavale, Manuel a valsé à Cannes, capitale de la bijouterie et du négoce de pierres précieuses, profitant d’une visite guidée par BHL à la Fondation Maeght. Ce n’est pas un privilège, mais une marque d’estime ! À tout seigneur, tout honneur. Le sieur Depardieu, héros d’Alexandre Dumas, citoyen russe ayant transféré sa résidence de la rue du Cherche Midi dans la commune de Néchin, fief Mulliez, tourne et retourne en France sur les « naturalisés » du foot business. Banier, DSK, Jérôme, Nanard restent sous les projecteurs, mais rien de bien nouveau, il faut attendre le retour des juges d’instruction. Quelques frémissements dans l’affaire Bettencourt où tout est sans cesse remis en cause. La rentrée sera donc chaude pour les « affaires », dont certaines affectent le président sortant. Cet été, Jacquot n’a pas rendu visite à son ami François à Saint-Tropez, Bernadette l’a assigné à résidence surveillée en Corrèze. Faut-il se réjouir que la fin du mois d’août ait été animée par les tendances belliqueuses de notre président en exercice ? Le va-t-en-guerre va-t-il convoyer notre armée du Mali en Syrie ?

On ne peut gouverner sans prendre de risques, ni faire de la mousse au chocolat sans casser des œufs. Un candidat se doit de faire des promesses, mais n’est pas obligé de les tenir. L’homme normal se transforme en chef de guerre, ce qui n’était pas prévu. Picrochole, le chef à humeur variable, et Kankelitigui, l’homme qui n’a qu’une parole…

Si DSK ne s’était pas empapaouté la savonnette dans la plus belle chambre du Sofitel à New York, on aurait évité pour sûr Flanby et sa dernière greluche, qui a rejeté toute idée de mariage sur M6.

Conflits d’intérêts : n’y aurait-il pas promiscuité entre l’inspirateur de la Constitution de la 5ème République (Michel Debré, aussi fondateur de l’ENA) et le Président actuel du Conseil, un de ses fils, dévoué à Chirac ? Peut-il être le président du tribunal suprême, juge par essence, mais non juriste, sans préjugés et d’une impartialité en béton ?

Et si le Président Estoup croyait bien faire ? Soutenu par un ancien président du Conseil constitutionnel, gaulliste de la première heure. Il s’est récemment exprimé dans les colonnes du Point « Je suis odieux, mais pas malhonnête ». On verra ce qu’en pense la justice de notre pays, « l’avocat du diable » n’étant plus là pour le défendre, alors que les membres du syndicat de la magistrature ont été absous par la Garde des Sceaux, aucune sanction n’étant prise en l’absence de responsabilité individuelle établie, la ministre a choisi l’apaisement, mais…

Indépendance, impartialité, disponibilité à toute épreuve, absence de préjugés, empathie, voici quelques-unes des qualités cardinales indiscutables de l’arbitre moderne. D’aucuns parlent de simulacre, arrangement nocturne, solidarité et secret du délibéré, escroquerie en bande organisée, contrefaçon, faux en écriture, plagiat. Chut, les juges d’instruction réfléchissent.

Écrire à la main, taper à la machine (attention à remplacer le ruban après emploi), renoncer au téléphone, éteindre les rétro et vidéoprojecteurs, toute prise de parole en public pour éviter l’espionnage américain. Alors que les chefs d’entreprise, énarques et « hommes » politiques étaient au calme, trêve estivale oblige, les têtes couronnées ont occupé le terrain médiatique, que ce soit Kate et William, les belges et les hollandais, alors qu’à Madrid on « broie du noir » et à Stockholm du gris Perben, sous l’œil espiègle de Rachida.

L’été a été paramétré par vigilance orange, le limogeage de Delphine Batho, l’élection de Pierre Gattaz à la tête du MEDEF, « la reprise, elle est là » annoncé par fraise des bois le 14 juillet, la faillite de la ville de Détroit, la naissance du Royal Baby, l’alliance entre Danone et Starbucks et j’en passe et des meilleures.

En attendant nos jeunes diplômés s’expatrient, mais les énarques demeurent droits dans leurs bottes, les seniors (dès 50 ans) espèrent l’embellie annoncée (attention au matraquage fiscal qui les guette), Obama baisse les impôts et Christine encourage le pingouin à suivre l’exemple, la réforme de l’État attendra, on se contentera de l’effigie d’une Femen pour Marianne. « Si je reçois le mandat du pays à être le prochain, je veux être jugé que sur un seul objectif… », pari tenu, le roi sommeille.

Un hommage à Bernadette Lafont, égérie de la nouvelle vague post soixante-huitarde, qui s’est retirée prématurément cet été et à Valérie Benguigui.

Les pigeons sont revenus, ainsi que les étrons canins, ceux qui ont séjourné à Londres ou à New York cet été sans même avoir été jusqu’à Genève ou Monaco, apprécient l’état de propreté de Paris dont le maire sortant est fier. Les escalators des métros sont majoritairement en panne, les mendiants à leur poste au coin des rues, les pickpockets qui ont fait les poches des touristes chinois cet été se sont délocalisés dans les campagnes pour détrousser les paysans et la SNCF. En somme, tout va bien, Paris n’a pas changé et chacun a retrouvé son journal gratuit.

Que retenir de cet été ?

Le Cavalieri pense à sa succession. Comme dans le clan Le Pen, une Marina (Angélique, baie des Anges) pointe. Une sacrée paire – Marine et Marina, la fille du bouffone et celle de Jean-Marie forment le couple fusionnel franco-italien, à l’instar du couple franco-allemand épuisé. Le gouvernement a pris des mesures énergiques pour endiguer la pullulation des loups naturalisés du Mercantour rejoints par des hordes de chiens sauvages, des algues vertes sur les côtes d’Armor, des méduses dans le cap d’Antibes, des moustiques voraces partout ailleurs, enrayer la chute des prix de l’or et des œufs, l’émigration de nos jeunes diplômés, la mortalité des huitres plates. Le gouvernement va proposer des mesures pour relever le défi du baby-boom inattendu grand breton, en progression grâce au Royal Baby, futur George VII, l’imprévision des tempêtes de grêle, généraliser l’apprentissage de l’alsacien en Corse et le Breton à la Réunion, recruter des lanceurs d’alerte en vue des JO, légiférer sur la préférence régionale corse et le droit à la diversité. Ce n’est pas tout. Des fonds publics ont été débloqués pour doper l’apprentissage de la géographie et de l’histoire aux seniors, pour distinguer la Macédonie [1] et la Macédoine, inscrire des quotas de pêche de hareng dans la constitution gaullienne, que nos politiques critiquent, mais accommodent dès qu’ils s’installent à l’Élysée. À tout seigneur tout honneur. Bigbang au Conseil d’État qui pourrait abandonner ses « en considérant(s) » et rédiger ses arrêts en français à l’instar de la 10e sous-section. C’est la fin programmée de la phrase unique lardée de moult « considérant que ».

Du blé, du gaz de schiste, la deuxième plus vaste mer territoriale au monde, juste après les EU, une belle forêt, une densité faible, une fécondité/natalité soutenue, des atouts touristiques, du fromage, du vin, des esturgeons dans la Gironde, des mirabelles en Lorraine, des figues de Solliès, des musées toujours plus nombreux, des départements d’Outre-Mer accueillants, des avions qui se vendent bien.

Bonne rentrée et à très vite, en toute confiance. Pour que ça aille, il faut avoir envie, du pep et la foi dans notre jeunesse et l’avenir. Nous avons tout ceci sur nos étagères avenue Velasquez. À défaut, il nous reste l’émigration vers l’Australie, en attendant l’instauration ou l’adoption d’un compte pénibilité pour les fonctionnaires.


[1] Macédonie dont la famille impériale a régné à Byzance.