Il est tout beau, tout neuf. Entre l’Alsace et la Lorraine, un endroit dénommé « l’Alsace bossue » ( grumme Elsass). Dans un écrin de verdure intense, fait de prairies et de forêts. C’est le musée Lalique, tout récemment ouvert au public après une longue gestation du projet et une lente phase de construction.
On a utilisé à Wingen sur Moder, dans le Parc Régional des Vosges du Nord, tout près du haut-lieu réputé de La Petite Pierre, les restes d’une ancienne verrerie désaffectée. C’est le cabinet Wilmotte qui s’est chargé de sauver bien des éléments de l’architecture du bâtiment industriel initial et de les intégrer aux structures les plus modernes, les plus fonctionnelles et les plus lumineuses – verre oblige. Disons d’emblée que c’est une réussite parfaite qui s’étend à l’environnement immédiat (laissons encore la végétation accomplir son cycle) jusqu’à une cafétéria pimpante aux petits menus plaisants et régionalistes.
Hommage juste à une famille de créateurs de génie, dont la dernière représentante Marie-Claude a disparu en 2003. La marque cependant subsiste, éloquente et pérenne, dans l’histoire des arts décoratifs mais aussi dans une production qui se perpétue dans une usine Lalique, sise également à Wingen sur Moder.
Une présentation chronologique fait la part belle au fondateur de la dynastie, Pierre Lalique (1860-1945), dessinateur, créateur de bijoux, verrier qui s’illustrera dans les flacons de parfums, les arts de la table, l’art religieux, industriel avisé, dans l’esprit de son temps, d’abord Art Nouveau avec comme source d’inspiration les fameux trois F : la flore, la faune, la Femme. Ensuite Art déco avec l’utilisation des figures géométriques.
On rassemble ici des pièces d’une variété et d’une inventivité stupéfiantes avec des commentaires précis en français, allemand et anglais pour les visiteurs individuels. On découvre ensuite les travaux de son fils Marc (1900-1977) réalisés en cristal cette fois comme le seront les créations de Marie-Claude, fille de Marc, née en 1935, tous deux héritiers du talent exceptionnel de leur père et grand-père et bénéficiant de la maîtrise des ouvriers verriers de l’usine familiale. La visite s’achève dans une spacieuse salle audio-visuelle et une boutique intéressante quoique un peu chiche, au départ peut-être.
Dans cette région où le bois des forêts, la silice du sable ainsi que l’effort des hommes ont permis la naissance dès le Moyen-âge d’une industrie verrière prospère on pourra à l’occasion de la découverte de ce tout nouveau bijou poursuivre le voyage magique au pays de l’art du feu : site verrier de Meisenthal ainsi que l’éblouissant musée du cristal à Saint-Louis, posé à côté d’une usine où une partie de la production se déroule sous les yeux des visiteurs et où l’on effectue un parcours de rêve dans un art dévolu à la beauté et au luxe.
Le Hors-série de Connaissance des Arts consacré au musée Lalique est impeccable.