L’entente plutôt cordiale : bilan d’un été à Paris ou les réflexions d’un stagiaire anglais Bien que je sois le dernier d’une longue liste d’anglais qui parlent de leur histoire d’amour avec la France, je voulais tout de même vous confier mes impressions. Je me permets d’évoquer l’exemple de Peter Mayle (« Une année en Provence », «Provence Toujours») ou plus récemment Stephen Clarke (« A Year in the Merde », « Merde, Actually »). Pour ceux d’entre vous qui ne connaissent pas leur façon de s’exprimer, c’est une sorte de mélange entre l’amertume et la douceur. D’un coté, ils nous racontent toutes les batailles (perdues) contre la bureaucratie française, les délais quand ils veulent réaliser des travaux alors qu’il suffit d’être le meilleur ami du maire pour s’en sortir. Et puis d’un autre coté, on comprend qu’en dépit de leurs critiques, ils s’installent en France, parce qu’ils sont justement devenus les meilleurs amis du maire. Que ce soit pour la gastronomie, les bons vins, la culture ou la langue, Messieurs Mayle, Clarke, moi-même, et des millions de touristes et retraités anglais séjournent en France.

Arrivé fin avril, je me suis rapidement rendu compte que c’était la bonne période. Les jours fériés du 1er, 8 et 17 mai m’ont permis de m’installer tranquillement. Ensuite, travailler d’un coup, cinq jours d’affilée, a été un choc. Après, je me suis renseigné sur les fameuses trente-cinq heures dont j’avais tant entendu parler – à ma grande surprise, la direction du cabinet m’a donné une très courte réponse! J’avais l’impression qu’elle était venue directement du Président de la République : « Travailler plus pour gagner plus » ? Bon, tout au moins « travailler plus », tout court.

Quand on a l’habitude de voyager, visiter ou même habiter à l’étranger, on attend le moment où on sera totalement intégré – à Paris, il y a différents niveaux d’intégration :

1) Niveau de base : on achète « L’Equipe » et on s’installe dans un café avec un expresso (c’est la phase « prétentieuse », surtout si on se trouve boulevard St Germain) ;

2) Niveau intermédiaire : on mange au restaurant avec la famille (anglaise) et on demande la carte en français, histoire de ne pas être pris pour un touriste ;

3) Niveau élevé : en descendant du Métro, on s’énerve à cause des touristes qui bloquent le passage.

A l’heure où les gens débattent sur le nouveau président de la République (sa politique, sa conférence de presse suite à une réunion avec Vladimir Poutine), les législatives et le prochain chef du PS, c’est votre attitude dans les stations de métro qui révèle le mieux votre intégration à la vie parisienne.

En ce qui concerne le travail et le système juridique français par rapport au système anglais, il y a sans doute de grandes différences. Dans un précédent numéro de La Revue (Marginalia n°3), Antoine Adeline, associé du département contentieux, nous a parlé du « Common law », un terme souvent incompréhensible pour les juristes français mais qui est à la base de toutes nos affaires en Angleterre. Une autre grande différence est que la plupart de nos juges et magistrats sont d’anciens avocats, et non pas juges profanes comme on en trouve en France. J’entends les Français dire que l’expérience commerciale des juges consulaires en France leur donne plus d’autorité en face des parties, qu’elles seraient ainsi assurées que le juge connaît bien leur marché et le monde des affaires. Cela est sans doute vrai, mais par contre, le juge anglais, avec sa formation professionnelle en tant qu’avocat et sa grande expérience du traitement des dossiers et de la rédaction de contrats (au moins dix ans en tant qu’avocat avant de devenir magistrat) le place dans la meilleure des positions pour trancher l’affaire, quel que soit le secteur d’activité.

Cela ne sert à rien de chercher à savoir quel est le meilleur système de droit (la globalisation du commerce a rendu cette question inutile), mais pour moi ce passage en France est l’occasion de voir l’envers du décor et d’expérimenter un système juridique différent avec des juristes dont la façon de penser est différente de la notre. Avec l’harmonisation des lois grâce à l’intervention de Bruxelles, mais également une certaine marge de manœuvre lors de la transposition des directives et règlements, il est devenu impératif que les avocats européens aient une certaine connaissance des systèmes juridiques étrangers, d’autant plus que les approches divergent. C’est là que Hammonds, en tant que cabinet international avec des bureaux en Angleterre, France, Belgique, Espagne, Allemagne, Italie, Hong Kong et Chine, peut offrir, à ses clients et à ses avocats, un réel avantage. Pour tout « Trainee solicitor » francophone embauché par Hammonds en Angleterre, il y a la possibilité de passer quatre mois dans le cabinet parisien.

Au sujet d’une certaine invasion anglaise à laquelle j’ai fait allusion ci-dessus, je rajouterai qu’il y a plusieurs solicitors chez Hammonds à Paris qui ont été formés en Angleterre avant de s’installer en France. Les Anglais sont partout, et pas seulement en Provence et en Dordogne!

En fin de compte, le bilan est positif. Paris en été, avec la Fête de la Musique, le 14 juillet, la Coupe du Monde de rugby, et un emploi au sein d’un des principaux cabinets d’avocats en Europe, la vie est belle !

____________________________________________

Et pour mieux connaître Patrick …

Diplômé en droit et en langue française (Université de Sheffield), ayant passé un an à la Faculté de droit d’Aix-en-Provence (Université d’Aix-Marseille III) et « Trainee solicitor » (avocat stagiaire) depuis septembre 2006 chez Hammonds, avec une expérience à ce jour en droit social et corporate finance, au bureau de Birmingham, Patrick est tout jeune dans la profession.

Il a choisi sa voie dès l’âge de 16 ans, après un stage chez un « barristers’ chambers » en 1998.

Son intérêt pour la France, sa langue et sa culture est né au cours de vacances en famille dans l’Hexagone. Adolescent, il a fait deux échanges scolaires, il a travaillé trois étés dans un camping en Charente-Maritime, six mois à Disneyland Paris (…Non, il n’a pas joué Mickey, ni Minnie !), une année d’études en Provence, et aussi un stage en cabinet d’avocats à Lyon.

Outre le droit et la culture française, Patrick joue au hockey sur gazon, au tennis et au foot. Il va volontiers au spectacle : concerts, comédie…