Bismarck s’est retourné dans sa tombe en 1988, en apprenant la création d’un « conseil franco-allemand de défense et de sécurité » tout comme Clémenceau, le « Père la Victoire » de la Grande guerre, en découvrant qu’une harmonisation des politiques économiques des deux pays avait été décidée en 1975.

France et Allemagne, les deux ennemis ont réussi en 50 ans à mettre sur pied une coopération interétatique quasi inédite dans l’histoire du monde. Depuis la signature en 1963 du traité de l’Élysée, la coopération entre les deux États est remarquable par sa diversité et l’implication dans la vie quotidienne des citoyens des deux côtés du Rhin : l’économie avec l’aventure Airbus dès 1969, l’éducation avec la convention créant les lycées et le baccalauréat franco-allemand en 1972, la culture avec la signature d’un traité établissant les fondements de la chaîne culturelle franco-allemande Arte en 1990, la défense avec la création de la brigade franco-allemande en 1989, la politique étrangère avec la position commune sur la crise irakienne exprimée en 2003 lors du 40ème anniversaire du Traité de l’Élysée et bien d’autres actions qui sont entrées dans les mœurs et n’auraient plus aujourd’hui le caractère « révolutionnaire » qu’elles pouvaient avoir à l’époque de leur mise en place. Les deux pays sont ainsi devenus l’un pour l’autre le premier partenaire politique et économique.

Si les clichés ont la vie dure et des « piques » sont encore assenées (cf. les dernières déclarations sous forme de « conseils » à la France faites par l’ancien chancelier Gerhard Schröder sur le rythme des réformes), la relation franco-allemande, dans la classe politique comme parmi les citoyens est bel et bien empreinte de respect et de bienveillance, parfois aussi d’estime. Une étude d’opinion réalisée en janvier 2013 par l’IFOP pour l’Ambassade d’Allemagne à Paris, souligne que 85% des français ont une bonne image de l’Allemagne et 87% des allemands, de la France. Ainsi même si les jeunes élèves français sont toujours aussi réticents à choisir l’apprentissage de la langue de Goethe, les français n’hésitent pas à louer la « Deutsche Qualität »[1]. De même, si les allemands ont toujours du mal à comprendre la «nonchalance et l’arrogance » des français, ils sont plus de 10 millions chaque année à choisir l’hexagone comme lieu de leurs vacances [2].

« Le mérite des Allemands, c’est de bien remplir le temps ; le talent des Français, c’est de le faire oublier. » Mme de Staël

A l’heure où l’Union Européenne régit plus que jamais le quotidien de millions de citoyens, le tandem franco-allemand sait se reposer sur une amitié éprouvée et jamais démentie pour faire avancer les institutions. Avec l’aide involontaire des autres puissances européennes (la mise en retrait volontaire du Royaume-Uni, les difficultés économiques chroniques de l’Espagne ou le manque de stabilité politique de l’Italie), l’ « axe franco-allemand » donne le tempo de la politique en Europe mais aussi sur la scène internationale. Et si le tandem Hollande-Merkel cherche encore ses repères, les homologues chefs d’État des deux pays ont su perpétuer une tradition d’entente politique au-delà des clivages gauche-droite : de Gaulle / Adenauer, pères fondateurs du Traité ; Pompidou / Brandt ; Giscard d’Estaing / Schmidt ; Mitterrand / Kohl ; Schröder / Chirac ou encore Sarkozy / Merkel.

Qu’elle soit intéressée ou sincère, de circonstance ou immuable, l’Amitié franco-allemande a de beaux jours devant elle.

Chez Squire Sanders à l’image du traité de l’Élysée, les relations franco-allemandes sont intenses depuis de nombreuses années et sans cesse renforcées. Dans un récent numéro (La Revue n° 184, p. 5), nous relations la visite d’une délégation du bureau de Paris au bureau de Francfort. Avec nos confrères allemands, nous offrons à nos clients des deux rives du Rhin des expertises communes et le traitement conjoint d’opérations transnationales.

Le week-end dernier, Christian Hausmann a accompagné à Berlin une délégation de chefs d’entreprise, du Carré des Entrepreneurs (branche des Hauts-de-Seine du Medef), qui a été reçue cordialement par nos homologues allemands, dont les bureaux sont sur les Champs Élysée berlinois, l’avenue Unter den Linden. Il a été notamment question d’immobilier, les prix à Berlin sont toujours attrayants, 2 à 3 fois inférieurs à ceux du marché parisien, dans un environnement actif, tant pour ce qui est de l’immobilier résidentiel que de bureaux. Des échanges riches ont eu lieu sur les fusion-acquisitions, le capital-investissement (private equity), les procédures judiciaires et arbitrales et le développement de la médiation.

A l’occasion du 50ème anniversaire du Traité de l’Élysée, l’association Celsius organisera prochainement une table ronde sur le thème de la transition énergétique en Allemagne et en France (informations auprès dejulie.griffin@squiresanders.com).

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[1] Le mot « automobile » est ainsi dans l’ordre le 4ème mot qui vient à l’esprit des français lorsque que l’on évoque l’Allemagne (après Angela Merkel ; Bière ; Berlin) d’après une étude de l’Ambassade d’Allemagne à Paris et l’IFOP de janvier 2013

[2] Ainsi les premiers mots qui viennent à l’esprit des allemands lorsque l’on évoque la France sont, dans l’ordre : Paris, Tour Eiffel, Vin, Baguette/croissant, gastronomie