Vous connaissez notre engouement pour les « petits livres », comme les petits pains, les petits pots (attention aux petits pots d’une certaine marque internationale), les petits pois… Nous allons donc vous parler d’un « petit livre » que vous pouvez emmener dans votre sac à main, la poche de votre veston, lire dans la rue, dans le métro, à la plage et au restaurant.
Je veux parler d’un opuscule de Michel Tournier publié en 2004, qui porte le titre évocateur et faiblement sarcastique « Le bonheur en Allemagne ? » publié chez Maren Sell Editeur. Vous vous délecterez à la lecture de ces 93 pages et la densité de ses observations un peu débridées où il est question à la fois du grand chancelier Bismarck dont Tournier confirme qu’il a eu un rôle plus que négatif sur l’Allemagne, mais également sur les relations franco-allemandes, des Trümmerfrauen qui ont déblayé les villes allemandes en 1945, détruites parfois à plus de 90% par l’aviation alliée, mais également du chancelier Adenauer directement responsable de l’éloignement des deux Allemagnes (un rhénan obsédé par la séparation entre l’Allemagne du Sud et la Prusse), qu’un autre rhénan, le chancelier Kohl a réunifiées. Tournier vous parle également de littérature, de la Suisse et de bien d’autres choses.
Une citation pour suciter vos papilles :
« Peut-être puis-je ajouter ici une idée paradoxale, mais dont j’ai souvent trouvé l’illustration dans mes voyages : chaque peuple revendique la vertu dont il est en vérité le plus dépourvu. Il en va ainsi du fair-play anglais, du sens de l’honneur espagnol, de la propreté hollandaise et de la prétendue joie de vivre méditerranéenne.
S’agissant de l’Allemagne, il faut se garder de prendre pour argent comptant ses prétentions à l’ordre, le travail, la rationalité, l’efficacité, la méthode. « Ordnung muss sein im Haus ! ». Le travail ? L’Allemagne est le pays d’Europe où le salarié totalise le minimum d’heures de travail. »
Chaque pays s’identifie à un écrivain majeur. Dante en Italie, Shakespeare pour les anglais, Cervantès en Espagne, natürlisch, Goethe, l’admirateur de Bonaparte, pour les allemands. Mais quel est donc le primus inter pares qui personnifie la France ? Vous séchez ? Nous aussi. Il n’y en a pas. Tout au plus, il y a un groupe de tête qu’aucune photo ne pourra départager. Rabelais, bien sûr, Montesquieu pourquoi pas, Voltaire, non décidément pas, Molière et Lafontaine pour la paire, Victor Hugo, Balzac mort trop jeune, Rousseau pour certains. Proust décidément un tantinet suranné, Gide et pourquoi pas Céline, que Frédéric Mitterrand, notre ineffable ministre de la Culture, qui fait rougir Nicolas, a choisi de ne pas célébrer . Et j’en oublie. D’aucun voterons pour Camus, l’oranais ; évitons Sartre, de grâce, il est à remiser. A vous de choisir et faites nous part du résultat. Par défaut, vous pouvez toujours voter Anatole France.
Une dernière recommandation pour vos lectures d’été, 2 livres d’Antoine Blondin que vous trouverez en Poche : « Les enfants du bonheur », où il est également question des relations franco-allemandes d’après guerre et son best seller « Un singe en hiver » qu’Henri Verneuil a massacré dans son film éponyme, malgré la stature de Jean Gabin et de Jean-Paul Belmondo. Ce film que nous avons revu récemment n’est qu’une caricature.