Afin d’optimiser son appel d’offres et donc d’attirer des groupes susceptibles de concurrencer la « chaîne du foot », la LFP a non seulement obtenu du gouvernement un prolongement de la durée d’octroi des droits à 4 ans, ce qui permet aux nouveaux opérateurs d’amortir plus facilement leurs investissement mais a également décidé de proposer non plus quatre mais douze lots de droits différents.
Un exemple des particularités du découpage en autant de lots est que la LFP propose trois lots Prémium :
- 38 matches du samedi soir ;
- 28 autres grands matches du dimanche soir ; et
- 10 des plus belles affiches de la saison (c’est ce dernier élément qui constitue la nouveauté).
Les candidats ont remis le 22 janvier leurs offres qualitatives et devront remettre leurs offres quantitatives le 31 janvier, dernière étape de l’appel d’offre. Ce n’est qu’après l’étude détaillée des dossiers que la LFP dévoilera les douze noms retenus. Dans un communiqué sibyllin publié le 31 janvier au soir sur le site de la LFP, cette dernière annonçait :
“Le conseil d’administration a pris acte avec satisfaction des résultats obtenus à l’issue de cette première phase et a décidé, comme le prévoit le règlement, d’ouvrir une deuxième phase de la procédure, qui couvrira l’ensemble des lots et qui interviendra dans les prochains jours. A ce stade donc, aucune attribution définitive n’a été prononcée.”
Le danger principal pour Canal + (candidat à dix lots sur douze) provient de l’opérateur téléphonique Orange, qui a longtemps gardé le silence sur ses intentions. Toutefois, il semblerait que ce dernier ait déposé des offres sur la totalité des douze lots.
Une guerre psychologique se mène depuis plusieurs mois entre le diffuseur historique et la LFP. En effet, la LFP n’a pas l’intention de brader les droits audiovisuels, estimant que le football est le produit d’appel numéro un de Canal+. En les achetant il y a trois ans, la chaîne a augmenté le nombre de ses abonnés, amorti les coûts et dégagé des bénéfices. Preuves à l’appui, la LFP a déclaré que la chaîne privée avait tout intérêt à soumettre des offres élevées pour conserver les droits.
Cette guerre entre Canal + et la LFP s’est intensifiée et s’est transformée en « guérilla judiciaire ». Canal+ a, dans un premier temps, saisi au fond le Tribunal de grande instance de Paris pour demander l’annulation de l’appel à candidatures. Ce dernier ne se prononcera que le 19 février. Dans l’attente de cette décision, qui n’interviendra donc qu’après la clôture de l’appel d’offres, la chaîne cryptée a déposé un recours en référé pour réclamer la suspension de cet appel d’offres.
Après le Tribunal de grande instance, le partenaire historique a également été débouté devant la Cour d’appel de Paris où il demandait la suspension de la procédure dans l’attente d’un jugement au fond de son action contestant la légalité de l’appel d’offres.
Par ailleurs, la chaîne privée a saisi le Conseil d’Etat d’un recours en référé où elle conteste la décision de la LFP de produire elle-même ses images, mais elle a été déboutée.