- « Marthe et Mathilde » de Pascale Hugues (J’ai Lu n°9778, 6,70€). Un récit riche et instructif sur une page d’histoire racontée à travers l’amitié exceptionnelle de deux femmes, l’une alsacienne, l’autre allemande. L’Alsace, plus précisément Colmar/Kolmar, déchirée entre deux nations, deux cultures, voire trois, abandonnée par deux fois par la France en 1870 et 1940, puis reprise en main brutalement avec pour récompense le centralisme bureaucratique parisien et l’extermination de la langue de Goethe. L’amitié de ces deux femmes, épouses, mères et grand-mères, a survécu aux drames traversés par l’Alsace depuis Louis XIV. Le calme revenu prouve qu’une cohabitation franco-allemande est possible (1945-2013). Le livre est prémonitoire, à la fois du rapprochement de l’Alsace avec son voisin du Bade-Wurtemberg et la fusion inévitable – à long terme – de la France et de l’Allemagne pour le bien des deux peuples et de l’Europe. Un bémol toutefois, le récit s’étire en longueur.
- « De l’Allemagne » de Madame de Staël (2 tomes, GF, Flammarion n°166, 11,60€), considéré comme l’un des premiers essais de littérature comparée lors de sa seconde édition à Londres en 1813. Avant sa sortie en 1810 en France, les exemplaires imprimés avaient été pilonnés et Napoléon avait fait ordonner l’exil de l’auteur, la fille de Necker, au motif que son « dernier ouvrage n’est point français ». A cette époque l’Allemagne en devenir comprenait la Suisse allemande, l’Autriche et la Prusse. Madame de Staël, par cet essai soigné, bouleverse l’ordre napoléonien établi pour plus de liberté et ébranle les préjugés des français vis-à-vis de leurs voisins. Cette somme comparative de deux peuples est toujours moderne et d’actualité en 2013. Sa connaissance de l’« Allemagne » en formation, de ses écrivains, peintres, philosophes et musiciens est remarquable. Germaine de Staël a compris la mentalité des allemands, ce qui les différencie et ce qui les rapproche des français, ainsi que l’influence de la langue sur le comportement. « L’allemand se prête beaucoup moins à la précision et à la rapidité de la conversation. Par la nature même de sa construction grammaticale, le sens n’est ordinairement compris qu’à la fin de la phrase. », « Les poêles, la bière et la fumée de tabac forment autour des gens du peuple en Allemagne une sorte d’atmosphère lourde et chaude dont ils n’aiment pas à sortir. ». Il faut se prénommer « Germaine » ou « Germain » pour comprendre les allemands.
- Le prix de la Coupole décerné à Marcela Iacub pour « La Belle et la Bête », alors que le bouquin de Jérôme Cahuzac va être publié aux Editions Robert Laffont.
- Laissez-vous tenter, vous les hommes, par le numéro 8 de « The Good Life » le premier magazine masculin hybride : « news & life style » (5€).
Design, trendy, bien fait et joliment illustré, même les pubs sont design. Les articles parlent de vin, peintures, sorties, voitures (Good toys), voyages, mode, mais aussi de business, BD érotique (Good trips and tips), gaz de schiste, brandade de morue…
- Avis aux bibliophiles. Faites l’inventaire de votre bibliothèque et dénichez plus particulièrement les livres qui vous ont été dédicacés, voire à d’autres. Une seule dédicace peut vous conduire en prison pour « escroquerie en bande organisée ». Une dédicace même ancienne – par exemple et au hasard, du 10 juin 1998 – peut vous être fatale : « courage président… » avec « mon infinie reconnaissance » de quoi ? On se le demande. « Je vous remercie avec toute mon affection », c’est de l’anticipation et de la science-fiction. Comme il pourrait encore pleuvoir, commencez dès à présent l’inventaire minutieux de votre bibliothèque, livre par ouvrage. Vous y trouverez peut-être quelques dédicaces et pounds oubliées entre les pages. Surtout n’hésitez pas à arracher toutes les pages dédicacées, il en va de votre liberté.