Donner à son livre le nom d’un gâteau à la crème, c’est le pari qu’a fait Tanguy Viel dans son dernier opus intitulé « Paris-Brest » (Les Editions de Minuit, 2009). Pourtant, rien dans ce livre de la fable pâtissière, car il y est bien plus question du tréfonds de l’âme humaine et des premiers souvenirs d’un jeune homme sur ses remords de jeunesse (et son étonnante vie de famille).
Et il y a de quoi s’étonner! Quand certains pensent à améliorer leur bronzage sur quelque plage ensoleillée, le narrateur organise tout simplement, avec un de ses amis, le cambriolage de l’appartement de sa grand-mère. Après « comment j’ai mangé mon père » ou la fable de l’évolution des espèces racontée par un homme préhistorique (Roy Lewis), voici pourquoi j’ai volé ma grand-mère et (sous-titre) comment je m’en suis sorti sans un pli. Dans un autre genre, les fans de Woody Allen se souviendront sans doute de l’anti morale de Crimes et Délits, d’après laquelle le crime paye parfois et l’innocent paye pour celui qui vivra avec son lourd secret.
A ceux à qui le nom de l’auteur fait penser aux brises marines, je préfère enlever toute illusion. Il s’agit de la vie d’un Brestois perdu dans la grisaille ambiante qui ne voit le salut de sa vie terrestre que dans son larcin et le train de la gare Montparnasse. Vie qu’il finit ou qu’il commence, en rédigeant l’autobiographie romancée de sa famille et dans laquelle il règle quelques comptes avec les fantômes de son enfance.
Bref, voici un récit décalé, qui ne ressemble à rien d’autre, mais qui vous saisit de la première à la dernière ligne. Vous trouverez bien un libraire près de chez vous.