LA CULTURE DU MINISTERE

Avec ou sans burqua, avec ou sans américains, avec ou sans Michael Jackson, en Iran, en Irak, dans les Antilles, sur les plages, l’été risque d’être chaud.

Bernard Madoff, estam-pilleur félon et escroc du siècle (lequel ?) n’aura plus ce problème, il est au frais pour 150 ans (heureusement qu’il a plaidé coupable !). Cela lui laisse le temps de publier des mémoires. Nous n’échapperons pas à une adaptation cinématographique de ses carambouilles.

Les emprunts et les come-back sont plus faciles en France que dans le show business international. François Fillon, Daniel Cohn-Bendit et tous les heureux gagnants du jeu des chaises musicales politiques de juin dernier ne démentiront pas.

Saluons l’arrivée d’un nouveau garde des Sceaux, martial et expérimenté. Madame Alliot-Marie continue son combat politique et une collection de maroquins digne de la IVème République. Bonne chance à Madame Dati pour la suite de sa carrière. Choisira-t-elle Strasbourg, la mairie du 7ème arrondissement ou l’exercice de la noble profession d’avocat chez d’excellents confrères ? Le droit mène à tout, même au Barreau. Réponse cet été sur les plages dans « Paris Match » ou, si vous êtes patient, à la rentrée dans « La Revue ». The show must go on.

VANITAS VANITATUM

Michael Jackson n’est plus. Les circonstances du décès du roi de la pop restent mystérieuses. L’inoxydable porte-parole de la famille, le révérend Jesse Jackson, enquête. La star était semble- t- il un gros consommateur d’Oxycontin et de Demerole. Le Di-Antalvic n’est pas en cause, la cote de l’action Sanofi remonte.

Autre icône des années 70-80, Farrah Fawcett a été emportée par un cancer du colon. Sale temps pour les idoles. John Travolta, Madonna et Michel Sardou vont bien.

Foin et loin des futilités d’outre atlantique, Frédéric Mitterrand, le Michael Jackson de l’intelligentsia romano parisienne n’a pas hésité à sacrifier les méditations mélancoliques dans les jardins Borghèse – Roma quanta fuit – et les soleils couchants du Pincio pour payer de sa personne et servir la République sous les ors du Palais Royal. Jack Lang selon une source sure, (lui-même) avait été pressenti. Grand seigneur, il a tenu à préciser avec modestie: « Je n’ai pas cru devoir répondre oui, mais je ne suis pas le seul à pouvoir exercer ces fonctions… ».

En exclusivité, à la manière de, un scoop de La Revue : le générique – voix off – d’un épisode inédit d’"Etoiles et Toiles" spécial Michael Jackson, rédigé par notre Château-brillant national dans le Palatino le ramenant rue de Valois.

« Elles s’étaient données le mot les fées merveilleuses et cruelles du show business et de la pop music, penchées autour du berceau du petit Michael Joseph ce 29 août 1958, à Gary, dans une banlieue populaire de Chicago. Elles l’amenèrent au firmament d’une gloire prométhéenne et d’une renommée planétaire écrasante pour les frêles épaules de la star. Le petit prince des « Jackson Five », cachait mal, derrière des lunettes trop noires et une peau devenue trop blanche, les angoisses de la perte des paradis de l’enfance, à l’image du narrateur de « A la recherche du temps perdu », attendant le retour de la mère absente, en fuyant un père trop sévère. L’étoile filante qui marchait sur la lune cherchait désespérément à exorciser les angoisses de l’âge, les démons de la drogue et le venin de la rumeur, lesquels avaient transformé ses dernières années en une dantesque descente aux enfers, aucun scandale aucune avanie n’ayant épargnée l’idole progressivement dévoré par le plus impitoyable des Moloch, le « star system », à moins qu’il ne s’agisse de la Gloire, ce soleil des morts, cette Médée qui dévore ses enfants en commençant par les plus doués et les plus fragiles, sacrifice cruel mais indispensable pour les rendre à jamais éternels… »

Souvenirs, souvenirs… Les hémorragies du moi, de l’hyperbole et de la nostalgie, une recette éprouvée. Mais nous avons échappé au(x) pire(s). Il faut lire (et voir) le très beau « Lettres d’amour en Somalie » (Editions du Regard, 1982). « Parfois le désespoir est un sentiment calme ».

La mauvaise vie a du bon. « The show must go on ».

CRISE ET TATONNEMENTS: LA CONSTRUCTION D’UNE NOUVELLE GOUVERNANCE ECONOMIQUE ET FINANCIERE

Après le séisme économico-financier de l’an dernier, le grand chantier de la reconstruction d’un nouvel ordre économique et financier se met en place.

En France l’ordonnance du 8 décembre 2008 a officialisé les comités d’audit et notamment le « comité spécialisé ». La mission de ce dernier reste floue : assurer « le suivi du processus d’élaboration de l’information financière [et] l’efficacité des systèmes de contrôle interne et de gestion des risques ». Vaste programme. Ce comité reste sous la responsabilité exclusive et collective des membres du conseil d’administration. Un groupe de travail constitué sous l’égide du Club des juristes doit rendre un rapport de réflexion à la fin du mois pour clarifier le rôle et la mission exacte de cet OVNI corporate.

L’Union européenne, à l’instar des américains, entend également se doter d’une supervision financière renforcée. Un accord de principe a été trouvé le 19 juin par les 27. Trois futures autorités européennes auront pour mission de contrôler les banques, les assurances et les marchés. Un Conseil européen du risque systémique (CERS) sera chargé d’évaluer les menaces potentielles sur la stabilité financière. Ces autorités seront investies de pouvoirs contraignants, qui leur permettront le cas échéant de passer outre l’avis des régulateurs nationaux. Mais leurs décisions ne devront pas empiéter sur les compétences budgétaires des Etats membres. En plus fleuri, « les banques sont globales dans leur vie, mais nationales dans leur mort ». Il est par ailleurs prévu d’attribuer aux gestionnaires de fonds spéculatifs (« hedge funds » mais aussi fonds de capital investissement, de matières premières, d’immobilier ou d’infrastructure) un passeport européen. Les banques devront garder dans leur bilan 5% de leurs créances titrisées.

Dés cet automne la Commission européenne devrait présenter une série de Règlements qui mettront en musique la partition européenne de l’aggiornamento mondial de l’économie. Mais attention, Allegro ma non troppo.

ALLEGRO MA NON TROPPO

Sur l’air bien connu, et mélodieux pour l’avocat du « procès équitable » (article 6 § 1 de la Convention européenne des Droits de l’Homme) , la CEDH a condamné la France et jugé à l’unanimité dans un arrêt du 11 juin 2009 (Affaire « Dubus SA c France ») que la Commission bancaire n’était ni indépendante, ni impartiale. Le requérant dénonçait le cumul par la Commission bancaire des fonctions de poursuite, d’instruction et de jugement. La Cour a accueilli sa demande en raison de l’absence de distinction claire entre les différentes fonctions de la Commission bancaire. Sans remettre en cause la faculté d’auto saisine de la Commission, la Cour souligne la nécessité de l’encadrer davantage pour ne pas induire l’idée d’une culpabilité établie dès l’ouverture de la procédure.

La catharsis sera-t-elle au rendez-vous ? Pas facile de mettre tout le monde au diapason. Pas facile de nettoyer les écuries d’Augias de la fraude en protégeant le bon grain sans noyer le bébé de l’économie réelle dans les eaux trop-picales de la finance off-shore.

Durant sa longue carrière Bernard Madoff a dupé bien des auditeurs, contrôleurs de gestion, « Finance supervisors », comités d’éthique etc. La finance spéculative c’est trop souvent comme le tour de France; les dopés ont une caravane d’avance sur les laboratoires de contrôle. Une idée pour rester… positif; Pourquoi ne pas confier à Bernard Madoff une mission de réflexion, un travail d’intérêt général sur la mise en place de nouvelles règles favorisant la transparence financière ? Madoff nouveau Vidocq !

C’est l’été, “We are the world”, the chaud must go on !

Bonnes vacances à tous et merci pour votre fidélité.

« La Revue » sera de retour à la rentrée, mais nos équipes restent bien évidemment à votre écoute et à votre service tout l’été.