En substance, des individus mal intentionnés se font passer pour le président de la société ou un des dirigeants (par exemple le directeur général ou le directeur administratif et financier) pour obtenir d’un employé, le plus souvent la veille d’un weekend ou durant les congés, qu’il réalise une ou plusieurs opérations financières (le plus souvent des virements) sur le compte bancaire d’un tiers, généralement situé à l’étranger, le tout, en exigeant la plus grande confidentialité. L’employé, persuadé d’avoir affaire à un supérieur hiérarchique, et agissant sous pression, conteste rarement les instructions et les exécute, croyant bien faire.

Le cas récent de la société BRM Mobilier, victime d’une fraude ayant asséché sa trésorerie au cours du mois d’août (plusieurs virements pour un total de 1,6 Million d’Euros), et obligée de demander son placement en redressement judiciaire, illustre parfaitement l’ampleur des risques qui pèsent sur un certain nombre d’entreprises et, partant la vigilance nécessaire pour y faire face.

D’aucuns diront que ce type de situation est rarissime ou qu’elle ne pourrait jamais se produire dans leur entreprise tant il apparaît aberrant qu’un employé puisse jouer le jeu des escrocs aussi facilement. C’est oublier, d’une part, que les escrocs sont doués dans l’art de la manipulation, tant psychologique qu’informatique, et que leurs méthodes sont dignes des plus grands films du genre (utilisation de fausses identités, emails – certains se font passer pour des banques ou même des services de police !), et d’autre part qu’ils sont très bien renseignés sur leurs victimes (sources Infogreffe, Internet ou complicité internes). Si la plupart des entreprises évitent soigneusement d’ébruiter les tentatives ou escroqueries perpétrées dont elles sont victimes, pour ne pas entacher leur image, l’importance des montants détournés – le chiffre de 400 Millions d’Euros au cours des 5 dernières années est évoqué – donne une idée du risque encouru. Multiplication des cas de « fraudes au Président », la vigilance est de mise

En synthèse, cela n’arrive pas qu’aux autres, et il est nécessaire de se prémunir.

Pour ce faire, il est essentiel d’instaurer une bonne communication entre les différents services de l’entreprise : direction, achat, commercial, finance, juridique, afin qu’à la moindre suspicion ou doute, l’information circule rapidement (horizontalement et verticalement) et puisse être traitée de façon appropriée.

La prévention des attaques, passe par la sensibilisation des équipes et ce, quel que soit le niveau des personnels concernés pour développer chez eux un réflexe de méfiance face à des demandes inhabituelles ou présentant un caractère excessif.

Cela implique notamment la mise en place de bonnes pratiques de gouvernance et de contrôles appropriés pour la plupart des opérations induisant d’importants transferts de fonds ou de marchandises – car un détournement de marchandises peut avoir des conséquences tout aussi graves qu’un détournement de fonds pour certaines entreprises. À ce titre, il faut encourager les échanges internes, plutôt qu’une culture du « silence » qui, au final, risquera de desservir l’entreprise. Un simple appel téléphonique à un collègue ou à un responsable peut parfois permettre d’éviter le pire, les escrocs utilisant souvent les emails de l’entreprise pour arriver à leur fin (au pire, il s’agira d’une fausse alerte).

Il est également conseillé de revoir sa police d’assurance pour vérifier si elle couvre ce type de situation et quelles sont les cas d’exclusions.

Précisons que les acteurs de ces infractions sont souvent étrangers et que les enquêtes, une fois ouvertes, sont longues et difficiles (confirmé récemment par le Parquet général et financier). Dès lors, en cas de détournement avéré ou de tentative, une réaction rapide et organisée de l’entreprise, en lien avec ses avocats, les services de police et ses banques sera cruciale pour limiter l’impact de la fraude, et identifier les escrocs.

Prudence et anticipation en la matière éviteront de grandes déconvenues.

Squire Patton Boggs dispose d’une expérience significative en la matière, et accompagne de nombreuses entreprises, tant au stade de la prévention des risques, que postérieurement à une infraction.

Pour toute information, contactez : Alexandre Le Ninivin

Contact : alexandre.leninivin@squirepb.com