Il y a ceux qui, à 23 ans, avaient déjà réalisé de grandes choses et dont la vie s’est parfois achevée en pleine gloire avant la trentaine et il y a ceux qui comme le Prince Charles, à plus de 60 ans, attendent leur tour. Et puis, il y a encore ceux qui, à l’apogée et après une carrière déjà riche, revêtent la robe d’avocat pour prêter serment, à l’instar de Ségolène Royal, Jean-François Copé, plus récemment Dominique de Villepin et Noël Mamère. Rachida ne devrait pas tarder à emboîter le pas à cette brochette d’hommes en noir. D’aucuns se souviendront que Jean-François Copé, 45 ans, président du groupe UMP à l’Assemblée nationale, a rejoint Gide Loyrette Nouel, plus simplement Gide. Le Monde dans son édition datée du 13 octobre 2009 remarquait qu’il n’y avait rien d’illégal dans cette relation entre le président du groupe UMP et le premier cabinet d’avocats français, même si l’ancien ministre est présent sur tous les fronts et organise des colloques sélects. Le Monde ajoutait « Juste un prégnant parfum d’intérêts communs négociés entre bons amis. Une influence, un carnet d’adresses, cela vaut de l’or, sur le marché très concurrentiel des avocats d’affaires. Compter dans ses effectifs le patron de la majorité au Palais-Bourbon, c’est s’assurer d’un soutien sans faille du Parlement, c’est surtout s’attirer les bonnes grâces de ses prestigieux clients. ».

François-Joseph a été promu au grade de colonel à 13 ans et avait 29 ans à la bataille de Solferino. Raymond Radiguet nous a quitté en 1923 à l’âge de 20 ans, d’une fièvre typhoïde, après avoir achevé le « Diable au corps » , que vous relirez avec plaisir, notamment si vous êtes un amoureux des bords de Marne. « Le Bal du Comte d’Orgel » est une œuvre posthume. On ne saura donc jamais, ce que Radiguet aurait réalisé s’il avait atteint l’âge vénérable de 23 ans. Parlant de son père, Raymond Radiguet dans le Diable au corps écrivait, il était « complice de mon premier amour. Il l’encourageait plutôt, ravi que ma précocité s’affirmât d’une façon ou d’une autre. ».
Sachez que Pyrrhus est devenu roi d’Epire en 296 à l’âge de 23 ans, alors que Mark Zuckerberg, fondateur de Facebook, était à 23 ans le plus jeune milliardaire de la planète. Rostropovitch se voyait remettre par Joseph Staline le prix éponyme à 23 ans. Alain Delon obtenait à l’âge de 23 ans la reconnaissance de ses pairs qui le comparaient à Gérard Philipe et Jean Marais, mais également James Dean, mort lui à l’âge de 24 ans en 1955. En 1957, à l’âge de 22 ans, Françoise Sagan publiait « Toxique ». Alain Fournier a achevé « Le Grand Meaulnes » en 1913 à l’âge de 27 ans. Il est mort dans sa 28ème année aux Eparges au début de la grande guerre (22 septembre 1914).

Saluons un jeune homme disparu prématurément à l’âge de 100 ans, en cette année de la commémoration du 200ème anniversaire de la naissance de Darwin. L’ethnologue et philosophe Claude Lévi-Strauss est né presque 100 ans après Darwin. Coïncidence ?!

Il est arrivé maintes fois dans l’histoire de France qu’un roi ou un empereur n’ait pas réussi à imposer sa progéniture sur son trône encore tiède, malgré le système dynastique héréditaire. On se souviendra de l’Aiglon, mais aussi de Loulou, le fils unique légitime de Napoléon III et de l’Impératrice Eugénie, homicidé par flèches à 23 ans sous l’uniforme anglais dans une banale escarmouche en pays zoulou (Afrique du Sud). Si Sedan avait été une belle victoire gauloise, Loulou aurait succédé à son père, Napoléon le Petit, il n’aurait pas eu besoin alors d’émigrer en Angleterre et d’endosser l’uniforme anglais, pour se faire trucider à l’autre bout du monde.

Il y a aussi ceux qui n’ont pas réussi à régner, car disparus avant leur géniteur. Il en a été ainsi des fils de Louis XIV (en 1711, disparaissait le Dauphin et avant lui, ses deux frères, successivement Duc d’Anjou) et de Louis XV. Louis XVIII n’a pas eu d’enfant, ce qui explique que son frère cadet, Charles X, lui a succédé en 1830 sur le trône restauré. Le fils puîné de leur frère aîné Louis XVI, le dernier des Louis (Clovis), n’a pas eu l’occasion d’imposer son fils sur le trône de France, l’ayant perdu en 1792. Vous connaissez les malheurs de Louis-Charles, l’Enfant du Temple, les historiens continuant à débattre sur les circonstances et la date de sa mort. <img id="img-1708862-2310807" src="https://larevue.squirepattonboggs.com/photo/art/default/1708862-2310807.jpg?v=1289505150" alt="Aux âmes bien nées, la valeur n'attend pas le nombre des années
Petites chronique d’histoire » title= »Aux âmes bien nées, la valeur n’attend pas le nombre des années
Petites chronique d’histoire » /> Leur cousin, Louis-Philippe, n’avait que l’embarras du choix, avec cinq fils, dont l’aîné est décédé suite à un accident de « voiture » en 1842 du côté de la Porte Maillot (chapelle Notre-Dame-de-la-Compassion), mais les autres auraient pu régner si Louis-Philippe n’avait pas été renversé révolutionnairement en 1848, ce qui a mis fin à la monarchie française et donné lieu à la Deuxième République, dont est issu par un concours de circonstances invraisemblables le Second Empire. On retiendra le sort du fils cadet de Louis-Philippe, le Duc d’Aumale, qui a été proscrit comme tous les Orléans. Il est revenu en 1871, a redoré son château de Chantilly, complété sa galerie de peintures et a présidé en 1873 le tribunal qui a condamné le maréchal Bazaine pour sa traîtrise à Metz. Henri II, le fils de François Ier, a été plus chanceux, ses trois fils ont régné successivement, François II, Charles IX et puis Henri III, sans oublier la Reine Margot qui s’est illustrée par des intrigues sans fin aux Tuileries, que son court mariage avec Henri IV n’a pas empêché, celui-ci étant plus souvent dans son Béarn natal à chasser tout gibier, qu’il soit à 4 pattes et poilu ou sur 2 pattes et glabre.

Il ne suffit donc pas d’avoir des fils pour qu’ils règnent même dans un régime héréditaire. Jusqu’alors, les présidents de la Vème République, soit n’ont pas eu de fils, soit n’ont pas cherché à accélérer leur carrière.

Ainsi, l’amiral Philippe de Gaulle, a été élu sénateur à l’âge de 45 ans (1986 – 2004) ; le scientifique Alain Pompidou, professeur d’histologie, embryologie et cytogénétique, et fils adoptif de l’ancien directeur de la banque Rothschild, a été élu député européen à l’âge de 47 ans (1989-1999) ; alors que Louis Giscard d’Estaing, le frère de Valérie-Anne, après un passage chez LVMH, a été élu député en 2002 à l’âge de 44 ans.

Le fils aîné de Valéry Giscard d’Estaing, frère de Louis et de Valérie-Anne, Henri Giscard d’Estaing, n’a pas encore été happé dans le tourbillon de la politique et se contente aujourd’hui de la présidence du Club Med, poste convoté par Bernard Tapie, toujours gouailleur et batailleur. Pour être complet, signalons que Henri a été élu conseiller général du Loir-et-Cher, devenant alors à 22 ans le plus jeune élu à ce poste en France, à l’instar d’un certain Jean élu à 21 ans à un poste similaire dans les Hauts-de-Seine.

Le fils d’Armand Fallières, André a été le Député du Lot-et-Garonne de 1919 à 1928, Sénateur du Lot-et-Garonne de 1932 à 1941, Sous-secrétaire d’Etat aux Finances du 10 mars au 23 juin 1926, Ministre du Travail, de l’Hygiène, de l’Assistance et de la Prévoyance sociales du 23 juillet 1926 au 1er juin 1928.

Jean Casimir-Perier (Président sous la IIIème République) était le petit-fils de Casimir Perier, président du conseil de Louis-Philippe. Son père, Auguste Casimir-Perrier avait été ministre de l’Intérieur et Sénateur.

Revenons à Bernard Tapie, le compétiteur d’Henri. L’homme aux multiples chapeaux et à l’épaisse crinière sera-t-il encore dans sa première fraîcheur une fois que les tribunaux saisis par François Bayrou se seront prononcés sur la légalité de la décision des pouvoirs publics (en fait, celle de Christine Lagarde) de soustraire le litige entre l’Etat et l’ancien ministre de la Ville aux tribunaux judiciaires (Cour d’appel de Paris) au profit d’un tribunal arbitral, composé d’éminents juristes encore vert pour la circonstance ? La sentence rendue en 2008 a fait couler beaucoup d’encre.

Népotisme, renoncement et précocité

Le président sorti, aujourd’hui mis en examen, a eu plusieurs enfants, Laurence, Claude, Anh-Dao, originaire du Vietnam et, pense-t-on, un fils putatif aussi originaire d’Asie du Sud-Est, qui aux dernières nouvelles ne serait pas entré en politique. Peut-on parler de népotisme à propos de cette chère Claude, conseillère en communication de son père à l’Elysée jusqu’en 2007 et qui depuis occupe le poste prestigieux de Directrice de la Communication du groupe PPR et membre de son Comité Exécutif ? Mais c’est quoi le népotisme ?

Le népotisme (emprunt à l’italien nepotismo, de nipote, « neveu ») est la tendance de certains papes, et par extension de certains dirigeants, à favoriser l’ascension de leur famille ou leur entourage dans la hiérarchie dont ils sont le sommet. En politique, le népotisme est caractérisé par les faveurs qu’un homme au pouvoir montre envers ses parents ou amis, sans considération du mérite ou de l’équité, de leurs aptitudes ou capacités. (Wikipedia).

Selon le Dictionnaire de l’Académie française (1932-35), le népotisme, qui semble être entré dans les mœurs de la république vertueuse, est défini sans fard : « il se dit, par extension, de la faveur excessive qu’un homme en place montre envers ses parents, ses protégés ». Ou encore, « complaisance qu’un homme en place montre pour ses parents, ses protégés, auxquels il procure des avantages, des passe-droits ».

François est incontestablement l’ami de Jacques. Leur amitié est ostentatoire lorsqu’ils déambulent devant Sénéquier, jouent aux boules ou s’envoient un pastis derrière la cravate sur la fameuse terrasse, avec ou sans tête de veau. Alors l’ascension fulgurante de Claude au sein du groupe PPR est-elle due à une acception moderne du népotisme ou à ses seuls mérites ? Le parrain de la fille d’un ami est-il susceptible de pratiquer le népotisme, comme d’autres jouent au golf ou s’adonnent au parapente ? Tiens « parrain », parrainage, la Sicile, la mafia, cosa nostra. Quel lien entre les parrains, les neveux, les oncles et les papes ? C’est une grande famille et ce n’est pas Charles Pasqua qui nous contredira.

Peut-on parler de népotisme à propos du neveu de feu François Machiavel, ci-devant ministre de la Culture depuis le 23 juin 2009 ? Début octobre lorsque je préparais mon avant-dernier éditorial, j’avais supposé à tort que le neveu démissionnerait après avoir été rattrapé par ses propres écrits. On savait déjà que les politiques évoluent dans leur discours et n’en démissionnent pas pour autant. Il n’y a que les mulets qui ne changent pas d’avis. Il en allait autrement des écrits, singulièrement quand ils ne traitent pas de politique, mais de philosophie ou de sociologie. Et bien, je me suis trompé, le digne successeur de Jack Lang et d’André Malraux, au Palais Royal, s’accroche à son fauteuil art-déco.

D’aucuns pensent que la carrière politique de Martine a quelque chose à voir avec le prestige de Jacques, mais il ne s’agit pas à proprement parler de népotisme. Jacques D. n’était pas pape et Lamartine n’était pas son neveu. Les gens bien intentionnés murmurent que c’est le prédécesseur de Martine à la Mairie de Lille qui lui a fait la courte échelle au PS et l’avait brièvement posée au comité de direction de Pechiney, alors rue de Balzac.

Les journalistes ont été friands ces dernières semaines du terme « renoncement » lorsqu’ils relataient certains événements dans les Hauts-de-Seine à propos d’un certain organisme de La Défense. Que nous dit le dictionnaire ?

Action de renoncer à quelque chose, de cesser de rechercher ce à quoi on tenait, de s’en détacher : Renoncement aux honneurs.

Action de se priver de toute satisfaction personnelle ou égoïste, de s’oublier soi-même : Mener une vie de renoncement. (Larousse)

Peut-on renoncer à quelque chose qu’on n’a pas encore acquis ?

Il aurait été plus correct d’utiliser « renonciation » ou « abandon » ou pourquoi pas « abdication ». Il y a dans renoncement une part d’abnégation et de sacrifice et aussi de dépouillement. Renoncer à se présenter à un poste électif n’est que rarement du renoncement. « Gros Jean comme devant ».

Il y a encore Marie, fille légitime de José, candidate aux élections régionales en Aquitaine et Marine, qui succède avec panache à son père à la tête du FN et n’hésite pas à mettre le ci-devant cité ministre de la Culture devant ses écrits.

Alors, que se passe-t-il chez les Villepin dont nous connaissons une fratrie de trois ? L’aînée, Marie Steiss, 23 ans, est mannequin et actrice, Arthur, 21 ans, est étudiant en littérature-hypokhâgne et la cadette, Victoire, 20 ans, est étudiante à l’Ecole des Hautes Etudes Commerciales. Les verrons-nous prochainement en campagne dans les Hauts de Seine, ancien fief de C. Pasqua ou à Blois, ancien fief de J. Lang ?

Aux âmes bien nées, la valeur n’attend pas le nombre des… Aînés.

Bon magazinage de Noël et à la revoyure, le mois prochain.