• Les libraires se régalent, c’est la saison des prix littéraires et la cerise sur la tomate est la sortie du « Bal des hypocrites », publié Au diable Vauvert, de Tristane Banon, qui sur 128 pages règle ses comptes avec « l’homme babouin ». Pour faire un pendant équitable à la journaliste devenue romancière, Anne Sinclair est l’héroïne du livre « Madame DSK, un destin brisé » des journalistes Renaud Revel et Catherine Rambert. Aucun de ces livres ne prend en compte l’actualité du Carlton. Qui va l’emporter en nombre d’exemplaires vendus ? De retour de Washington, Anne Sinclair pourrait prendre les « rennes » de la version français du Huffington Post, premier site Internet d’information aux États-Unis, à moins qu’elle rejoigne l’Express pour succéder à Françoise Giroux.

• En poursuivant dans le rayon de la littérature politique people, d’aucuns parlent avec éloge du testament, roman-photo « Coups et blessures, 50 ans de secrets partagés avec François Mitterrand » de Roland Dumas. L’homme, aujourd’hui âgé de 89 ans, a eu une existence riche, résistant, fils d’un père fusillé par les allemands en Dordogne en mars 1944, avocat médiatique, ministre des affaires étrangères, président du Conseil constitutionnel, provocateur, compagnon d’un temps de Christine Deviers-Joncourt, la « putain de la République », retraité actif en Côte d’Ivoire et ailleurs en Afrique, faisant équipe avec son confrère mal aimé Vergès. Il ne figure pas dans la pile des livres à lire absolument, ce qui ne vous empêche pas de le consommer avec modération et de nous faire part de vos impressions, ce dont la rédaction de La Revue vous remercie par avance. Sachez que nous publierons votre compte-rendu de lecture dans notre édition de novembre. Roland Dumas est décidément infatigable. Il est aussi l’auteur à quatre mains avec son comparse Jacques Vergès de « Sarkozy sous BHL » qui est sur l’étal de vos libraires (Chez Pierre-Guillaume de Roux Éditions, Collection PGDR Éditions)

• Si vous avez aimé « La Princesse et le Président », sachez que VGE vient de publier son quatrième roman de fiction intitulé « Mathilda » (rien à voir avec Diana) aux éditions XO (ce n’est pas du porno) et Hervé Gaymard, père de famille nombreuse, ancien ministre de l’Agriculture et locataire de l’État publie « La France et son armée ». Il faut bien s’occuper.

• Après le match du siècle – All Blacks contre les Bleus ovaliens – qui a permis à 15 millions de téléspectateurs français de vibrer devant les prouesses des coqs français, victorieux à un point près, reçus à l’Élysée, chacun des joueurs empochant une prime de €140.000, allez donc voir l’exposition sur la culture Maoris au Quai Branly. S’agit-il d’une imposture ? Parler et montrer la culture Maori en Nouvelle Zélande avant l’occupation des anglais au 18e siècle est bien. Par contre, l’exposition laisse entendre que ce peuple serait heureux, un peu comme le bon sauvage de Jean-Jacques Rousseau. Le philosophe du 18e siècle a enseigné la pédagogie (relisez l’Émile), ce qui ne l’a pas empêché de confier ses cinq enfants naturels à l’assistance publique. C’est un peu se qui se passe en Nouvelle-Zélande où de nombreux Maoris, tatoués ou non, sont au RMI local et s’adonnent durablement à la bière. Pour vous en convaincre, lisez « L’âme des guerriers » d’Alan Duff (1990, Babel). Il est possible que la condition des Maoris se soit améliorée au cours des 20 dernières années, mais pas au point d’en faire un peuple heureux. Il est vrai qu’en 1987, le maori devient la deuxième langue nationale après l’anglais. Les premiers maoris arrivent à Aotearoa au Xème siècle de Polynésie, alors que cette grande île était vide de toute occupation humaine. Ils sont colonisés par des européens (hollandais et anglais à partir de la fin du XVIIIème siècle). L’exposition nous montre qu’il s’agissait d’un peuple guerrier, marin et dépositaire d’une culture agressive et d’une langue vernaculaire, ce qui fait la force des All Blacks. A découvrir avec modération.

• Fra Angelico, le maître de l’art sacré « Beato Angelico », chez Jacquemart-André. Voilà une exposition remarquable, dénuée de toute controverse ou critique, loin de la morosité ambiante. Laissez-vous pénétrer par la modernité de ce peintre dominicain, sa maitrise des couleurs et ses scènes réalistes, dans l’environnement toujours exceptionnel de l’hôtel particulier des époux Jacquemart-André.

• Georg Baselitz au MAMP. Le peintre est-allemand s’est converti à la sculpture monumentale. Il manie la hache, la scie et la tronçonneuse comme un bucheron québécois. Est-ce de l’art ? La réponse n’est pas facile. Il n’en demeure pas moins que ses personnages de plusieurs mètres de haut sont expressifs avec leur peinture à l’instar de celle des Indiens d’Amérique. Ces sculptures disposées dans un vaste espace, loin de toute cohue, impressionneront vos petits enfants à partir de l’âge de 3 ans. Si vous êtes de passage dans le Bas-Rhin, nous vous recommandons de visiter Adrien Meneau qui lui aussi s’est fait une spécialité sur bois à la tronçonneuse. Il travaille actuellement un projet de sculpter des dizaines de personnages destinés à une exposition itinérante illustrant les légendes d’Alsace. Vous le trouverez en plein travail dans la scierie Trendel à Haguenau. Pour nos lecteurs, probablement nombreux qui connaissent mal le nord de l’Alsace, sachez que Haguenau se trouve à égale distance entre Strasbourg et Weissenburg, capitale de l’Outre Forêt.

• Claudine Malraison expose à la Maison d’Alsace sur les Champs Élysées, à côté de Pinault pizza. Le thème de l’expo est « Alsace blues », des alsaciennes en bleu dans tous leurs états et atours. Claudine est une spécialiste de la bouche. Comparez ses œuvres avec l’Alsacienne de Jean-Jacques Henner. Le nom exact est « l’Alsace, elle vous attend », peint en 1871 par Henner pour être offert par un collectif de dames de Thann à Gambetta après Sedan. Léon en fera sa fiancée et nous autres devrons attendre jusqu’en novembre 1918, une petite cinquantaine pour que l’attente cesse. Si vous passez par Strasbourg ne manquez pas de rendre visite à Tomi Ungerer en son musée, 2 avenue de la Marseillaise qui vaut le détour.

• A la Pinacothèque, voisine de Fauchon à la Madeleine, vous pourrez admirer l’expressionisme allemand exposé en ses deux composantes le « Blaue Reiter » de Munich et « die Brücke » de Berlin. Le choix des œuvres est remarquable, mais les salles d’exposition de la Pinacothèque plutôt tristounettes. Aujourd’hui un musée est un lieu de regroupement, l’architecture compte autant que le site (voir Pompidou à Metz, la piscine à Roubaix ou les abattoirs de Toulouse, sans oublier les classiques comme, Orsay en grève, la Modern Tate et j’en passe. Un musée c’est aussi de la lumière, des espaces et des extérieurs (fondation Maegh à St Paul de Vence), les 3 composantes se répondant et se complétant comme une œuvre de Le Corbusier. C’est ce qui manque à la Pinacothèque.

• Le musée Cocteau a ouvert ses portes le week-end dernier à Menton, grâce à la donation généreuse et somptueuse de Sévein Wunderman (traduisez « l’homme merveille »). Nous en reparlerons.

• Sachez, supporters de Stéphane Hessel, que l’auteur du best-seller « Indignez-vous !» soutient la candidature d’Eva Joly – voilà qui nous réconforte – alors que les disciples de ce nonagénaire actif se multiplient dans le monde dans un mouvement d’indignation collectif.

• Johnny Halliday donnera un unique concert exceptionnel au Royal Albert Hall le 15 octobre 2012. Réservez vos places dès à présent, à moins que vous ne préfériez voir Richard Anthony, un autre jeune né en 1938, annoncé à l’Olympia le 17 février 2012 ou Sophie Marceau au Théâtre du Rond-point dans « Histoire d’âme » d’Ingmar Bergman (sur un air de plagiat).

• Si vous n’avez pas été à la FIAC, vous avez économisé 32 €. Il est pour le moins curieux en cette période de crise et de baisse du pouvoir d’achat de réclamer un droit d’entrée exorbitant pour un salon, même sous les voûtes verrières du Grand Palais.