15 septembre 2010 : il y a deux ans jour pour jour Lehman Brothers s’effondrait. La banque d’affaires cristallisait alors toutes les critiques ; sa faillite devenant le symbole de la crise économique, sanctionnant un capitalisme incontrôlé.

Par un effet domino, le secteur financier américain, puis mondial, vivait ses pires moments depuis la crise de 1929. Les États volaient au secours des banques, des sociétés d’assurance (les États-Unis accordant un prêt de 85 milliards de dollars à AIG par exemple) ou encore des entreprises du secteur automobile, afin de juguler les effets destructeurs de cette crise financière sans précédent depuis la guerre et que personne ou presque n’avait prédit.
Plus rien ne serait comme avant, nous avait-t-on juré.

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2009 : près d’un quart des LBO rencontraient des difficultés en France, selon une enquête conduite par Opinion Way, mandaté par l’AFIC. Néanmoins, dès la fin de l’année dernière des « méga-LBO » internationaux étaient d’ores et déjà annoncés, les sommes concernées dépassaient le milliard de dollars : 5,2 milliards pour le LBO de IMS Health ou 2,7 milliards pour celui de Busch Entertainment.
Un LBO de 15 milliards de dollars était un temps envisagé sur Fidelity NIS. Les négociations à propos de cette transaction ont depuis échoué, mais les montants évoqués laissaient penser que les acteurs du marché faisaient preuve d’un certain optimisme retrouvé.

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Au 1er juillet 2010, les opérations de LBO ont doublé par rapport à 2009 au niveau mondial (70 milliards de dollars) [1]. En France, la reprise s’est manifestée avec les transactions sur Spotless, Sebia, Pasteur Cerba, Vedici ou encore Go Voyages. Ces opérations relevaient du midmarket, mais après tant de mois vierges, elles illustraient la tendance d’un retour à la croissance. D’autant qu’au cours de l’été 2010, en France, deux transactions de taille ont encore été bouclées. La première portait sur Picard Surgelés et la seconde sur Histoire d’Or, pour des montants autour du milliard d’euros. Ces opérations entrant dans leur processus de syndication, elles révéleront la volonté des banques à partager l’optimisme des investisseurs.

Le rebondissement de l’activité ne marquerait-il pas un retour à un certain esprit d’avant-crise ? Si tel est le cas, peut-on craindre de nouveaux excès ? Les leçons de ces deux dernières années ont-elles été retenues par les acteurs des marchés financiers ?

Si pour certains, la concurrence à laquelle se livrent aujourd’hui les fonds d’investissement peut rappeler la bulle spéculative de l’avant-crise [2], à tout le moins, les banquiers font preuve de vigilance voire même de prudence [3]. Ils n’acceptent de financer que les projets jugés solides leur permettant de bénéficier d’un confort significatif quant à la capacité de remboursement de leurs concours.

En pratique, cette prise de conscience des banques se traduit par des marges élevées qui réduisent d’autant les retours sur investissement (TRI) des fonds de private equity.

Parions que les gestionnaires des fonds d’investissement, dans le cadre de la structuration des opérations de LBO, vont dorénavant porter une attention accrue au choix des dirigeants et à l’élaboration des management packages.

Il est donc possible que les acteurs du marché du LBO ne retombent pas (tout de suite…) dans les excès de la période précédente et que le marché reprennent des couleurs tout en gagnant en maturité. Il semble que se dessine aussi une reprise des introductions en bourse.

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[1] La Tribune, 1 juillet 2010

[2] Walter Butler, dans Les Echos du 10 septembre 2010

[3] Michel Paris, directeur général de PAI Partners, dans Les Echos du 10 septembre 2010