Les promesses du titre sont tenues et le décompte sinistre des victimes s’effectue inexorablement au fil des pages. Histoire banale de tueur en série donc, avec cette particularité cependant que la dernière cible, la septième, a été désignée dès avant le premier meurtre : il s’agit d’Anastassia Karmenskaïa, l’héroïne favorite de notre auteure depuis ses débuts en littérature alors qu’elle était encore en poste comme officier de la police de Moscou et qui exerce la même fonction qu’elle.

Situation que les écrivains aiment bien infliger à leur personnage récurrent : un moment de faiblesse de ce dernier. Ici la célèbre enquêteuse est saisie de terreur devant la menace qui lui a été annoncée, terreur qui s’étend à son entourage, puis gagne le lecteur tant les multiples et différentes actions sont porteuses de funestes présages.

Les séquences abordent tour à tour les points de vue des différents protagonistes, offrant un riche kaléidoscope de psychologies, de gestes et de conduites, y compris ceux du criminel dont le portrait s’affine progressivement en réservant bien entendu son identification pour la toute fin.

Rien de bien nouveau sous le soleil du polar, fût-il de Moscou et écrit d’une plume doublement professionnelle. Et c’est pourtant son origine qui en fait tout le prix, bien plus que sa trame et sa soumission aux canons du genre. En abordant l’œuvre abondante d ‘Alexandra Marinina par son dernier opus traduit en français, le lecteur est séduit principalement par une multitude de faits vrais, de détails pittoresques voire exotiques qui lui font découvrir un état des lieux concernant la capitale de la Russie d’aujourd’hui et le quotidien de ses habitants, essentiellement de la classe moyenne mais aussi, sans complaisance ni misérabilisme, des exclus, si nombreux dans cette mégalopole en pleine mutation.

Une auteure qui n’est plus à découvrir, mais qu’on peut avoir envie de suivre.

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[1] Née en 1957, l’auteur est lieutenant-colonel de la police de Moscou, retraitée depuis 1998. Son œuvre comporte à ce jour plus de trente volumes, traduits en vingt langues, la bonne moitié en français.