Dans son récent discours sur l’état de l’Union, le Président Obama a déclaré « Après des années de discussions, nous sommes enfin prêts à contrôler notre avenir énergétique ». Le Président faisait, entre autres, référence au « fracking » (ou fracturation hydraulique) – processus par lequel un fluide sous pression (un mélange d’eau, de sable et de produits chimiques) est injecté dans le sol ce qui fracture les couches de la roche de schiste pour en extraire le pétrole et le gaz naturel.

La fracturation n’a rien de nouveau – la première utilisation expérimentale de la fracturation hydraulique a eu lieu en 1947 et les premières applications commercialisées avec succès en 1949. Mais ce n’est que récemment qu’elle est devenue une source d’énergie alternative économiquement viable à grande échelle. Les techniques d’extraction se sont (r)affinées, tandis que la soif d’un monde en perpétuel développement réclame davantage des sources d’énergie plus traditionnelles.

Les implications sont considérables. D’un minimum de 5 millions de barils par jour en 2008, la production américaine a atteint 7 millions de bpj. La dernière fois que la production de pétrole américaine a atteint un tel niveau, c’était en 1992 – il y a 20 ans. De plus, les importations américaines de pétrole ont chuté à leur plus bas niveau depuis 1999 (en dessous de 10 millions de bpj aujourd’hui, contre 14 millions de bpj en 2005). Certains pensent que les États-Unis pourraient acquérir leur entière indépendance énergétique (voire même être un exportateur net d’énergie) si ce n’est d’ici la fin de cette décennie, alors de la prochaine.

Cela ne signifie pas que la fracturation ne possède pas ses critiques (plus encore ici en France, où elle a été interdite) et ses sceptiques (voir, par exemple, les questions posées par certains acteurs du marché sur la viabilité économique de la formation Monterey en Californie).

Mais si la fracturation devait se montrer à la hauteur des attentes, elle a le potentiel d’être une influence bouleversante.

Le secteur de l’énergie a toujours été et reste peut-être le secteur le plus influent dans la conduite de la géopolitique. La sécurité énergétique a été au premier plan de la politique étrangère américaine depuis de nombreuses décennies, de même l’indépendance énergétique est le Saint Graal de toutes les politiques.
Il se peut que la Maison Blanche voit dans la perspective de l’indépendance énergétique, un moyen de redéployer une partie de son influence de ces régions d’où l’énergie a traditionnellement été tirée et de « pivoter » vers l’Asie-Pacifique (à supposer bien sûr, que si la politique énergétique est « la poule », la politique étrangère en soit « l’œuf »).

Cette rationalisation de la politique étrangère a ses propres impératifs économiques. La crise économique actuelle a mis en évidence le caractère durable des dettes publiques. Cela en a convaincu beaucoup que policer la planète est tout simplement trop cher pour une seule nation, si formidable soit-elle.
Nulle part la question de l’équilibre budgétaire n’a été débattue avec plus de ferveur qu’en Europe. Mais mise à part la transition de l’austérité à la croissance (et les très réelles difficultés auxquelles est toujours confronté le citoyen lambda), l’un des héritages durables de la crise semble devoir être le « plus d’Europe » d’Angela Merkel.

Bien sûr les États-Unis conserveront probablement leur considérable influence en Afrique du Nord et au Moyen-Orient pour quelques temps encore (notamment en aidant à façonner des solutions aux défis actuels et à venir auxquels ils sont chacun confrontés). Mais, en pivotant à l’ouest, ce Président sera peut-être plus disposé à accepter la consolidation européenne et à encourager l’Europe à assumer un plus grand partage de responsabilité dans son « propre jardin » – pour combler un vide partiel créé par la fracturation.

Squire Sanders a une pratique de premier plan dans le secteur de l’énergie et des ressources naturelles. Plus d’informations sur notre site : www.squiresanders.com/energy