D’aucun pourrait trouver les rebondissements des primaires aux élections américaines plus intéressantes que les voyages accompagnés et médiatisés de nos élus nationaux en Egypte ou chez le Pape. Hillary Clinton remporte le New Hampshire et le Nevada après la victoire étonnante et imprévue de Barak Obama au caucus de l’Iowa. On en redemande ce mardi !

Mais qu’est ce que c’est ce que ce truc de « caucus » ? Non ce n’est pas comme on pourrait le penser une caractéristique des mâles de l’Iowa ou un cactus. On sait qu’aux Etats-Unis les candidats à la présidentielle sont élus au cours des primaires. Des délégués dans chaque Etat sont appelés à voter pour leur candidat lors de la convention nationale démocrate ou républicaine qui aura lieu en août.

Chaque Etat choisit son mode de scrutin pour les primaires, primaires ouvertes, primaires fermées (seules les électeurs ayant déclaré leur affiliation au parti concerné lors de leur inscription sont invités à voter) et caucus .

L’Iowa ouvre le ban depuis 1972. Le choix de l’Iowa et du New Hampshire pour débuter les primaires est critiqué tous les ans car ces Etats ne seraient pas représentatifs des Etats-Unis dans leur ensemble tandis que leur influence sur les élections des autres Etats semblerait déterminante. Il semble cependant inévitable de choisir un Etat pour débuter les primaires qui ne soit pas plus représentatif qu’un autre.

Les primaires et caucus ont pour but d’élire des délégués qui vont ensuite voter aux conventions pour le candidat destiné à concourir à l’élection présidentielle.

Le caucus à la différence des primaires fait précéder le vote de débats et discussions.

Si ce mode de scrutin est dans les faits assez simple chez les Républicains puisque après discussions, les électeurs inscrivent le nom du candidat de leur choix sur une feuille de papier, elle est beaucoup plus complexe chez les Démocrates, où il n’y a ni bulletin de vote, ni même vote à main levée.

Les électeurs se regroupent par appartenance politiques dans leur circonscription. Au fur et à mesure, des discussions et des groupes se forment en faveur des différents candidats du parti. Les électeurs tentent de se convaincre les uns les autres de voter pour leur candidat.

Chaque candidat doit recueillir l’assentiment d’au moins 15% des présents pour rester en lice dans la circonscription. Si dans un délai de 30 minutes, le groupe du candidat représentant moins de 15% des présents n’a pas convaincu suffisamment d’électeurs pour atteindre cette limite, il est dissout.
On dirait un jeu, mais l’issue est très sérieuse. Le décompte de chaque groupe à l’issue du caucus détermine le nombre de délégués de la circonscription qui eux même vont élire les délégués du comté, qui choisiront à leur tour les délégués au niveau de l’Etat. Ces derniers désigneront les délégués qui représenteront l’Etat à la Convention du parti.

Pour participer au caucus, il faut être inscrit sur les listes du comté et de la circonscription de son domicile et membre de l’un des partis politiques. Seuls les démocrates peuvent participer aux caucus démocrates et inversement.

En Iowa la loi vient de changer et permet désormais de changer d’affiliation à un parti jusqu’au soir des caucus. Une résidente de l’Iowa, Mrs. Kathie Flanders, explique que sur les 700 votants de sa circonscription, 100 d’entre eux n’avaient encore jamais participé au caucus de cette circonscription ce qui signifie soit qu’ils étaient de nouveaux votants, soit qu’ils venaient de changer d’affiliation. Il semblerait que certains électeurs changent d’affiliation uniquement dans le but de perturber le vote dans le camp opposé.

Si dans les journaux français le caractère démocratique des caucus est mis en doute au motif qu’il ne permettrait pas à tous les électeurs potentiels de voter (les réunions durent seulement entre une heure et demi et deux heures) et que les bulletins ne seraient pas secrets, Mrs. Kathy Flanders considère que le caucus est plus démocratique qu’une procédure de vote normale dans la mesure où le vote intervient après un vrai débat.

Il est à noter également que les caucus ne s’arrêtent pas au vote des délégués à la convention. Après avoir choisi leur candidat, les groupes s’entendent sur une « platform » c’est à dire un ensemble de questions qu’ils souhaiteraient que leur candidat soutienne.

Chaque Etat crée sa « platform » issue des différentes propositions lors de la Convention et le candidat vainqueur est supposé représenter les « platforms » des Etats.

Les Etats-Unis sont parvenus à introduire une pincée de démocratie directe dans leur système électoral, sous une forme quelque peu ubuesque, sans doute critiquable, mais dont le mérite est de susciter chez l’électeur le sentiment d’être impliqué personnellement dans l’élection présidentielle.