« AYRAULT SUR LE BAUDET ! »

Après les beaux discours ‘génécreux’ de la campagne électorale et un court été de grâce (été 14 ou été 39 ?) l’atterrissage de F. Hollande et J M Ayrault sur l’aéroport Notre Drame des landes et le tarmac de la réalité est brutal. Consolation, à droite, les Horace et les Coriaces s’entretuent. «Tout m’afflige et me nuit et conspire à me nuire » (Racine, Phèdre).

Embrouilles politiciennes: : A l’approche des fêtes de Noël, au théâtre des Deux-Ânes, ne ratez pas « Un trône pour 2 », notre ‘coup de cœur’ du Moi. Ce formidable spectacle des joyeux Cocoe girls and boys de la troupe UMP est un cocktail détonnant, 99 % Iznogoud revisité par Labiche – 1% « La Thébaïde » sauce Livide Théâtre, avec ‘DuponC et ‘DuponF’ dans les rôles de Polynice et Etéocle. Salle et urnes combles, bis, nocturnes, prolongation(s), un triomphe, et c’est pour toute la famille ! A Bordeaux N Sarko(nie)lavski, l’ancien metteur en scène, aujourd’hui intermittent du spectacle, doit s’expliquer devant un juge pour des problèmes de billetterie. Plus ça change moins Savary. Au théâtre des Bouffes du Nord, M. Aubry est mise en examen de conscience dans le dossier de l’amiante, avec un nouveau Larzac pour le gouvernement englué dans le béton et pris en otage à Châteaubriant. Les verts voient rouge, les rouges sont verts, les roses sont déjà fanées. D’autant plus cruel qu’outre-Atlantique, ‘Magic O’ triomphe des ouragans et des méchants républicains. « Indigne de vous plaire et de vous approcher, Je ne dois désormais songer qu’a me cacher » (Racine, Phèdre). Embrouilles institutionnelles: pour mettre fin aux baronnies, cumuls et conflits d’intérêts, deux classiques d’automne en début de mandat : L. Jospin accouche d’un énième rapport sur la « rénovation et la déontologie de la vie publique ». La chancellerie prépare une énième réforme des tribunaux de commerce sur fond de ‘spécialisation’ et d’’échevinage’ pour les dossiers de procédures collectives. ‘Business as usual’… « Ainsi que la vertu, le crime a ses degrés » (Racine, Phèdre). Embrouilles économiques: le rapport Gallois remet les pendules du congrès d’Epinay (à moins que ce ne soit celui de Tours) à l’heure universelle. A la recherche de la martingale d’une compétitivité choc, avant l’électrochoc du rachat de l’Hexagone par un fonds qatari, le gouvernement tente le « choc de compétitivité ». Contre le chômage, une trouvaille géniale, les « contrats d’avenir ». Rien à voir avec les « contrats d’insertion professionnelle » (Balladur 1994, abrogés), les « emplois jeunes » (Jospin 1997, abrogés), les « contrats première embauche ou CPE» (Villepin 2006, abrogés), les emplois tremplin (au niveau régional, 2008). En 2013 nous aurons le « contrat 1er trampoline » avant le « coup de pouce 2ème trottinette ». On ne change pas les équipes qui gagnent… petit. Petits boulots, petit braquet, petites idées. Ou comment soigner un cancer avec des pastilles Valda, et masquer l’impuissance à créer des vrais emplois avec de la vraie croissance ! « On ne peut vaincre sa destinée » (Racine, Phèdre).

Le ‘New deal’ made in France tourne donc au ‘new bide’. Pour éviter la sortie de route, le gouvernement change de pneus au premier virage. Avec un crédit d’impôt massif de vingt milliards d’euros pour relancer la compétitivité des entreprises, financé notamment par une hausse de la TVA et une réduction des dépenses publiques, le temps des cerises est terminé; il reste à digérer les noyaux et les queues. Le roi, ses archontes, mais aussi Marianne sont nus. Acte V scène 1 ? Dans la tragédie classique, au Vème acte, l’action se dénoue entraînant la mort d’un ou de plusieurs personnages, c’est l’exodos (η εξοδος), le chœur, les contribuables et G. Depardieu quittent le théâtre. « Si je la haïssais, je ne la fuirais pas » (Racine, Phèdre).
LES COUACS, LES PACTES ET LES PACS

Triste constat d’un pays sclérosé, sans envie, ignorant et reniant son histoire, perdant confiance dans son génie, incapable de se projeter, sans autres rêves que les réminiscences d’un nonagénaire sur le CNR, ou les billevesées du ‘comic bureau’ d’Attac et de la fondation Copernic. Ces rentiers de la révolte tournent en rond sans trouver de soleil.

Pour le PS c’est ‘Dien Bien Phu’ cinq mois après ‘Austerlitz’. Il a beau prendre son Désir pour des réalités, il va falloir aller à Canossa en passant par Bad Godesberg avec plus de 50 ans de retard. Le problème c’est qu’on ne sort de l’ambiguïté qu’à son détriment (Cardinal de Retz). Notre intelligentsia éclairée a toujours deux trains de retard ; communiste quand il faut être socialiste, socialiste quand il faut être social-démocrate, elle découvre la social-démocratie à son crépuscule. A droite, d’autres aveuglements; la fibre libérale honteuse, on louvoie de Colbert aux plans quinquennaux, à la recherche de l’arche perdue, le ‘modèle’ à la française (3ème voie dans la 5ème dimension), on n’aime les entrepreneurs qu’énarques, polytechniciens ou pantouflards, VGE faisant figure de grand père idéal.

Pour la nation désemparée, désabusée, il reste les explications vaseuses des gourous du marketing politique et du story telling; nouvelles solidarités label ‘Jeanne d’Arc’, pacte tricolore et d’avenir ‘Jean Moulin’, cogestion appellation contrôlée ‘Jean Jaurès’, PME française qualité ‘Jacques Cœur’. Des incantations, les vieilles ficelles, la marque ‘France’, le patriotisme économique, la chaussette alsacienne, et la marinière de Super Dupont. Un peu d’huile de palme dans les rouages, du Nutella gratuit dans les maternelles et pour réduire la facture énergétique, les usines à gaz de schiste (M. Rocard), de « shit » (V. Peillon) et surtout de « pschyssstttt », celui d’un Président plus banal que normal. Le changement n’est pas pour maintenant. Au-delà de l’intendance, le vrai changement ne pourra intervenir qu’à long terme avec des interrogations et remises en cause morales, éthiques, philosophiques, par exemple sur les fondements fantasmagoriques et mortifères de nos sociétés post-modernes; croyance scientiste dans le progrès, productivisme, l’hyperconsommation et ses simulacres, sur fond de relativisme, d’aliénation, de déclin culturels tous azimuts et de disparition accélérée des repères. Trop tard dans un monde trop vieux ? « L’esprit du doute, suspendu sur ma tête, venait de me verser dans les veines une goutte de poison ; la vapeur m’en montait au cerveau, et je chancelais à demi dans une ivresse malfaisante » (Musset). Reste les confessions des enfants du sexe…

« MAUVAIS GENRE ? »

Le projet de loi ouvrant le mariage et l’adoption aux couples de même sexe modifie une dizaine d’articles du code civil. Après l’étape du Conseil des ministres, le projet sera débattu au Parlement début 2013. Un nouvel article 143 dispose que « le mariage est contracté par deux personnes de sexe différent ou de même sexe ». Et les asexués ? Pourquoi seulement deux ? Quid de la parthénogenèse ? On a oublié le mariage de Narcisse avec lui-même ! O. Wilde, que l’on ne peut soupçonner de parti pris, observait que le mariage est la principale cause de divorce. Des ‘maires’ de famille tiquent à l’idée de célébrer un mariage homosexuel et F Hollande fait du rétropédalage. Pas d’inquiétude, J. Pelissard, président de l’Association des ‘mères’ de France, pense qu’il existe des « voies étroites » permettant que des personnes de même sexe puissent se marier sans que le maire directement concerné soit celui qui célèbre ce type d’union. «Mono, homo, recomposé, hermaphrodite, hydrocéphales…la Famille n’est pas morte, elle est en pleine transmutation nucléaire» (M. Vilrouge).

Selon la Garde des Sceaux cette loi « n’éteint pas le débat sur la procréation médicalement assistée, sur le statut du tiers, sur l’accès aux origines, sur une parentalité plus élargie ». La présomption de paternité dans le mariage et la reconnaissance de l’enfant en mairie hors mariage ne sont pas pour l’instant étendues aux homosexuels. S’agissant du débat juridique, on lira avec intérêt dans la ‘Gazette du Palais’ des 3-4 octobre dernier un point de vue intéressant ; « Le sexe, le mariage, la filiation et les principes supérieurs du droit français », exprimé par une mystérieuse Lucie Candide (un pseudonyme, on n’est jamais trop prudent…).

La Chancellerie qui n’a pas peur des équations à plusieurs inconnu(e)s et qui défend une égalité quelque peu chimérique, n’est pas à une fiction près. Les ‘psy’ se déchirent sur les risques et les enjeux biologiques, sociologiques et anthropologiques de la réforme ; « Touche pas à ma famille » v/ « Je suis un mini état capable de m’auto-fonder ». Ils vont avoir du père sur la planche. 115 ans après les « Nourritures terrestres», « Familles, je vous ai ! ».

Composition de droit civil pour le CAPA 2013. « André G est homosexuel. Il aime Marc A, fils de son précepteur, mais à la mort de Juliette (une mère castratrice), André finit par épouser Madeleine. Le mariage n’est pas consommé. 25 ans plus tard, en mal de paternité, André a une fille adultérine, Catherine, avec Elisabeth van R. Pour ne pas peiner son épouse, André envisage de ne légitimer sa fille qu’après le décès de Madeleine. (1)Vous étudierez successivement sous l’empire de l’ancienne et de la nouvelle législation les options ouvertes à André s’agissant de la filiation de Catherine, sans oublier les avantages de la PMA, ainsi que les incidences successorales et fiscales. (2) Quid si d’aventure Catherine venait à épouser Marc ? (3) La question morale pourra être évoquée brièvement dans l’introduction ». « Le mariage est une vaste et double aventure dont bien peu ont sondé les profondeurs» (WC Fields).

La famille, démembrée, traditionnelle, multi parentale ou recomposée, c’est rarement simple. Ganymède, prince troyen, réputé être le plus beau des mortels, est enlevé par Zeus transformé en aigle, qui est en fait son amant et l’échanson des dieux. Héra, épouse jalouse, veut faire renvoyer le playboy, mais Zeus préfère l’élever au ciel sous la forme de la constellation du Verseau. La vie de Sappho est mal connue mais on s’accorde à créditer la poétesse et courtisane d’une sexualité riche et épanouie. Phèdre est amoureuse de son beau-fils Hyppolite. Œdipe, fils de Laïos et de Jocaste, se rend involontairement coupable de parricide et d’inceste. Répudiée par Jason, Médée tue sa rivale Créuse, avant d’occire ses enfants Merméros et Phérès. Il y a plus salé. Dans les « Métamorphoses », Ovide conte la légende de Philomène et Procné, filles du roi athénien Pandion. Philomèle a été violée par son beau-frère Térée, roi de Thrace. Pour s’assurer du silence de sa victime, Térée lui a tranché la langue. Profitant de la célébration des mystères de Dionysos, Procné introduit sa sœur dans le palais et tue Itys, son jeune fils. Les deux femmes découpent l’enfant, le cuisent, et le font servir à Térée. Lorsque ce dernier réclame son fils, Procné lui répond « Ton fils est avec toi » pendant que Philomèle jette la tête de l’enfant sur la table. Térée, veut poursuivre les deux sœurs mais elles se métamorphosent en rossignol et en hirondelle. Térée est changé en huppe et les dieux qui ont pitié d’Itys, le transforment en chardonneret. « L’esprit de famille a rendu l’homme (et la femme) carnivore » (F Picabia).

Mais la Grèce n’a pas le monopole des amours compliquées. Dans un arrêt du 16 octobre dernier la Cour d’appel de Rennes a tranché un problème de changement de sexe et d’état civil. La Cour a accepté la modification d’identité sexuelle sur l’état civil de Chloé, née Wilfrid, une transsexuelle mariée à une femme et ‘père’ de trois enfants. L’arrêt ordonne « qu’il soit fait mention de cette décision en marge dudit acte de naissance", mais aucune mention ne sera faite en marge de l’acte de mariage. Amants, heureux amants…« Deux pigeons s’aimaient d’amour tendre / L’un d’eux s’ennuyant au logis / Fut assez fou pour entreprendre / un voyage en pays lointain… » (La Fontaine). Rachida Dati recherche le père de sa fille. Espérons qu’elle épargnera Zohra. On dit que D. Desseigne est frugal. «Une femme d’ordinaire est pleine de crainte, lâche au combat et à la vue du fer ; mais quand on attente aux droits de sa couche, il n’y a pas d’âme plus altérée de sang » (Euripide, « Médée »). On dit que D. Desseigne est frugal. A Allais avait remarqué que les cocus épousent souvent des femmes adultères, mais c’est peut-être l’inverse. Je te plumerai la tête, je te plumerai la tête, et la tête alouette…

LES PIGEONS, LES RADIS ET LES « ARVERNES »

Extrait de « Les pigeons doivent faire de la politique » par Les Arvernes [Encore un pseudonyme…], collectif de hauts fonctionnaires de Bercy, Le Monde.fr 5 octobre 2012 :

« Nous, hauts fonctionnaires de Bercy, ne lassons pas de nous étonner de cette brusque éruption de mécontentement de la part de ces entrepreneurs qui se font appeler les "pigeons". Comme s’ils se découvraient, dans l’équilibre byzantin des intérêts à partir desquels naissent les politiques publiques, la dernière roue du carrosse. Nous leur livrons ici un secret de Polichinelle : la conception de la politique économique en France, depuis trente ans, se fait sans aucune véritable considération de ce qu’ils sont, de leurs difficultés, ni même de ce qu’ils apportent au pays […/…]. Comment pourrait-il en être autrement dans un pays où, hier comme aujourd’hui, ni le président de la République, ni ses ministres, ni leurs collaborateurs proches n’ont jamais, ou alors extrêmement marginalement, travaillé dans le secteur privé ? Où les rares exemples de personnalités venues du privé en politique, non seulement n’y apportent pas le regard critique qu’on pourrait souhaiter, mais au contraire adoptent sans coup férir les pires travers du monde politique, qui n’en manque pas ? Que ne ferait-on pour conserver un maroquin ou s’asseoir à la table du conseil des ministres ? […/…]. Comment pourrait-il en être autrement dans un pays où l’enseignement de l’économie évite avec un talent rare d’expliciter ce qu’est une entreprise pour exclusivement se concentrer sur des grandeurs macroéconomiques abstraites ? La sortie de Vincent Peillon sur la sensibilisation à l’entreprise dès la classe de 6ème n’en est que plus comique.

A la vérité, la colère de ces "pigeons" nous ferait presque sourire si nous-mêmes, archaïques hauts fonctionnaires sur lesquels la classe politique ne manquera pas de se défausser, n’avions aussi hautement conscience qu’il est vital, si notre pays veut s’en sortir, que la voix de l’entreprise soit enfin entendue. Mais qui défendra nos malheureux "pigeons", et plus largement ceux et celles des Français qui travaillent et produisent, une fois que l’ampleur de l’ajustement que doit réaliser la France sera révélée ? […/…]. Les entrepreneurs doivent s’investir en politique et être enfin représentés au Parlement. Les hauts fonctionnaires devraient, obligatoirement, effectuer une étape de leur carrière dans les entreprises. Enfin, ils doivent exister dans le débat public, et ne plus se contenter d’une représentation patronale archaïque. […/…] L’entreprise et l’économie sont choses trop fragiles et importantes pour demeurer encore longtemps entre les mains de cette classe politique qui les méprise et, disons-le, les exploite » ).

En version courte: «On est gouverné par des lascars qui fixent le prix de la betterave et qui ne sauraient pas faire pousser des radis » (Gabin, Verneuil, « Le Président », 1961).

« FRANÇAIS SI VOUS SAVIEZ…. »

Quels antidotes contre les discours lâches et faussement consensuels des tartuffes démagogues sensés nous représenter ? Quels antidotes contre les poisons de la crétinisation accélérée par le numérique ‘mainstream’, les jeux vidéo pour psychopathes, les rires et sarcasmes pavloviens des pipoles cocaïnomanes (ou woman) du PAF ? « La pire des décadence n’est point celle qui nait d’un excès de raffinement dans une élite, mais de vulgarité et méchanceté générales » (R Martin du Gard). Il nous reste la lecture, la pensée, les fables, la droiture et la saine colère des justes, des vrais révoltés, et …l’amour. Nous sommes faibles, tâchons de rester lucides. L’histoire se répète, la bêtise est têtue, le courage difficile.

« La France appartenait encore à la famille, mais on n’en parlait plus qu’a voix basse. On avait pour elle cette gentillesse méprisante que mérite une vielle personne dont on a trop longtemps attendu l’héritage. On a compté sou par sou ce qu’elle pouvait laisser, l’honneur comme le reste. Un jour, on apprend qu’elle a tout dilapidé et qu’il ne manque rien à sa ruine- même pas la honte. En ce temps- là, il n’y avait pas d’espoir. Nous avions tout perdu dans une bataille. Le déshonneur comme un grand mot maladroit, nous annonçait dans la vie […/…] On pouvait le voir, sans le reconnaître aussitôt pour ce qu’il était : un colonel des cuirassiers, blessé à Waterloo et qui s’appuyait sur deux cannes. Il était vêtu avec un mélange d’austérité et de négligence, digne d’un officier en demi-solde ou d’un Seigneur espagnol en exil. Car nous venons au titre de cette histoire : un Grand d’Espagne » (R Nimier à propos de G Bernanos, « Le grand d’Espagne », 1950). Bel hommage d’un hussard surdoué, mort en pleine gloire il y a 50 ans, à un cuirassier sans peur et sans reproche. Quand on lui demandait quel est le symptôme le plus général d’une anémie spirituelle, Bernanos répondait: « l’indifférence à la vérité et au mensonge » (« La liberté pour quoi faire ? » 1953). « Un jour peut-être, nous abattrons la cloison de notre prison ; nous parlerons à des gens qui nous répondrons ; le malentendu se dissipera entre les vivants ; les morts n’auront plus de secret pour nous. Un jour nous prendront des trains qui partent » (A. Blondin « L’humeur vagabonde »).

« LES DEUX PIGEONS »

Le mariage et la famille: florilège

« Le mariage des esprits est plus grand que celui des corps » (D Erasme); « Un bon mariage serait celui d’une femme aveugle avec un homme sourd » (Montaigne ); « Les liens du mariage n’empêchent pas les vies décousues » (A Willemetz); « Le mariage est soit une corne d’abondance, soit une abondance de cornes » (F Dard); « Le mariage est une condamnation de draps communs » (A Breffort); « Le chef de famille c’est celui qui tient la télécommande » (J J Thibaud); « J’aime ma famille ; je donnerais mes 6 enfants pour qu’on me débarrasse de ma femme » (H Koster); «Le mariage c’est tout un sacerdoce » (G. Langevin); « Non seulement Jésus Christ était le fils de Dieu, mais encore il était d’excellente famille du côté de sa mère » (Mgr de Quélen).

La Fontaine

« Deux Pigeons s’aimaient d’amour tendre / L’un d’eux s’ennuyant au logis / Fut assez fou pour entreprendre / Un voyage en lointain pays / L’autre lui dit : Qu’allez-vous faire ? / Voulez-vous quitter votre frère ? / L’absence est le plus grand des maux /Non pas pour vous, cruel Au moins que les travaux / Les dangers, les soins du voyage / Changent un peu votre courage /Encore si la saison s’avançait davantage ! /Attendez les zéphyrs : qui vous presse? Un Corbeau /Tout à l’heure annonçait malheur à quelque Oiseau. /Je ne songerai plus que rencontre funeste /Que Faucons, que réseaux. Hélas, dirai-je, il pleut / Mon frère a-t-il tout ce qu’il veut / Bon soupé, bon gîte, et le reste ? / Ce discours ébranla le coeur / De notre imprudent voyageur /Mais le désir de voir et l’humeur inquiète /L’emportèrent enfin. Il dit : Ne pleurez point : /Trois jours au plus rendront mon âme satisfaite /Je reviendrai dans peu conter de point en point / Mes aventures à mon frère /Je le désennuierai: quiconque ne voit guère /N’a guère à dire aussi. Mon voyage dépeint / Vous sera d’un plaisir extrême /Je dirai : J’étais là ; telle chose m’avint / Vous y croirez être vous-même /A ces mots en pleurant ils se dirent adieu /Le voyageur s’éloigne; et voilà qu’un nuage /L’oblige de chercher retraite en quelque lieu /Un seul arbre s’offrit, tel encor que l’orage /Maltraita le Pigeon en dépit du feuillage /L’air devenu serein, il part tout morfondu /Sèche du mieux qu’il peut son corps chargé de pluie /Dans un champ à l’écart voit du blé répandu /Voit un Pigeon auprès: cela lui donne envie /Il y vole, il est pris: ce blé couvrait d’un las / Les menteurs et traîtres appas /Le las était usé: si bien que de son aile /De ses pieds, de son bec, l’oiseau le rompt enfin /Quelque plume y périt: et le pis du destin /Fut qu’un certain vautour à la serre cruelle, /Vit notre malheureux qui, traînant la ficelle /Et les morceaux du las qui l’avaient attrapé / Semblait un forçat échappé /Le Vautour s’en allait le lier, quand des nues /Fond à son tour un aigle aux ailes étendues /Le Pigeon profita du conflit des voleurs /S’envola, s’abattit auprès d’une masure / Crut, pour ce coup, que ses malheurs / Finiraient par cette aventure /Mais un fripon d’enfant, cet âge est sans pitié /Prit sa fronde, et, du coup, tua plus d’à moitié / La Volatile malheureuse / Qui, maudissant sa curiosité / Traînant l’aile et tirant le pié / Demi-morte et demi-boiteuse / Droit au logis s’en retourna / Que bien, que mal elle arriva / Sans autre aventure fâcheuse /Voilà nos gens rejoints; et je laisse à juger /De combien de plaisirs ils payèrent leurs peines / Amants, heureux amants, voulez-vous voyager? / Que ce soit aux rives prochaines /Soyez-vous l’un à l’autre un monde toujours beau / Toujours divers, toujours nouveau /Tenez-vous lieu de tout, comptez pour rien le reste /J’ai quelquefois aimé: je n’aurais pas alors / Contre le Louvre et ses trésors /Contre le firmament et sa voûte céleste / Changé les bois, changé les lieux /Honorés par les pas, éclairés par les yeux / De l’aimable et jeune bergère / Pour qui, sous le fils de Cythère /Je servis, engagé par mes premiers serments/ Hélas! Quand reviendront de semblables moments? /Faut-il que tant d’objets si doux et si charmants /Me laissent vivre au gré de mon âme inquiète? /Ah! si mon cœur osait encor se renflammer! /Ne sentirai-je plus de charme qui m’arrête? / Ai-je passé le temps d’aimer? » (La Fontaine, « Fables » IX).